Suisse
Publié le 02/12/2021
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1 | PRÉSENTATION |
Suisse, en allemand Schweiz, en italien Svizzera et en romanche Svizra, pays d’Europe occidentale. Sa capitale est Berne.
La Suisse est située dans les Alpes occidentales ; le pays est enserré entre la France à l’ouest et au nord, l’Allemagne au nord, l’Autriche et le Liechtenstein à l’est, et l’Italie au sud.
2 | MILIEU NATUREL |
2.1 | Relief |
La Suisse, d’une longueur maximale du nord au sud de 220 km et d’une largeur maximale d’ouest en est de 348 km, couvre une superficie de 41 285 km². Son relief est constitué dans ses grandes lignes par les Alpes, qui occupent les trois cinquièmes du territoire helvétique et dont elle commande les principaux passages (puisque c’est le seul pays à s’étendre sur les deux versants de la chaîne alpine), et par un massif montagneux plus ancien, le Jura. Orientées du sud-ouest au nord-est, ces deux chaînes sont séparées par la dépression du Plateau suisse.
Les Alpes suisses comprennent plusieurs chaînes, dont les Alpes Pennines où se trouve le plus haut sommet suisse, la pointe Dufour (4 634 m), dans le mont Rose et, plus au sud, le mont Cervin, deuxième sommet suisse avec une altitude de 4 478 m. Les massifs centraux de l’Aar-Gothard portent des glaciers, le plus grand d’entre eux et le plus grand d’Europe, l’Aletsch, se trouvant dans le massif de l’Aar. Le système alpin est en certains endroits entaillé par des vallées profondes et sinueuses comme l’Engadine, à l’est. Le col du Saint-Gothard est la principale voie de passage entre l’Europe centrale et l’Italie.
Le Jura, quant à lui, s’étire de Dole jusqu’à Zurich et culmine à 1 600 m ; bien moins élevé que les Alpes, il constitue néanmoins une barrière abrupte qui n’est franchissable qu’en de rares passages.
Entre les Alpes et le Jura, le Plateau suisse (ou Moyen Pays) s’étend, du sud-ouest au nord-est, du lac Léman au lac de Constance, avec une altitude moyenne de 395 m et une largeur d’environ 50 km. Ce vaste plateau constitue la région vitale du pays et regroupe la majorité de la population et des agglomérations.
2.2 | Hydrographie |
L’importance du réseau hydrographique a amené les géographes à surnommer la Suisse le « château d’eau « de l’Europe. En effet, les vallées suisses sont parcourues de nombreux cours d’eau torrentueux, coupés de chutes et de cascades : Schaffhouse sur le Rhin, Staubbach (environ 300 m de haut), dans le canton de Berne. Avec le Rhin, le Rhône, le Tessin et l’Inn, la Suisse alimente de ses eaux la mer du Nord, la Méditerranée, l’Adriatique et la mer Noire. Le bassin du Rhin draine avec ses affluents 60 % du territoire. D’abord torrent de montagne, son cours ne se régularise qu’à la sortie du lac de Constance. Le bassin du Rhône, quant à lui, draine 18 % du territoire suisse.
Le rôle des lacs est primordial : ils épurent les eaux troubles des fleuves, stabilisent leur régime en canalisant les crues et en compensant les étiages saisonniers. La plupart sont situés au débouché des vallées alpines. Outre le lac Léman et le lac de Constance, la Suisse abrite le lac de Lugano, le lac Majeur (le point le plus bas de la Suisse, à 194 m au-dessus du niveau de la mer), le lac de Neuchâtel, le lac des Quatre-Cantons (ou lac de Lucerne), le lac de Zurich, et enfin les lacs de Brienz et de Thun.
2.3 | Climat |
La Suisse jouit d’un climat tempéré, de type montagnard avec des influences continentales. La moyenne thermique annuelle est de 7 °C (soit 20 °C en été, 4 °C en hiver), les températures diminuant en altitude d’environ 1,7 °C tous les 300 m. Les précipitations varient en fonction de l’altitude : sur le Plateau suisse, la moyenne annuelle est d’environ 915 mm de pluie, les zones plus élevées recevant généralement beaucoup plus d’eau.
L’enneigement de la Suisse est inégal ; il varie entre quelques jours par an dans certaines vallées du Tessin et de six à dix mois dans les Hautes-Alpes. Au-delà de 2 700 m, les sommets sont couverts de neiges éternelles.
Les vents froids du nord, comme la bise, prédominent en hiver. Le fœhn, un vent chaud et sec du sud-est, souffle en moyenne 34 jours par an, adoucissant notablement le climat.
2.4 | Ressources naturelles |
La forêt couvre 29,6 % du territoire. Ni les sols ni le climat ne sont favorables à l’agriculture, mais le pays possède d’importantes ressources hydroélectriques. Le sel est la seule ressource minérale abondante.
2.5 | Végétation et faune |
La flore et la faune suisses sont d’une grande richesse. Les écosystèmes alpins, en particulier, abritent une importante biodiversité, l’une des plus élevées d’Europe.
2.5.1 | Végétation |
Le territoire suisse est riche de quelque 10 000 espèces de végétaux (lichens, mousses, fougères, gymnospermes et angiospermes) et de champignons. Comme dans tous les pays montagneux, la végétation est étagée : cultures et prairies dans les vallées et sur les premières pentes, forêts et alpages montant jusqu’à la limite des neiges. Sur les ubacs, les forêts de conifères (sapins et épicéas) dominent, les adrets étant plus riches en feuillus et en mélèzes. Le Jura, au climat froid (on parle de la « Sibérie neuchâteloise «), est le domaine du hêtre et des conifères, tandis que dans le Tessin, au climat plus doux, le châtaignier est très répandu, formant de vastes peuplements sur les pentes orientées au sud et à l’ouest. Le plateau central est propice aux hêtres et aux pâturages.
La flore suisse est majoritairement celle des systèmes alpins : edelweiss, anémones, aster des Alpes, lis, pin mugho et orme de montagne croissent sur tout le territoire. Cependant, la présence de microclimats autour des lacs autorise parfois l’acclimatation de plantes et d’arbres méditerranéens tels que le magnolia, l’amandier, et le noyer.
2.5.2 | Faune |
La faune rassemble près de 40 000 espèces connues (invertébrés et vertébrés). On y trouve plusieurs milliers d’insectes, dont près de 190 espèces de papillons. Les amphibiens comptent une vingtaine d’espèces et les reptiles, une quinzaine. Près de 400 espèces d’oiseaux, sédentaires ou de passage, fréquentent le territoire suisse, sur lesquelles environ 175 sont nicheuses.
Les mammifères sont représentés par près de 90 espèces, en majorité des rongeurs et des chauves-souris (une trentaine d’espèces). Parmi les mammifères emblématiques de la faune des montagnes figurent la marmotte des Alpes, le chamois et le bouquetin. L’ours brun qui, exterminé par la chasse, était absent des Alpes suisses depuis 1904, a fait sa réapparition en 2004 ; il est représenté par quelques individus isolés venus d’Italie et d’Autriche. Le loup, qui avait disparu au xixe siècle, fait lui aussi, depuis le début des années 2000, des incursions sporadiques, depuis l’Italie et la France.
Les lacs et rivières suisses abritent environ 70 espèces de poissons, dont une cinquantaine est indigène. La féra est une espèce endémique du lac Léman. Les eaux douces renferment également 7 espèces d’écrevisses, dont 3 indigènes.
2.6 | Problématiques environnementales |
Les installations hydroélectriques et la canalisation des cours d’eau, à l’origine de modifications radicales des écosystèmes des lacs et des rivières, représentent l’une des problématiques environnementales majeures de la Suisse. Les populations de poissons, en particulier, sont en régression. Par ailleurs, le trafic routier génère une importante pollution de l’air, en diminution toutefois grâce notamment à la mise en place de nouvelles normes dans le domaine de l’automobile, ainsi qu’à l’application (depuis 1997) de la redevance sur le trafic des poids lourds liée aux prestations (RPLP), qui est une incitation à utiliser les infrastructures ferroviaires, beaucoup moins polluantes. La forte densité de population, ainsi que le développement du tourisme de montagne, ont des répercussions sur les écosystèmes, tandis que l’utilisation de canons à neige pour pallier les chutes de neige insuffisantes est très consommatrice en eau. Enfin, en raison du réchauffement climatique, les forêts gagnent en altitude, menaçant les écosystèmes de haute montagne.
Outre sa participation à de nombreux traités internationaux relatifs à la protection de l’environnement (protocole de Kyoto, Convention sur la diversité biologique, Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d'extinction [CITES], Convention de Ramsar sur les zones humides, Convention sur les espèces migratrices [Convention de Bonn], etc.), la Suisse est impliquée, régionalement, dans la protection des écosystèmes alpins. Les zones protégées représentent 28,7 % du territoire.
3 | POPULATION ET SOCIÉTÉ |
3.1 | Caractéristiques démographiques |
En 2008, la Suisse comptait 7 581 520 habitants, ce qui correspond à une densité de population de 191 habitants au km² ; il s’agit d’une densité relativement élevée dans la mesure où un quart du territoire est occupé par les lacs et les montagnes.
28,2 % des Suisses ont moins de 24 ans, tandis que les plus de 65 ans représentent 16 % de la population. L’espérance de vie est de 80,7 années, et l’indice de fécondité, de 1,44 enfant par femme. La part de la population urbaine est de 67,5 %, répartie en majorité dans des villes de moins de 100 000 habitants. Le taux d’accroissement naturel de la population est très faible (0,11 % en 2008). La population étrangère est très importante puisque les étrangers représentaient plus de 20 % de la population au milieu des années 2000. Les Italiens constituent la plus forte communauté étrangère, suivis par les Kosovars (200 000 Albanais du Kosovo à la fin des années 2000).
3.2 | Divisions administratives et villes principales |
La Suisse est une confédération d’États appelés « cantons « ; elle regroupe vingt-six cantons : Argovie (Aargau) ; Appenzell Rhodes-Extérieures ; Appenzell Rhodes-Intérieures ; Bâle-Campagne (Basel-Land) ; Bâle-Ville (Basel-Stadt) ; Berne (Bern) ; Fribourg (Freiburg) ; Genève ; Glaris (Glarus) ; Grisons (Graubünden) ; Jura ; Lucerne (Luzern) ; Neuchâtel ; Nidwald ; Obwald ; Saint-Gall (Sankt Gallen) ; Schaffhouse (Schaffhausen) ; Schwyz ; Soleure (Solothurn) ; Thurgovie (Thurgau) ; Tessin (Ticino) ; Uri ; Valais (Wallis) ; Vaud ; Zoug (Zug) et Zurich (Zürich).
La mégalopole suisse s’ordonne autour de Zurich (347 517 habitants en 2005) qui est la ville la plus importante et le principal centre financier du pays. Bâle (163 930 habitants), le port de commerce le plus développé de Suisse, concentre l’essentiel des industries chimiques et pharmaceutiques du territoire, et rayonne sur d’autres villes comme Lucerne (57 533 habitants) et Winterthur (93 546 habitants). Genève (178 722 habitants), centre culturel, financier et industriel, est renommée pour son industrie horlogère et pour sa joaillerie ; elle est également le siège de nombreux organismes internationaux. La capitale politique, Berne (122 178 habitants), a une vocation administrative et financière. Lausanne (117 388 habitants) est un carrefour ferroviaire ainsi qu’une ville universitaire.
3.3 | Langues et religions |
La Constitution fédérale reconnaît quatre langues nationales : l’allemand (parlé par 63,7 % de la population), le français (20,4 %) et l’italien (6,5 %) ; la quatrième est le romanche, langue rhéto-romane parlée par moins 0,5 % des habitants, presque exclusivement dans les Grisons, et reconnue langue officielle par référendum. Environ 9 % de la population parle d’autres langues (essentiellement les langues des populations immigrées, telles que l’espagnol, le portugais, le turc et le serbe – statistiques de 2002).
La majorité des cantons est monolingue ; on parle allemand dans 17 cantons, et 4 cantons sont uniquement francophones (Genève, Vaud, Neuchâtel et le Jura). La Suisse compte 3 cantons bilingues français/allemand (Valais, Fribourg et Berne) et un seul canton trilingue allemand/italien/romanche (Grisons). L’italien est parlé dans un canton (Tessin) et dans les vallées du sud des Grisons.
La langue commune est le Schwyzertütsch (suisse allemand), amalgame de plusieurs dialectes alémaniques ne pouvant se comparer à l’allemand écrit ou à d’autres dialectes germaniques. Les deux principales langues culturelles sont l’allemand classique, principalement utilisé par les médias, et le français.
La liberté de conscience, de croyance et le libre exercice du culte sont garantis par la Constitution ; il n’existe pas de religion officielle. Le paysage religieux est marqué par la Réforme protestante qui a mis fin à l’unité confessionnelle de la Suisse au xvie siècle. Au xxie siècle, les religions dominantes demeurent le catholicisme (qui concerne 41,8 % de la population selon les chiffres du recensement de 2000) et le protestantisme (35,5 %, contre 52,7 % en 1960), même si ces Églises sont confrontées à un affaiblissement de leur influence depuis les années 1970. L’islam concerne 4,3 % de la population, et le christianisme orthodoxe, 1,8 %.
3.4 | Éducation |
La Suisse possède un système éducatif remarquable par son « quadrilinguisme « et sa décentralisation. La Constitution assure l’éducation gratuite et obligatoire, mais, depuis la révision de 1874 et l’amendement de 1902, le gouvernement fédéral limite sa contribution à des subventions, pour laisser une complète souveraineté aux cantons.
Le cycle scolaire obligatoire varie de sept à neuf ans selon les cantons : l’enseignement y est dispensé dans la langue officielle locale, mais les élèves peuvent également apprendre les autres langues nationales.
L’enseignement secondaire se déroule dans les « gymnases « (lycées) et se conclut par l’obtention d’un certificat de maturité donnant accès aux universités et aux autres établissements d’enseignement supérieur. La Suisse est le pays de l’OCDE qui connaît la plus forte proportion d’élèves poursuivant leur scolarité dans le secondaire à la fin des années d’enseignement obligatoire (90 % à la fin des années 2000) ; Voir aussi enseignement en Suisse.
La Suisse compte dix universités dont certaines remontent au Moyen Âge : trois sont francophones, Genève (1599), Lausanne (1537) et Neuchâtel ; quatre sont germanophones, Bâle (fondée en 1460, où Érasme a enseigné), Zurich (1833), Berne et Saint-Gall. L’université de Fribourg est bilingue français-allemand, tandis que celle de Lugano est italophone.
Le système éducatif de la Suisse moderne est marqué par l’empreinte des grands théoriciens tels que le philosophe Jean-Jacques Rousseau (Émile ou De l’éducation, 1762), le pédagogue Johann Heinrich Pestalozzi et enfin le psychologue Jean Piaget.
3.5 | Institutions et vie politique |
La Confédération suisse est une république fédérale ; la Constitution de 1848, qui a jeté les bases de l’État fédéral moderne, est toujours en vigueur —révisée une première fois en 1874, elle est à maintes reprises amendée et subit une révision complète en 1999.
Le système politique suisse — démocratie pluraliste — combine la démocratie directe et indirecte et repose sur les principes de souveraineté du peuple, de séparation des pouvoirs et de représentation proportionnelle. Depuis le référendum de 1971 accordant le droit de vote aux femmes, tous les citoyens âgés d’au moins 18 ans peuvent voter. En outre, les électeurs possèdent un droit d’initiative : ils peuvent proposer des amendements à la Constitution par le biais d’une pétition signée par au moins 100 000 d’entre eux et ratifiée par un référendum réunissant au moins 50 000 signatures. Les cantons jouissent aussi d’un droit de référendum qui leur permet toujours de décider en dernière instance de l’application ou non d’une loi. Toute révision totale ou partielle de la Constitution fédérale est soumise à un référendum obligatoire. La Suisse constitue ainsi l’un des pays dans le monde où l’influence directe des citoyens sur la politique menée par le gouvernement est la plus grande.
3.5.1 | Pouvoir exécutif |
Le pouvoir exécutif appartient au Conseil fédéral, qui est un organe collégial composé de sept membres. Les conseillers fédéraux sont élus pour quatre ans par les deux Chambres du Parlement. Le Parlement élit également le président de la Confédération parmi les membres du Conseil fédéral et pour un mandat d’un an, selon la règle d’une présidence tournante (la Constitution interdit formellement les réélections successives d’un président). Généralement, la composition du Conseil fédéral garantit la représentation de toutes les régions du pays, ainsi que celle des minorités de langues française et italienne, et la représentation féminine.
3.5.2 | Pouvoir législatif |
Le pouvoir législatif appartient à un Parlement bicaméral, l’Assemblée fédérale, composé du Conseil national et du Conseil des États. Le Conseil national représente le peuple ; ses 200 députés sont élus au suffrage universel à la représentation proportionnelle pour quatre ans. Le Conseil des États représente les cantons ; ses 46 membres sont élus selon des modalités laissées par la Constitution au choix de chaque canton — la durée du mandat est cependant fixée généralement à quatre ans.
3.5.3 | Pouvoir judiciaire |
La plus haute instance constitutionnelle et judiciaire du pays est le Tribunal fédéral (situé à Lausanne). Ses membres sont nommés pour six ans par l’Assemblée fédérale. Il est notamment compétent dans les recours dirigés contre les normes juridiques cantonales et contre les décisions judiciaires cantonales de dernière instance. En effet, chaque canton possède son propre système judiciaire en matière civile et pénale.
3.5.4 | Gouvernement local |
Tous les pouvoirs non délégués à la Confédération par la Constitution fédérale reviennent aux cantons, selon une répartition des compétences assez complexe. Des compétences exclusives de la Confédération relèvent notamment la diplomatie, la monnaie et la douane ; les cantons ont quant à eux des compétences exclusives en matière de justice, d'enseignement, de police et de fiscalité.
Chaque canton possède son propre gouvernement (Conseil exécutif) et son propre Parlement (Conseil législatif). Le Conseil législatif est élu au suffrage universel direct, sauf dans les cantons où subsiste une forme de démocratie directe apparue au Moyen Âge (cantons d’Appenzell Rhodes-Intérieures, Glaris, Grisons et Schwyz) : au sein des Landsgemeinden, assemblées générales des électeurs, les citoyens se prononcent par vote à main levée sur les affaires locales (les femmes y sont admises depuis 1990).
L’unité de base du gouvernement local est la commune, qui dispose de ses propres autorités administratives élues et d’une large autonomie. La Suisse en compte 2 900 dans les années 2000. Ce chiffre est en baisse depuis les années 1990 (plus de 3 000 à cette époque) — certaines communes choisissent en effet de fusionner entre elles, afin de remédier au fractionnement politique induit par la multiplication de cet échelon administratif. Les communes sont réunies en districts, dirigés par un préfet représentant le gouvernement cantonal. Du fait de l’autonomie des cantons et des communes, chaque citoyen suisse possède trois citoyennetés : fédérale, cantonale et communale.
3.5.5 | Partis politiques |
La plupart des partis politiques suisses se rattachent aux grands courants de pensée du socialisme, du radicalisme et du conservatisme. Dans ce pays du juste milieu, les partis sont avant tout des partis cantonaux. Les principaux partis politiques sont l’Union démocratique du centre (UDC), parti nationaliste et populiste, le Parti socialiste suisse (PSS), qui propose un socialisme démocratique, le Parti radical-démocratique suisse (PRD), partisan d’un pouvoir fédéral plus fort et centralisé, et le Parti démocrate-chrétien (PDC) s’opposant, au contraire, à la centralisation du pouvoir. Parmi les autres partis, il faut noter l’Alliance des indépendants (AI), le Parti libéral suisse (PLS) et Les Verts, parti écologiste. L’UDC est devenu le premier parti du pays en nombre de suffrages obtenus en 1999. Cette victoire, amplifiée en 2003 et en 2007, traduit une bipolarisation croissante de la vie politique entre les partis de gauche, PSS et Verts d’une part, et l’UDC d’autre part.
Le principal syndicat du pays est l’Union syndicale suisse, organe de défense collectif de l’ensemble des salariés, avec 380 000 membres à la fin des années 2000. Depuis 1937, la politique sociale repose sur un consensus : toutes les questions d’importance sont réglées par des contrats entre salariés et employeurs.
3.5.6 | Défense nationale |
Le principe d’organisation de la défense est celui des milices nationales. Tout citoyen de dix-neuf à cinquante ans est astreint à des périodes de service militaire, plus ou moins longues et plus ou moins rapprochées en fonction de son grade. Les miliciens conservent chez eux leur armement, leur uniforme et leur équipement. La Suisse peut ainsi mobiliser en moins de quarante-huit heures les 320 400 membres de son armée de terre et les 30 600 hommes de son aviation (chiffres de 2001). En cas de mobilisation générale, l’effectif complet de l’armée suisse atteindrait 1 100 000 hommes (soit environ 15 % de la population, y compris les membres de la défense civile).
En temps de paix, il est possible de se libérer de ses obligations militaires en versant à l’État fédéral la somme équivalente à l’entretien d’un homme, puisque le Conseil fédéral reste l’instance exécutive suprême et l’emporte sur la hiérarchie militaire. Les dépenses liées à la défense du pays représentaient 1,1 % du produit intérieur brut (PIB) en 2003.
Le statut de neutralité de la Suisse est reconnu et garanti par les autres puissances européennes depuis le congrès de Vienne de 1815. Toutefois, à partir de 1996, la Suisse s’est engagée dans le Partenariat pour la paix, lancé par l’OTAN pour instaurer des relations de coopération avec les pays européens n’appartenant pas à l’Alliance atlantique afin de consolider la paix, la démocratie et la sécurité en Europe.
4 | ÉCONOMIE |
4.1 | Généralités |
La Suisse possède une économie hautement industrialisée et développée. La finance, l’industrie pharmaceutique, l’horlogerie et le tourisme en constituent les principaux secteurs d’activité. L’économie suisse est caractérisée par un PIB par habitant particulièrement élevé (3e rang mondial au milieu des années 2000). Dans les années 1990, la croissance suisse s’est avérée plus faible que la moyenne de la croissance des pays de l’Union européenne (0,96 % d’augmentation du PIB sur la période 1990-2001). Elle est repartie à la hausse au milieu des années 2000, la Suisse apparaissant alors comme l’un des pays dans le monde bénéficiant de la compétitivité la plus élevée. En 2006, la population active était constituée de 4,2 millions de personnes, dont plus de 900 000 étrangers (majoritairement originaires d’Italie, d’Espagne, de Portugal et de France) appelés « travailleurs-hôtes «.
4.2 | Agriculture, forêts, pêche |
Le secteur de l’agriculture employait 3,9 % de la population et représentait 1,3 % du PIB en 2003. La Suisse pratique une agriculture familiale largement subventionnée par l’État, par ailleurs peu interventionniste. Si le pays pourvoit à ses besoins en viande et en blé, ni ses sols ni son climat ne sont favorables à l’agriculture ; c’est pourquoi il doit importer la plupart de ses produits alimentaires et subventionner fortement ses agriculteurs.
La plupart des exploitations agricoles sont des entreprises de petite taille. Les principaux produits agricoles sont : les betteraves à sucre (1 242 728 t), le blé (540 700 t), les pommes de terre (392 000 t), les fruits (517 438 t), le raisin (128 070 t), le lait et le fromage (statistiques de 2006). En 2006, l’élevage comprenait environ 1,65 million de porcs, 449 300 moutons, 56 300 chevaux et 7,93 millions de volailles. L’élevage bovin (1,55 million de têtes en 2006) a été durement touché par l’encéphalopathie spongiforme bovine au milieu des années 1990. En 2005, la population a voté en faveur d’un moratoire de cinq ans sur les organismes génétiquement modifiés (OGM).
La Suisse a produit en 2006 environ 5,70 millions de m³ de bois. La plus grande partie de la production de bois est utilisée comme bois d’œuvre ou dans la papeterie.
La pêche contribue très peu à l’économie suisse. En 2005, 2 689 tonnes de poisson seulement ont été pêchées, principalement dans les lacs Léman, de Neuchâtel et de Constance.
4.3 | Mines et industries |
4.3.1 | Exploitation minière et énergie |
L’industrie minière suisse est inexistante, mais le pays dispose de ressources hydroélectriques qui lui fournissent 54,28 % de son énergie (soit 34,4 milliards de kilowattheures), le reste provenant de l’énergie nucléaire (26,1 milliards de kilowattheures). En 2003, la production annuelle était d’environ 63,4 milliards de kilowattheures.
4.3.2 | Industries |
Le secteur de l’industrie employait 22,6 % de la population et représentait 28,3 % du PIB en 2003. Les principales industries sont la métallurgie de transformation (machines, équipement électrique et électronique, matériel scientifique, instruments de précision), la pharmacie, le textile, l’horlogerie et l’industrie agroalimentaire, avec notamment Nestlé, numéro un mondial du secteur. L’industrie horlogère suisse, célèbre dans le monde entier depuis le xviiie siècle, permet l’exportation d’environ 25 millions de montres par an dans les années 2000, ce qui fait de la Suisse le premier exportateur mondial de montres. Quant au chocolat, il en est fabriqué annuellement plus de 100 000 t, tandis que les Suisses en sont les plus grands consommateurs au monde (plus de 12 kg par an et par habitant).
4.4 | Secteur tertiaire |
4.4.1 | Secteur financier |
Le secteur tertiaire employait 73,3 % de la population active et représentait 70,4 % du PIB en 2003. L’unité monétaire suisse est le franc suisse, divisé en 100 centimes. La banque émettrice est la Banque nationale ; c’est une institution semi-privée, dont les actions sont détenues par les cantons, par d’autres banques et par le public. La Suisse est l’un des principaux centres bancaires du monde : le revenu des capitaux étrangers y représente la première source du revenu national, et le réseau bancaire y est très dense. La stabilité politique et financière du pays ainsi que ses traditions de secret sur les transactions ont permis de drainer autant l’épargne intérieure que les capitaux étrangers. Un tiers des fortunes privées du monde investies hors de leur pays d’origine sont gérées en Suisse à la fin des années 2000. Zurich est le principal centre bancaire du pays. Les grandes banques commerciales sont l’United Bank of Switzerland (UBS, leader mondial en matière de gestion de fortune dans les années 2000), issue de la fusion en 1998 de l’Union de banques suisses et de la Société de banques suisses, et le Crédit suisse. La bourse de Zurich est l’une des plus grandes d’Europe.
Si la tradition de secret du système bancaire suisse fait depuis de longues années l’objet d’accusations, plusieurs scandales (blanchiment et recel de l’or nazi, non-restitution de fortes sommes d’argent provenant du pillage des biens juifs) ont cependant contraint en 1998 les autorités financières à lever une partie du secret entourant certaines transactions suspectes.
4.4.2 | Commerce extérieur |
En 2004, les importations suisses représentaient 112 milliards de dollars et les exportations, 119 milliards de dollars. Les principaux produits importés sont les machines, le matériel de transport, le pétrole brut et raffiné, les métaux précieux, les produits alimentaires, le fer et l’acier ainsi que les produits chimiques. Les exportations concernent essentiellement les machines, les produits pharmaceutiques, les produits chimiques, les textiles, l’horlogerie et les métaux précieux. Les principaux clients de la Suisse sont l’Allemagne, les États-Unis et l’Italie, et ses principaux fournisseurs sont l’Allemagne, l’Italie et la France.
4.4.3 | Transports |
La Suisse comporte 3 252 km de voies ferrées ; la majeure partie du trafic ferroviaire entre la France et l’Italie passe par la Suisse.
Il existe 71 214 km de routes dont 1 515 km d’autoroutes, pour un parc automobile de près de 3 millions de véhicules, dont plus de 90 % sont des voitures privées. Le pays compte trois tunnels routiers alpins, dont le tunnel du Saint-Gothard (16,9 km), le plus long tunnel routier au monde. En raison des problèmes de pollution et des coûts des infrastructures routières, le trafic ferroviaire a encore de beaux jours devant lui.
Longtemps les transports aériens intérieurs et internationaux ont été assurés par la Swissair, une compagnie qui était la propriété du gouvernement fédéral, des cantons et d’investisseurs privés. En faillite, cet ancien fleuron de l’économie suisse et symbole fort de la Confédération est démantelé en 2001 et prend le nom de Swiss.
Bien que la Suisse n’ait aucun accès à la mer, la marine marchande suisse, créée par décret en 1941, compte des navires de haute mer et des péniches opérant à partir de ports étrangers et du port de Bâle, sur le Rhin.
4.4.4 | Tourisme |
Le tourisme est l’une des principales sources de devises et d’emplois en Suisse ; en effet, le pays accueille en moyenne 11 millions de visiteurs chaque année, ce qui représente près de 35 millions de nuitées hôtelières au milieu des années 2000. En 2006, les recettes touristiques ont rapporté 10,63 milliards de dollars.
5 | HISTOIRE |
5.1 | Origines de la Suisse |
5.1.1 | La Suisse celtique |
Les plus anciennes traces d’installations humaines remontent au paléolithique. Il est attesté que des tribus celtes sont établies sur le territoire au début de l’âge du fer (durant la période de Hallstatt). La civilisation celte prend son essor à partir de 500 av. J.-C. environ, durant la période de La Tène — du nom d’un site suisse éponyme, situé sur les rives du lac de Neufchâtel, où a été mis au jour un important gisement celte au milieu du xixe siècle.
5.1.2 | La Suisse romaine |
Au ier siècle av. J.-C., plusieurs tribus celtiques se partagent le territoire de la « Gaule orientale « (Helvètes sur le Plateau suisse, Rhètes dans les Grisons, Allobroges autour de l’actuelle ville de Genève, etc.). Dès le début de sa guerre des Gaules, le général romain Jules César défait les Helvètes lors de la bataille de Bibracte (58 av. J.-C.). La région (l’Helvétie) puis le reste de la Suisse actuelle sont romanisés au cours du ier siècle de notre ère, et intégrées à l’empire au sein de provinces romaines.
Les peuples romanisés subissent les premières invasions des « Barbares « au iiie siècle, victimes en particulier de raids d’Alamans. Lorsque l’Empire romain, fragilisé par les Grandes Invasions, doit se défaire de sa frontière rhénane au début du ve siècle, des peuples germaniques sont autorisés à s’installer dans les régions périphériques de l’empire. Ainsi, la Suisse actuelle se voit-elle terre d’accueil de Burgondes dans le bassin du lac Léman (lesquels adoptent la langue latine et la culture gallo-romaine, à l’origine de la Suisse romande francophone) et d’Alamans dans le centre et l’est du pays (aujourd’hui la Suisse alémanique germanophone) — le Tessin, dans le sud, demeurant pour sa part dans le giron romain (l’actuelle Suisse italienne).
5.1.3 | La Suisse féodale |
Lors de la chute de l’Empire romain, en 476, les territoires des Burgondes et des Alamans deviennent, au fil de leurs conquêtes, de véritables royaumes. C’est à cette période que le roi burgonde Sigismond se convertit au christianisme et fonde l’abbaye d’Agaune (en 515, aujourd’hui Saint-Maurice, dans le Valais). Toutefois, au terme de la guerre de Burgondie entre Sigismond et les héritiers du roi franc Clovis (523-534), le royaume burgonde est inféodé au royaume franc. Durant la période franque, des missionnaires venus d’Irlande (tels Colomban, Gall et Pirmin) évangélisent la population, comme en témoigne la fondation des abbayes bénédictines de Saint-Gall (en 720), de Reichenau (en 724) et de Pfäfers (en 731). En 746, à la suite du massacre de ses principaux dignitaires lors de l’audience de Cannstatt, l’Alémanie est à son tour inféodée au royaume franc. La Suisse actuelle est ainsi naturellement intégrée dans l’Empire carolingien que crée Charlemagne en 800.
Cependant, lors du partage de Verdun de 843, le territoire est scindé entre la Lotharingie de Lothaire (auquel reviennent les régions occidentales de la Suisse, bientôt intégrées à la Bourgogne transjurane) et la Francia orientalis de Louis le Germanique (les régions orientales, sous domination du duché d’Alémanie). En 1032, la Bourgogne transjurane est acquise par Conrad II, souverain du Saint Empire romain germanique et, à ce titre, déjà suzerain du duché d’Alémanie. Des principautés laïques et ecclésiastiques apparaissent alors sur le sol suisse, dont la maison de Savoie et celle de Zähringen ; la seconde est à l’origine de la fondation de nombreuses villes de Suisse, comme Fribourg, Morat, Thoune et Berne.
5.2 | La mise en place de la Confédération (xiiie-xviiie siècles) |
5.2.1 | Les premières fédérations de cantons |
5.2.1.1 | Le serment du Rütli et la Confédération des III cantons |
La Confédération helvétique naît de la conjonction de deux facteurs :
• d’une part, l’ouverture au cours du xiiie siècle d’un passage vers l’Italie désenclavant le territoire suisse au sud (avec la construction d’une passerelle sur le col du Saint-Gothard) ;
• d’autre part, l’habitude que prennent les trois cantons d’Uri, de Schwyz et d’Unterwald (des communautés forestières et pastorales, situées sur les rives du lac des Quatre-Cantons) de gérer leurs affaires au sein de Landsgemeinden (assemblées réunissant les habitants des vallées, pour lesquels les votes s’effectuent à main levée).
Dans les années 1230-1240, les Waldstätten (nom donné à ces trois cantons primitifs de la Confédération) ont obtenu de l’empereur Frédéric II (un Hohenstaufen) le droit de se gouverner eux-mêmes, relevant ainsi directement de l’autorité impériale. Mais l’élection de Rodolphe Ier de Habsbourg à la tête du Saint Empire (en 1273) bouleverse cet équilibre, le nouvel empereur décidant de déléguer l’administration de ces régions à des intermédiaires, les baillis. La mort de Rodolphe Ier (en juillet 1291) précipite la réaction défensive des trois cantons ; craignant une intervention armée, ceux-ci s’associent en scellant un pacte d’alliance perpétuelle en août 1291 : le serment du Rütli (cérémonie à laquelle, selon la tradition, aurait participé le légendaire héros suisse Guillaume Tell). Conglomérat d’individualités à l’origine, cette première confédération suisse adopte, dès le xive siècle, une politique systématique de soutien aux adversaires des Habsbourg — le serment du Rütli a été reconnu, au xixe siècle, comme l’acte fondateur de la nation suisse, et le 1er août (premier jour du mois de l’alliance) est depuis le jour de la fête nationale suisse.
En novembre 1315, les troupes confédérées des Waldstätten écrasent l’armée des Habsbourg lors de la bataille de Morgarten, en utilisant pour la première fois une arme redoutable, la hallebarde. Cette victoire renforce l’alliance, et un nouveau traité est signé le 9 décembre 1315, le pacte de Brunnen. Parce que le canton de Schwyz a eu une part active dans la lutte contre les Habsbourg, l’habitude est désormais prise d’appeler « Suisse « l’ensemble de la Confédération.
5.2.1.2 | La Confédération des VIII cantons |
Les cantons voisins des Waldstätten se joignent à cette « Ligue éternelle «, formant ainsi la Confédération des VIII cantons à partir de 1353 : Lucerne (1332), Zurich (1351), Glaris (1352), Zoug (1352) et Berne (1353). En 1393, les huit cantons ratifient le « convenant de Sempach «, première loi militaire de la Confédération réglementant le pillage et interdisant à ses membres de s’engager seuls dans une guerre. Malgré de nouvelles attaques impériales (bataille de Sempach en juillet 1386 ; bataille de Näfels en avril 1388), l’alliance entre les huit cantons perdure.
Les Suisses cherchent dès lors à agrandir leur territoire. Ils nouent des alliances avec nombre de leurs voisins — tels le comté de Gruyère, les ligues grisonnes et les dizains valaisans — et se lancent en parallèle dans des campagnes de conquêtes : occupation de la Léventine (dans le Tessin) pour le contrôle de la route du Saint-Gothard, prise de l’Argovie (1415), prise de la Thurgovie (1460).
De surcroît, les Suisses appliquent le service militaire obligatoire pour tous les hommes de seize à soixante ans, ce qui leur permet de lever de redoutables armées qu’ils monnayent à l’étranger comme troupes de mercenaires. Dès le xive siècle, le roi Louis XI de France sait tirer parti des contingents suisses dans sa lutte contre le duché de Bourgogne : ainsi, Charles le Téméraire est-il battu à trois reprises par les confédérés, à Grandson (mars 1476), à Morat (juin 1476), puis sous les murs de Nancy où il trouve la mort en janvier 1477.
5.2.1.3 | La Confédération des XIII cantons |
En 1481, les cantons de Fribourg et de Soleure rejoignent la Confédération, suivis en 1501 par ceux de Bâle et de Schaffhouse, et en 1513 par l’Appenzell. La confédération des XIII cantons prend une part active aux guerres d’Italie, vendant ses troupes aux différents belligérants. À la solde de la France en 1512, les mercenaires suisses s’emparent de districts et de villes italiennes du Tessin. En revanche, en septembre 1515 lors de la bataille de Marignan, les troupes suisses à la solde du duc de Milan affrontent les armées franco-vénitiennes ; leur défaite face aux forces de François Ier marque la fin de l’intervention de la Confédération sur la scène internationale, et amène cette dernière à opter pour une politique de non-belligérance. Le 9 novembre 1516, une paix perpétuelle est signée avec la France, offrant le Tessin à la Confédération, et autorisant le royaume de France à recruter des mercenaires en Suisse.
5.2.2 | De l’émancipation à la République helvétique |
5.2.2.1 | L’affranchissement du joug germanique |
C’est au cours du xve siècle que la Confédération quitte le Saint Empire romain germanique ; ainsi en 1499, l’empereur Maximilien Ier de Habsbourg tente d’abroger les droits acquis par les Suisses. Battu dans la guerre de Souabe qui s’ensuit, il doit reconnaître l’indépendance de facto du pays par le traité de Bâle, le 22 septembre 1499.
5.2.2.2 | La Réforme protestante |
En 1519, à la suite de l’Allemand Martin Luther, le pasteur humaniste zurichois Ulrich Zwingli commence à dénoncer la pratique et la vente des indulgences par l’Église catholique, et se met à prêcher d’après le texte original des Écritures : l’unité religieuse du pays est remise en cause par la Réforme protestante.
Six ans plus tard, la ville de Zurich adhère au mouvement de la Réforme, et entraîne dans son sillage Bâle, Berne et Schaffhouse. La querelle religieuse divise les cantons suisses entre partisans du protestantisme (essentiellement les marchands des villes) et défenseurs du catholicisme (issus de la paysannerie des cantons forestiers), et dégénère bientôt en conflit armé. Deux guerres de courte durée éclatent en 1529 et 1531 ; c’est lors de la seconde qu’Ulrich Zwingli est tué à la bataille de Kappel. La paix est rétablie, et chaque canton est autorisé à choisir sa religion : le catholicisme l’emporte dans les régions montagneuses du pays, alors que le protestantisme devient dominant dans les grandes villes et les vallées fertiles.
En Suisse, la Réforme s’appuie sur des prédicateurs français, en rupture avec l’Église et réfugiés dans la république indépendante de Genève. Sous l’impulsion de Théodore de Bèze et surtout de Jean Calvin, les protestants font de Genève une citadelle réformée, vivier de la branche calviniste du protestantisme. Pourtant, le catholicisme regagne du terrain en Suisse méridionale sous l’influence des jésuites et de l’archevêque de Milan, Charles Borromée.
5.2.2.3 | De l’indépendance à l’hégémonie française |
Neutre pendant la guerre de Trente Ans qui ravage les États germaniques de 1618 à 1648, la Suisse réussit à faire reconnaître aux autres puissances européennes ses frontières et son indépendance lors de la signature de la paix de Westphalie, en octobre 1648.
Les tensions entre les cantons protestants et catholiques perdurent cependant, et sont à l’origine des deux guerres de Villmergen (janvier 1656 et juillet 1712). Parallèlement, au cours du xviiie siècle, la Suisse entame une période d’essor économique reposant sur le développement de son agriculture et de son industrie.
À la fin du siècle des Lumières, l’image de la Suisse, réputée comme une grande nation démocratique, cède la place à un nouveau système au sein duquel les cantons sont devenus des États patriciens, le pouvoir étant entre les mains de l’aristocratie. Le message social et politique de la Révolution française reçoit dès lors un accueil enthousiaste parmi la population helvétique. Ainsi, en 1792, à Genève, les autorités oligarchiques sont-elles renversées par un gouvernement révolutionnaire.
Dans la logique de sa politique expansionniste, la France du Directoire annexe les possessions de l’archevêché de Bâle (en 1793) et la Valteline (en 1797) ; son but est de contrôler les cols alpestres. Le prétexte de l’intervention des troupes françaises sur tout le territoire suisse est la proclamation de la République lémanique au pays de Vaud, en janvier 1798. Sur le modèle français, une République helvétique une et indivisible est proclamée (voir Républiques sœurs), et une nouvelle Constitution est établie par le Bâlois Peter Ochs ; le territoire demeure toutefois sous le joug français. La situation évolue avec l’arrivée au pouvoir de Napoléon Ier qui élabore, en 1803, un Acte de médiation par lequel la Suisse redevient une Confédération ; le nombre de cantons passe de treize à dix-neuf (création des cantons de Saint-Gall, de Vaud, d’Argovie, des Grisons, du Tessin et de Thurgovie).
5.3 | Un État fédéral et neutre (à partir du xixe siècle) |
5.3.1 | L’affirmation de l’identité suisse |
5.3.1.1 | La guerre civile du Sonderbund |
Au terme de l’hégémonie française (périodes révolutionnaire et napoléonienne), le congrès de Vienne de 1815 reconnaît l’existence de l’État suisse en validant sa neutralité perpétuelle ; à cette occasion, le nombre de cantons passe à vingt-deux, avec la création des cantons du Valais, de Neuchâtel et de Genève — la Suisse demeure sous cette forme jusqu’à la fin du xxe siècle, avec la création du vingt-troisième canton en 1979 (le Jura), puis avec la réforme de 1999 faisant passer à vingt-six le nombre de cantons.
Le xixe siècle voit la Suisse tenter de s’adapter à sa nouvelle unité territoriale. Des conflits éclatent entre les gouvernements cantonaux oligarchiques et démocrates, ainsi qu’entre les régions catholiques et protestantes. En décembre 1845, en réaction au mouvement de démocratisation et d’anticléricalisme de plusieurs cantons, sept cantons catholiques et conservateurs — Lucerne, Uri, Schwyz, Unterwald, Zug, Fribourg et Valais — forment une ligue défensive secrète, bientôt appelée le Sonderbund (« alliance séparée «) par leurs adversaires. Le gouvernement fédéral, majoritairement radical, déclare cette alliance illégale et décide sa dissolution en juillet 1847. Le refus des ligueurs de se soumettre à cette décision déclenche une brève guerre civile, en novembre de la même année. Moins nombreux et mal armés, les contingents du Sonderbund sont défaits, après vingt-six jours de combat, par les troupes fédérales du général Guillaume Henri Dufour.
5.3.1.2 | La Constitution fédéraliste de 1848 |
À la suite de cette crise majeure au sein de la Confédération des XXII cantons, une Constitution, qui accroît fortement les pouvoirs fédéraux, est promulguée en septembre 1848. Elle est révisée en 1874, en insistant sur le caractère fédéral de l’État — amendée à plusieurs reprises, elle demeure aujourd’hui en vigueur. La fin du xixe siècle se caractérise par l’essor économique de la Suisse : les réseaux de transport et de communication se développent (notamment avec le percement du tunnel du Saint-Gothard), ainsi que les secteurs de l’industrie, de la finance et du tourisme.
5.3.1.3 | La neutralité perpétuelle de la Confédération suisse |
Conformément à la neutralité perpétuelle garantie à la Suisse en 1815 par les autres puissances européennes, la Confédération suisse ne prend part à aucune guerre à partir de cette date — pas même celles qui se jouent à ses frontières (telle la guerre franco-allemande de 1870) — et parvient à désamorcer les tensions avec la Prusse (lors de l’affaire de Neuchâtel, canton revendiqué par les Prussiens en 1856-1857) et avec la France (lors du rattachement de la Savoie au territoire français en 1860).
Cependant, la Première Guerre mondiale stigmatise les divisions culturelles et linguistiques : la population alémanique affiche son soutien aux Empires centraux, tandis que les francophones soutiennent les Alliés. Après une vague de grèves et de mouvements sociaux durement réprimés en 1919, la Suisse retrouve son rôle de puissance neutre : l’administration centrale de la Croix-Rouge internationale, puis celle de la Société des Nations (SDN) y établissent leur siège. En outre, durant l’entre-deux-guerres, le pays devient le refuge des capitaux étrangers.
Pendant la Seconde Guerre mondiale, la Suisse reste également à l’abri du conflit. Les nazis ont quelques velléités d’envahir le territoire en 1940 et en 1943, mais l’armée suisse, sous le commandement de Henri Guisan, veille, et Adolf Hitler doit finalement renoncer.
En 1945, la Suisse n’adhère pas à l’Organisation des Nations unies (ONU), car elle considère que certaines obligations faites aux pays qui deviennent membres de l’institution internationale sont incompatibles avec sa politique de neutralité. Toutefois, conformément à sa ligne politique, elle s’engage dans plusieurs agences affiliées à l’ONU en tant qu’observateur permanent. Elle est, par exemple, membre de la Commission des nations neutres chargée de vérifier l’application de l’accord de cessez-le-feu en Corée en 1953 ; elle contribue au financement de la mission de l’ONU pour le maintien de la paix à Chypre, et signe l’Accord général sur les tarifs douaniers et le commerce (GATT) visant à réguler les échanges mondiaux.
En 1948, la Suisse adhère à l’Organisation européenne pour la coopération économique (OECE), puis est membre fondateur, en 1959, de l’Association européenne de libre-échange (AELE) et enfin adhère au Conseil de l’Europe en 1963.
5.3.2 | La Suisse contemporaine (depuis le milieu du xxe siècle) |
5.3.2.1 | Une stabilité gouvernementale exceptionnelle |
À compter de 1959, l’équilibre politique entre les sept membres du Conseil fédéral se traduit à chaque échéance électorale par la composition suivante, qualifiée de « formule magique « : deux conseillers du Parti socialiste suisse (PSS), deux conseillers du Parti radical-démocratique suisse (PRD), deux conseillers du Parti démocrate-chrétien (PDC) et un conseiller de l’Union démocratique du centre (UDC).
5.3.2.2 | Une vie politique rythmée par les référendums |
Après l’octroi du droit de vote aux femmes en 1971, un amendement pour l’égalité des droits est approuvé par référendum en 1981. Quatre ans plus tard, les femmes obtiennent l’égalité légale avec les hommes dans le mariage. D’autres référendums sur des thèmes très variés sont tenus dans les années 1980 : maintien du système suisse de service militaire (1984), rejet des restrictions sur l’avortement et sur certaines formes de contraception (1985), refus d’adhérer à l’ONU (1986), renforcement de la législation sur l’immigration et le droit d’asile politique (1987), rejet d’une proposition d’abolition de l’armée (1989).
Après l’accident de la centrale nucléaire de Tchernobyl en Ukraine, en avril 1986, de grandes manifestations ont lieu contre l’exploitation des cinq centrales nucléaires suisses ; le gouvernement suspend, en 1989, la construction d’une sixième centrale. L’année suivante, un référendum approuve un moratoire de dix ans sur la construction d’usines nucléaires ; il n’est pas reconduit lors du référendum de 2003, qui rejette également une sortie du nucléaire.
En 1992, la Suisse renonce à des décennies d’indépendance pour adhérer au Fonds monétaire international (FMI) et à la Banque mondiale (voir BIRD). La même année, les négociations du gouvernement fédéral pour l’adhésion à l’Espace économique européen sont désavouées par la population, qui vote massivement contre. En mai 2000, les électeurs suisses approuvent plusieurs accords bilatéraux passés entre leur pays et l’Union européenne (UE), dont un qui prévoit la libre circulation des citoyens entre la Suisse et les pays membres de l’UE. Mais, en mars 2001, ils rejettent à 76,7 % le référendum « Oui à l’Europe « — à l’initiative d’un groupe de jeunes pro-Européens — qui propose l’ouverture de négociations d’adhésion à l’Union européenne sans délai. Le gouvernement fédéral recommande le « non «, jugeant cette initiative prématurée et préférant privilégier les accords bilatéraux.
5.3.2.3 | La remise en cause du système bancaire suisse (1995-1998) |
À partir de 1995, le système bancaire suisse se retrouve au centre d’une tourmente suscitée par les révélations sur l’attitude des banques helvétiques durant la Seconde Guerre mondiale. Accusée par le Sénat américain et le Congrès juif mondial d’avoir blanchi ou recelé 76 % de l’or nazi, qui provient pour partie du pillage des pays occupés et des biens des Juifs, la Suisse se voit en outre reprocher d’avoir conservé d’importantes sommes d’argent ayant appartenu aux victimes de la Shoah. Face à la menace de boycott lancée par les banques américaines, le gouvernement fédéral décide la mise en place d’une commission d’enquête, ainsi que la création d’une fondation dotée d’un capital de 7 milliards de francs suisses devant servir à venir en aide aux victimes du génocide, mais aussi à porter secours aux misères dans le monde. Dans le même temps, la Banque nationale suisse, les grandes banques et des entreprises privées versent 280 millions de francs suisses à un fonds d’aide aux victimes de la Shoah fondé en 1996. Le 12 août, un accord est signé entre le Congrès juif mondial, le Crédit suisse, l’Union des banques suisses et la Banque nationale suisse (cette dernière a finalement refusé de participer à l’accord). Les banques helvétiques s’engagent à verser 1,25 milliard de dollars de dédommagements aux rescapés de la Shoah.
Afin de restaurer son image sur le plan international, la Suisse décide également en avril 1998 de renforcer sa législation sur le blanchiment de l’argent, obligeant les intermédiaires financiers à signaler tout mouvement de fonds suspect, ce qui contribue un peu plus à remettre en cause le secret bancaire, pierre angulaire de son système financier.
5.3.2.4 | L’adhésion à l’ONU (2002) |
Le 3 mars 2002, 54,6 % des électeurs suisses se déclarent en faveur de l’adhésion de leur pays à l’ONU. D’une grande portée symbolique, après les 76 % recueillis par le « non « en 1986, ce référendum fait de la Suisse le 190e État membre des Nations unies. Si elle disposait jusqu’alors d’un statut d’observateur, conformément à sa volonté de défendre une neutralité absolue, la Suisse est pourtant en 2002 le quatorzième pays contributeur de l’organisation internationale, et elle en abrite à Genève de nombreuses agences telles que l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), l’Organisation internationale du travail (OIT), le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) et le siège européen de l’ONU. Avec ce référendum historique, la Suisse fait le choix de devenir un État membre à part entière de l’ONU, à même de faire entendre sa voix au sein d’une structure universelle dont n’est quasiment plus absent que le Vatican.
5.3.2.5 | Vers la fin de la « formule magique « |
Le 9 décembre 1998, la vie politique nationale est marquée par l’élection à la présidence tournante du pays de Ruth Dreifuss, première femme dans l’histoire de la Confédération helvétique à accéder à cette charge. Les élections législatives d’octobre 1999 marquent pour leur part la percée de la droite nationaliste. L’Union démocratique du centre (UDC), parti nationaliste et populiste dirigé par Christoph Blocher, remporte la majorité des voix et 44 sièges au Conseil national —dans un contexte régional marqué par le succès électoral du leader d’extrême droite Jörg Haider au même moment à Vienne. La démocratie suisse connaît une tragédie sanglante en septembre 2001, lors d’une fusillade perpétrée par un déséquilibré dans la salle du Conseil du parlement cantonal de Zoug et entraînant la mort de onze parlementaires et trois ministres.
Les élections législatives d’octobre 2003 entraînent la fin de la « formule magique «, à l’œuvre depuis 1959. L’UDC s’impose en effet comme le premier parti suisse — il gagne des voix notamment en Suisse romande —, avec 55 sièges (+ 11). Fort de cette victoire, Christoph Blocher réclame un second siège pour sa formation politique au sein du Conseil fédéral. Il y est élu au mois de décembre suivant, et devient ministre de la Justice et de la Police. Le PDC perd donc un siège et l’UDC en détient désormais deux. L’UDC, parti de droite populiste héritier du Parti des paysans, artisans et bourgeois (PAB), confirme ainsi l’importance croissante qu’il a prise depuis le milieu des années 1990 dans la vie politique suisse, en axant son discours ultralibéral et anti-européen sur les questions d’immigration, de sécurité et de démocratie directe dans un contexte marqué par une hausse du chômage et une baisse du pouvoir d’achat.
Seul parti à avoir appelé à voter « non «, l’UDC remporte une nouvelle victoire avec le rejet par référendum en septembre 2004 d’un projet du gouvernement visant à faciliter l’obtention de la nationalité suisse et introduisant le droit du sol dans la législation — les électeurs acceptent le même jour l’introduction d’un congé maternité payé. Au mois de juin 2005, les électeurs suisses, majoritairement ceux des cantons romands mais non des cantons alémaniques, votent en faveur de l’application des accords de Schengen, qui abolissent le contrôle systématique aux frontières. Lors du scrutin de 2007, l’UDC recueille le meilleur score de son histoire (62 sièges). Les socialistes, les écologistes et le centre s’allient toutefois pour voter contre le renouvellement du siège de conseiller fédéral de Christoph Blocher.
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