Suisse (1988-1989): Fin de l'insularité
Publié le 27/09/2020
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Suisse (1988-1989): Fin de l'insularité
Rarement dans son histoire, la Suisse aura connu autant de perturbations et de
remises en cause, et en si peu de temps que durant l'année 1988.
Pays
politiquement paisible, habitué au compromis et sans histoires, il a même connu
un scandale sans précédent, qui a abouti au départ dépité de la première femme
entrée au gouvernement fédéral, ainsi qu'à la mise à l'écart sans gloire du
procureur de la Confédération, l'homme chargé de la sécurité de l'État.
Le scandale
Chérie des sondages, quoique d'apparence un peu froide, réputée pour son
opiniâtreté au travail et sa connaissance des dossiers, Élisabeth Kopp, ministre
de la Justice durant quatre ans, a porté pendant cette période l'espoir des
femmes en politique.
Elle se trouvait au seuil de la charge suprême - la
Présidence de la Confédération - après avoir été élue à la Vice-Présidence par
le Parlement, le 7 décembre 1988.
Cinq jours plus tard, meurtrie, comprenant mal
ce qui lui arrivait, elle s'éclipsait par une porte dérobée, ayant brièvement
annoncé sa démission en assurant: "Je n'ai rien à me reprocher, ni moralement,
ni juridiquement." Un drame personnel tournait en sombre affaire d'État.
C'est en effet à cause de son mari que la première femme du gouvernement suisse
a trébuché et est tombée.
Informée par sa conseillère personnelle qu'une enquête
était en cours contre la Sakarchi Trading pour blanchiment de l'argent de la
drogue, Élisabeth Kopp a téléphoné à son époux pour l'en avertir ; et pour
l'inciter à quitter ses fonctions de vice-président et de conseiller juridique
de la société.
Ce fait connu et publié par la presse, le climat créé par les
révélations sur des opérations impunies de blanchiment d'argent sale, les
mensonges des principaux protagonistes de l'affaire ont rendu intenable la
position du ministre de la Justice.
Sa crédibilité et celle du gouvernement
étaient entamées.
Lâchée par ses amis politiques (le groupe radical), abandonnée
par ses collègues du Conseil fédéral, Élisabeth Kopp a dû s'en aller.
Et ce n'est pas tout.
Son immunité parlementaire a été levée par les Chambres
fédérales.
Le 27 février 1989, elles ont ainsi autorisé, pour la première fois
dans l'histoire de cet État, une action pénale contre un membre du gouvernement.
Parallèlement, deux enquêtes parlementaires ont été ouvertes contre certains de
ses proches collaborateurs et contre Rudolf Gerber, procureur de la
Confédération, chef de la sécurité de l'État, coordinateur des enquêtes
policières sur le trafic de drogue.
Europe: mise au diapason
Cet ébranlement du système politique est intervenu après un débat teinté
d'inquiétude sur l'avenir du pays face à l'Europe.
L'espace qui s'organise
économiquement autour de la Suisse et qui se constitue en grand marché ouvert
pour ses membres et plus fermé pour les autres, a suscité la crainte de
l'isolement, de la marginalisation forcée.
Les pragmatiques Helvètes qui, dans.
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