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Superstitiones anites

Publié le 08/01/2022

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« Superstitiones aniles Des superstitions de vieille femme C'est ainsi que Cicéron décrit les croyances les plus absurdes, aux­ quelles seules croient les âmes simples et superstitieuses (De na~ra deorom, 2, 28, 70) ; mais Cicéron emploie souvent des expressions similaires qui font des vieilles femmes le symbole même de la crédu­ lité (De domo sua, 1 OS ; De divinatione, I, 4, 7 ; 2, 7, 19 ; 2, 1 S, 36 ; 2, 60, 12S ; 2, 68, 141 ; De natura deorum, 1, 34, 94 ; 3, 39, 92 ; Tusculanae disputationes, 1, 21, 48; 1, 39, 93) -vieille femme étant souvent synonyme de bêtise et d'irrationnalité par antonom_ase (selo~ 1 · étymologie populaire, anus dériverait du grec _dvous, > : cf.

Festus [Pauli Excerpta, 5, 2S-21 Lindsay], de la, la fre­ quence de locutions comme la nôt~: lesfabella~ ani!es, > désignent des récits totalement 111at1onnels et peu cre­ dibles (cf.

toujours Cicéron, De natura deorom, 3, S, 12 où il va de soi que la crédulité et l'incrédulité ne sont que les deux faces d'une même médaille) : pour davantage d'occurrences, cf.

A.

Stanley Pease, .\f.

Tu/li Ciceronis De natura deorom, 2, Cambridge, Massachusetts, .

.

, .

1958, 997.

Le premier auteur à attester ce topos fut Platon, qui des1- gnait ainsi l'éthique populaire, par opposition à la vérité ~hilosophique (par exemple, Théétète, 176b), ou des récits mythologiques plus ou moins crédibles (cf.

lysis, 205b; cf.

aussi Hippias Majeur, 28Se-286a) : l'expression est ensuite reprise par les philosophes : cf.

~h~z Sénèque, Ep., 94, 2 où les Anilia praecepla, les prover_bes d~ v1e1lle femme, selon le philosophe stoïcien Ariston, sont des d1gress1ons sans rapport avec nos besoins profonds ; cf.

Julien ( Or., 1.

1) qui compare Héraclius le Cynique aux nourrices qui racontent des histoires.

Mais ce topos fut surtout exploité dans les controverses religieuses et théologiques: outre les passages déjà mentionnés de Cicéron, signalons un commen­ taire de Servius de l 'Enéide (8, 187) et la première épitre de saint Paul à 7imothée (4, 7) où on lit le conseil suivant: Tous 6È Pf P~).ous Kal ypaw6Els µu8ous ,rapaLToû , >.

Des images similaires reviennent souv~nt sous la plume des auteurs pour désigner les accusatio~s des Chrét~ens con~ les païens ou celles des païens contre les Chrétiens (cf.

Tatien, Oratio contra Graecos, 3 ; Novatien, De Trinitate, 10, 50; Clément d'Alexandrie, Protreptique, 6, 67, 1 ; Minucius Felix, Octavius, 11, 2; 13.

5 ; 20, 4; Lactance, Divinae lnstitutiones, S, 1, 14 ; S, 1, 26 ; S, 2, 7 ; 5, 13, 3 ; Irénée, Adversus Haereses, l, 8, 1 ; saint Jérôme, Ep., 121, 1 0 : 128, 1 ; Julien, Or., 8, 2, 161 b ; Prudence, Peristephanon, 6, 40 : 1 o.

250).

Une variante comparant les vieilles femmes aux Juifs (cf.

par exemple Origène, Commentaire sur l'Evangile de Jean, ,.10, 42 ; B~i_le, Adversus Eunomium, 1, 14 [PG 29, 544]) trouve peut-etre son ong1ne dans le pas4-age déjà cité de saint Paul, ou dans une autre de ses épîtres ( I 'Epitre à 7ite, 1, 14 : > ), mais aussi de 1 'expres­ sion ypaw6€ts- µu8oL qui désignait souvent l'interprétation allégorique des Saintes Ecritures, capable de produire toutes sortes d'exégèses plus ou moins irrationnelles et absurdes (cf.

Basile, Hexaemeron, 3, 9 [PG 29, 75]).

La locution fut ensuite appliquée à d'au~s domaines : elle pouvait désigner les> (cf.

Galien, 6, 792 K.

et saint Ambroise Hexaemeron, 4, 8, 33; il est donc justifié qu'Apulée la réutilise pour ~ défendre quand on l'accuse de pratiquer la ~~gie [Apologia, 2S]), mais aussi > ( Lactance, D,v,nae /nstitutiones, l, 17, 2 sq.

; 5, 2, 7 ; saint Augustin, De civital~ l!~i, 4, 30 ; Pseudo-Augustin, Contra phi/osophos, 2, 469), les ► (saint Jérôme, Contra /oannem Hieroso(vmitanum., 14 [Pl 23, ~67~]), les >, qui peuvent encombrer 1nut1le­ ment les œuvres historiques (cf.

Quintilien, 1, 8, 19 ; Prudence, Peristephanon, 9, 17-20; Jourdain de Saxe, De origine actibusque Getarum, S, 38), les> ~cf.

Strabon., 1, 2, 3 ; /Elius Aristide, Or., 36, 96), les > (cf.

Perse 5, 92 ; saint Augustin.

Confessions, S.

17 ; Paulin de Nole: Ep., I, 9 [Pl 61, 158b]; cf.

également Ep., 16.

4 [PL 61, 230b]; Clement d'Alexandrie, le Pédagogue, 3, 4, 28, 3; Historia Augusta, 21, ~, 3), les > (ypawv Ü8).ol ; cf.

plusieurs parémiographes [Zenob.

vulg.

3, S ; Diogen.

3, 79; Greg.

Cypr.

1, I 00 ; Macar.

3, 5 ; Apost.

S, 63 ]), les > (qui sont équivalentes aux aniles nugae de Pie11e Damien, Ep., 32 [~L 1_44, 422c]) ~t enfin les argume~ts de piètre valeur, que ce soit en rhetonque (cf.

Sénèque, De henefic11s, I, 4, 6) ou en théologie (cf.

saint Jérôme, Epistula ad Rufinum, 22).

Mais comme M.

Massaro ( > 49, 1977, 104-13S) l'a mis en évidence, il existe une autre variante plus positive de ce même topos, > pouvant également désigner toutes f 01111~ d'intuitions qui s'avéreront exactes : ce qui est notamment le cas chez Platon (la République, 1, 3S0e ; Gorgias, 527a) et pe1111et d'éclairer la signification exacte d'un ,passaçe des Satires d'Horace (2, 6, 77 sq.) et d'un autre d Apulee (Métamorphoses, 4, 27), ce dernier sens étant à rapproch~r d'expr~s­ sions similaires tels que ypaw6ELS u1ro8~Kal, > (Jamblique, De vila Pythagorica, 32, 227), que les mystiques utilisaient pour cacher aux profanes leurs vérités.

J.

N.

Bremmer (~ donna anziana : /ibertà e indipendenza, in Le donne in Grecia, Ban­ Rome, 198S ..

287 sq.) a notamment indiqué l'origine de de telles expressions, qui venaient tout simplement du fait que dès_ 1 '~tiquité les vieilles femmes étaient connues pour raconter des h1sto1res aux enfants et qu'elles étaient donc perçues comme dangereuses en raison de leur penchant naturel à la superstition.

Notre locution e~t encore vivante dans nos différentes langues européennes et on continue tou­ jours à l'utiliser, notamment dans les polémiques traitant des supersti­ tions religieuses (cf.

par exemple, en polonais Babskie gadanie, Babskie plotki, cf.

StetTen 84); le lopos de la vieille femme supersti­ tieuse est également présent chez de nombreux auteurs (à ~omm~nc~r par les Jntercenales de Leon Battista Alberti [Servus, 38] et 11 est s1gn1- ticati f que Novalis ait opposé clans l'un de ses Fragm~nts [ 10S4_] ! 'in­ génuité infantile à la superstiti~~ tortueuse ~t 11_1alsa~ne des v1e1lles femmes); cf.

aussi le topos du v1e1l homme qui fait croire toutes sortes d.histoires aux petits enfants (cf.

notamment le certificat de 1.

B.

Singer [3, I] où un personnage promet solennellement de ne jamais raconter d'histoires quand il sera vieux).. »

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