SWIFT
Publié le 18/05/2020
Extrait du document
«
SWIFT
1667-1745
V 01c1 l'un des plus grands écrivains de tous les temps, et peut-être le plus malheureux.
Sa vie
ne fut qu'une longue colère.
Son orgueil blessé le poussait à l'arrogance et à la brutalité.
Swift
était Irlandais, donc rebelle, et il avait été au service des Grands, donc révolté.
Ses premiers patrons
lui avaient fait
donner de petites prébendes ecclésiastiques.
Vers 1701, à trente-quatre ans, il
décida d'abandonner la théologie pour la politique.
Plus exactement, ce Docteur en Divinité
tourna théologie et politique en la plus sauvage satire.
1702-1714.
C'est le temps de la Reine Anne, souveraine insulaire, étroitement anglicane,
farouchement tory,
tout occupée de ses amours féminines.
Sous l'influence de Swift, de Daniel
Defoe,
d' Addison et de Steele, les controverses deviennent alors aussi violentes que brillantes.
Swift, ami des tories et de la haute Eglise, écrivit en leur faveur le Conte du Tonneau, obus de papier
chargé de prose explosive, puis, en 1 708, l'ironique Discours pour prouver que, dans l'état présent des
choses, l'abolition du christianisme aurait en Angleterre quelques inconvénients.
Il devint un pouvoir dans l'Etat, le pamphlétaire officiel des tories, le familier des ministres.
Il en vint à se regarder comme un être placé au-dessus de tous, sans distinction de naissance, de
sexe ou d'emploi.
« Il vivait, dit Taine, en roi tombé, toujours insultant et blessé, ayant toutes
les misères
de l'orgueil sans aucune de ses consolations.
Son visage et son style demeuraient
impassibles, mais cette froideur
apparente n'était que pour masquer des passions qui allaient
à la folie.
Il savait lui-même que son esprit était « comme un démon conjuré, qui ravagerait tout,
s'il
se refusait à lui donner du travail ».
Les seuls éléments de douceur qui entrèrent dans la composition de Swift lui vinrent de deux
femmes.
Esther
Johnson (Stella), qu'il avait connue, jeune fille, chez Sir William Temple, son
premier
patron, vint plus tard s'installer en Irlande près de lui.
Leurs relations intimes demeurent
un mystère.
L'épousa-t-il secrètement? On ne sait.
Il est probable que Swift, par infirmité phy
sique, était impropre
au mariage, mais il aima « Stella », douloureusement.
Ce qu'on appelle
le
Journal à Stella est fait de soixante-cinq lettres qu'il lui adressa.
Le soir du jour où elle mourut,
en 1728, il écrivit un Portrait de Stella qui est déchirant par la tranquillité désespérée du ton.
Une autre jeune fille, Esther Vanhomrigh, fille d'un riche marchand de Dublin, fort belle
et
que Swift avait surnommée « Vanessa » eut, elle aussi, le malheur d'aimer ce misogyne de
génie, capable
de tendresse mais non d'amour.
Il n'eut ni le courage de la sacrifier à Stella, ni
le pouvoir
de la rendre heureuse.
Lasse à la fin d'attendre et de douter, Vanessa prit le dangereux
parti d'écrire à Stella pour lui demander ce qu'étaient ses relations avec Swift.
Stella, cruellement,
envoya la lettre
à Swift, qui galopa jusque chez Vanessa et la foudroya par la véhémence de ses
194 Eodleian Library, Oxford.
Photo Thomas..
»
↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓
Liens utiles
- Swift, Jonathan - littérature.
- « Il ne s'agit là que d'un récit de fiction, sans importance, une « bagatelle littéraire échappée comme à son insu » à la plume de l'auteur, comme le dit fort bien More. Il ne faut cependant point faire preuve de trop de naïveté face à ces déclarations […]. Sous l'apparente légèreté se cache en fait une critique sociale sans concession, car les sociétés imaginaires mettent bien en valeur les sociétés réellement existantes et se présentent comme de possibles alternatives. » (T. Receveur
- Jonathan Swift
- Amérique du Nord, juin 2005, séries ES et S, LV1: Graham Swift, The Light of Day, 2003.
- Jonathan Swift par André Maurois de l'Académie Française