Sujet 1 : La poésie de Rimbaud dans les Cahiers de Douai est-elle uniquement une poésie de la fugue, de l'errance et du mouvement ?
Publié le 03/02/2024
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Sujet 1 : La poésie de Rimbaud dans les Cahiers de Douai est-elle uniquement une poésie de la fugue,
de l'errance et du mouvement ? Vous répondrez à cette question dans un développement organisé.
Votre réflexion prendra appui sur Les Cahiers de Douai, les textes et documents étudiés dans le cadre
du parcours "Émancipations créatrices", ainsi que sur votre culture personnelle.
Introduction : Rimbaud a seize ans lorsqu’il écrit les poèmes réunis dans Les Cahiers de Douai.
Sa
jeunesse et son farouche désir de liberté se retrouvent dans plusieurs d’entre eux.
En effet, ses poèmes
évoquent ses aspirations, sa quête d’émancipation, son rejet des convenances et du conformisme
bourgeois.
Comme tout adolescent, il n’a qu’un désir : celui de partir et de gagner sa liberté.
En cela, la
poésie rimbaldienne est tout d’abord, en effet, et notamment dans Les Cahiers de Douai, une œuvre de
l’errance, au sens de vagabondage à des fins de découverte, de la fugue afin d’accéder à des horizons
nouveaux, et du mouvement, pris ici au sens de mobilité mais aussi de démarche créatrice.
Problématique : Dans le but de répondre à ces questions, nous verrons en quoi Rimbaud, jeune poète
souvent en fugue et en mouvement à la recherche d’autres horizons, associe le thème du départ à un
élan poétique pour une reconquête du sens.
Dans un premier temps, nous analyserons en quoi, la fugue fait partie intégrante de la personnalité de
Rimbaud, puis nous verrons de quelle façon le thème du départ, constitue pour le poète, un idéal, et
enfin nous verrons en quoi la poésie de Rimbaud, en perpétuel mouvement, constitue une impérieuse
et profonde quête de sens.
Plan :
I - La fugue inhérente à la personnalité de Rimbaud
1 - La fugue libératrice est associée à l'errance et au mouvement
2 - Le besoin d'un ailleurs s'accorde avec le thème du bohémien.
La fugue n’a comme seule destination,
dans un premier temps, que la promesse de l’aventure.
II - Le thème du départ constitue pour Rimbaud un idéal
1 – L’idéal de la fugue constitue un élan poétique
2 – Cet élan l’amène à la création poétique
III - Le mouvement et le départ constitue pour Rimbaud une reconquête du sens
1 - Une poésie qui se cherche et qui devient un art de vivre
2 – Le poète exprime son désir de transgression et sa révolte
I - La fugue inhérente à la personnalité de Rimbaud
Rimbaud est toujours animé par un besoin de partir, de fuir son quotidien pour se perdre dans la nature.
Cette aspiration à l'errance est inhérente à sa personnalité.
Dès l'adolescence, il fuit le milieu familial,
Charleville et sa vie trop médiocre dont le dégoût est exprimé dans les vers satiriques de la poésie "À
la musique" où le poète critique violemment la bourgeoisie : « Des rentiers à lorgnons...
» « Les gros
bureaux bouffis », où il exprime également son intérêt pour les femmes et un besoin d’amour et de
légèreté propres à la jeunesse.
Son besoin de fuir cet univers étriqué est immense, comme le montre
sa lettre à Izambard : « Je meurs, je me décompose dans la platitude...
»
1 - La fugue est libératrice, elle est associée à l'errance
Qu’importe son dénuement, le poète s’enfuit et trouve davantage de bonheur dans les étapes de son
voyage que dans la vie étriquée qu’il a laissée derrière lui.
Dans le poème « Au cabaret vert », en effet,
au même titre que dans « Ma Bohème », le poète fait allusion à la pauvreté et à l’usure de ses vêtements
mais aussi au réconfort qu’il trouve d’abord dans ce lieu populaire, où il va partager avec une simple
serveuse un pur moment de sensualité que seuls des échanges malicieux de regards parviendront à
capter.
Les premiers vers du poème soulignent aussi sa résolution voire son obstination à s’évader
quoiqu’il advienne, même s’il se trouve dans le plus complet dénuement.
« Depuis huit jours, j’avais
déchiré mes bottines, /Aux cailloux des chemins...
» Dans le sonnet "Rêvé pour l'hiver" écrit par
Rimbaud lors de sa fugue en Belgique, il évoque ses impressions de départ.
Si la poésie fait l'éloge de
la sensualité, elle représente également son désir de partir, d’accéder à de nouveaux horizons ; ce désir
est symbolisé par le train synonyme d’une émancipation qui connote "un ailleurs", la fuite du carcan
familial.
Ainsi, la fugue devient libératrice et la quête de l'inconnu attire Rimbaud, poète toujours en
mouvement, en partance, à la recherche de la liberté.
« Le petit wagon rose » où le poète s’échappe
avec sa bien-aimée pour lui dire : « Tu fermeras l’œil, pour ne point voir, par la glace, / Grimacer les
ombres du soir.
» représente cette délivrance à la fois libératrice et protectrice.
La fuite et le départ
incarnent donc la rupture avec un monde contraignant, effrayant et mesquin.
2.
Le besoin d'un ailleurs s'accorde avec le thème du bohémien.
La fugue n’a comme seule
destination, dans un premier temps, que la promesse de l’aventure.
Le besoin d'un "ailleurs" s'exprime
à plusieurs reprises dans Les Cahiers de Douai.
On le retrouve dans le thème de la promenade.
La poésie "Sensation" évoque un rêve, un projet d'évasion comme le montre le champ lexical du voyage
"j'irai", "bohémien", "sentiers", "loin", "bien loin".
Ce projet sera accompli ainsi que le suggère la
présence des verbes au futur "j'irai", "j'en sentirai", "je laisserai".
C'est une certitude.
Dans quel but ?
1
Ce rêve répond à un besoin d'évasion.
Les poésies animées par le mouvement avec une récurrence
du thème de la marche sont nombreuses (conjugaisons avec le verbe "aller", au présent, au futur et à
l'imparfait) par les "sentiers", "chemins", "au bord des routes".
Une quête de l'infini, la marche est
associée au "ciel", "à l'azur" avec des repères symboliques comme l'aube et le soir qui sont les deux
temps de la création poétique pour Rimbaud.
Le thème du bohémien s'accorde avec le voyage présent
dans "Ma bohème", "Je m'en allais, les poings dans mes poches crevées / Mon paletot aussi devenait
idéal".
C'est l'aventure qui attire Rimbaud car il n'est pas question d'un point d'arrivée, d'une destination.
Le départ même, l'idée d'une aventure nourrissent le poète : en effet, l’aventure constitue un but en ellemême.
Transition
Un "ailleurs" libérateur, un poète toujours en mouvement mais ce n'est pas qu'au niveau physique que
ce mouvement se traduit car toute la poésie s'imprègne de cet élan.
L'écriture est en mouvement car
elle se cherche pour faire émerger une nouvelle poésie.
Elle refuse tous les codes et n'a de loi que le
mouvement lui-même.
II - Le thème du départ et du mouvement constitue pour Rimbaud un idéal
1 - L’idéal de la fugue constitue un élan poétique
Le thème du départ nourrit également l'écriture du poète, il est source d'inspiration.
Cette soif de liberté
se réalise dans la poésie elle-même et par ses fugues.
Dans sa quête d'un paradis perdu, c'est la
médiocre réalité que Rimbaud fuit pour nourrir son âme par les voyages et le souffle des mots, sous la
plume qui se dérobe au quotidien, il redonne sens à la vie.
L'idéal du mouvement se traduit dans
l'isotopie du mouvement.
On retrouve ce thème rimbaldien dans « Sensation ».
Cet idéal est suggéré
par le jeu rythmique.
Le vers 7 est évocateur de l'idéal de vie du poète et cette poétique de l'ailleurs, "Et
j'irai loin, bien loin, comme un bohémien".
Dans « Ma Bohème », le titre d’une part est évocateur de son
besoin de fugue avec l’emploi du possessif, l’énonciateur ne fait qu’un, effectivement, avec sa volonté
d’émancipation, mais le poète trouve aussi dans son voyage à la fois le réconfort et l’inspiration
créatrice : « J’allais sous le ciel, Muse ! Et j’étais ton féal ! » Aucun obstacle, par conséquent, ne se
dresse entre Rimbaud et la liberté.
2 - Un élan et un désir d’évasion qui l’amène à la création poétique
Rimbaud s'épanche dans "À la musique", il nous livre ses anecdotes autobiographiques dans "Roman"
par le choc des mots qu’il sublime, il relate sa jeunesse au travers d'une expérience amoureuse, il nous
chante une romance.
L'élan poétique est peut-être plus représentatif du poète qui assiste à l'éclosion
de sa pensée dans "Le Buffet".
C'est dans cet esprit qu'il transforme un simple objet familier et quotidien,
un meuble, en objet poétique, singulier.
Le buffet devient un objet précieux, il est poétisé, humanisé, il
raconte l'histoire des temps anciens, il garde en secret, les souvenirs.
Il est la mémoire du temps passé.
Il en est symboliquement, le souvenir, « cheveux », « médaillons » et « portraits » qui représentent des
personnes, ou encore un évènement particulier avec les « fleurs séchées ».
Rimbaud transforme l'objet
et lui donne une âme, il transforme la réalité quotidienne en la....
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