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Suis-je ce que mon passé a fait de moi

Publié le 15/10/2024

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« Exemple de dissertation Sujet: Suis-je ce que mon passé a fait de moi ? Introduction : Deux exemples du §1 : • Au premier abord, mon passé, loin d’être quelque chose dont je dispose, me relègue en fait à un rang passif et déterminé.

Je porte ses casseroles qui peuvent m’encombrer.

Bien que passé, il peut m’apparaitre comme un destin et déterminer toute ma vie.

Le cas d’Eugène-François Vidocq (1775-1857) semble pourtant jeter un doute sur cette impression : Vidocq est resté célèbre comme chef de la « brigade de sûreté » de Paris, après avoir passé les premières années de sa vie comme brigand, délinquant et bagnard.

Un tel retournement peut nous conduire à nous interroger : il semble que Vidocq a fait table rase de son passé pour devenir un tout autre homme et se ranger du côté de la justice.

On peut dès lors se poser la question: suis-je ce que mon passé a fait de moi ? • Les récents faits divers et attentats mettent les notions d’identité, de déterminisme et de librearbitre en lumière.

Le passé de leurs protagonistes, « meurtrier » ou « victime », « terroriste » ou « héros », est étalé dans les médias, invitant chacun à se poser des questions sur leur trajectoire.

Qu’est ce qui fait qu’un individu bascule dans la violence ? Est-ce lié à son passé, sa culture, son éducation ou d’éventuels traumatismes de l’enfance ? Est-il responsable de ses actes ou a-t -il été victime d’un accès subite et incontrôlable de folie ? Était-il manipulé ? Pouvait-il faire autrement ? Peut-il changer ? Pourra-t-il changer, même une fois sa peine purgée? Suis-je ce que mon passé a fait de moi ? Exemple du § 2 : Cette question met ainsi en cause le rapport entre le temps et ma liberté : d’un côté, il est bien évident que je suis ce que mon passé a fait de moi, puisque ce que je suis repose tout entier dans ce que j’ai été jusqu’ici ; mais, inversement, l’on pourrait arguer que mon passé est justement, par définition, passé, derrière moi, et que, pour ma part, je suis au présent, détaché et différent de mon passé.

D’un autre côté, si mon passé est vraiment mien, alors je dois pouvoir en disposer, au présent, et m’en affranchir librement, comme bon me semble, de façon à être un « je » sujet et non plus un « moi » objet.

Mais alors, l’on pourrait se demander ce qu’il reste de ce « moi » affranchi de tout passé, qui pourrait n’être dès lors qu’une coquille vide, une abstraction.

Dès lors, comment le moi peut-il être à la fois le produit déterminé de son passé et un agent libre capable de s’en affranchir ? Partie 1 : je suis ce que mon passé a fait de moi A) passivité du sujet devant son passé Le moi se comprend avant tout comme son passé, et il n’est en effet rien d’autre que le déploiement de ce passé dans le présent.

Cette conception du moi conduit à décrire son développement comme continu, sans saut ou brisure entre le passé et le présent. Analyse et définitions des termes : « ce que », « a fait de », « moi » Le sujet suggère en effet que le sujet est passif devant son passé car : - « ce que » et non « qui » font du sujet un objet figé par et dans le passé.

Comme tout objet, le sujet s’en trouve défini et donc délimité : il n’est plus (ou moins) libre : il est enfermé dans une identité figée. => cours : distinction sujet / objet - « a fait de » : participe passé qui signale l’action subie par le sujet et le fait qu’il est le produit, le résultat, l’effet du passé.

Idée de fixation, d’action terminée et immuable, inchangeable, non modifiable.

Le verbe « faire » a une dimension technique et mécanique qui se distingue des verbes créer ou inventer qui, eux, renvoient à l’idée de liberté. - « moi » par distinction du « je » (qui se pose justement la question du sujet et l’affronte) est le produit empirique de son histoire passée.

Résidu empirique des expériences passées, objet (COD ou COI), production sédimentée de la vie, sclérosée, figée, finie. => cours : Kant : (exemple philosophique) le petit Karl avant son passage à la subjectivité vit sous le mode simple d’un objet dans le temps. B) « Mon passé » et le passé Pourtant le sujet pose problème parce qu’il suggère comme on l’a vu que le passé me rendait objet et produit du temps et en même temps, il affirme que ce passé est « mon » passé, cad quelque chose en mon pouvoir. Le passé est-il mien ? Le passé m’appartient-il ? 1) si le passé peut être le mien, il est d’abord « le » passé : il y a un passé qui peut devenir le mien, que je peux m’approprier. En ce sens, le passé est l’une des trois dimensions physiques du temps.

Même l’amnésique a un passé. Conçu comme un être physique universel et anonyme, le passé est comme dimension du temps l’objet de la science physique.

En tant que dimension temporelle, le passé ne peut jamais être mien : au contraire, il est précisément ce qui s’abat inexorablement sur tous les êtres qui sont dans le temps.

Le temps suit son cours, on n’arrête pas le cours du temps. Qu’est-ce qu’alors « mon » passé ? 2) mon passé renvoie en réalité non pas à la portion objective du temps passé, mais à la conscience que j’ai de mon passé : mon passé n’est jamais rien d’autre que ce que ma mémoire a retenu.

Mon passé est la rétention sélective de ce que j’ai vécu, tissée par la mémoire et l’oubli.

Mon passé est donc la conscience présente de ce que j’ai vécu : c’est un récit subjectif, souvent recomposé jusqu’à produire une histoire fictive (voire trompeuse ou illusoire : on s’invente des souvenirs), qui est toujours retravaillée par ce dont la conscience présente a besoin. C’est ce qu’explique Augustin dans l’analyse magistrale du temps qu’il mène dans Les confessions (4ème5ème siècle): selon Augustin, le temps est une énigme : essentiellement parce qu’il est l’être qui, en étant, n’est pas et en n’étant pas, est.

Il est devenir : ce qui est et n’est pas en même temps. En effet, le temps a-t-il une existence objective ? Nous pouvons distinguer trois dimensions du temps : le passé, le présent et l’avenir.

Mais il est facile de voir que le passé est précisément le temps en tant qu’il n’existe plus, l’avenir est le temps en tant qu’il n’existe pas encore et quant au présent, on est en droit de se demander s’il existe vraiment : car qu’est-ce que le présent ? l’instant ? et si on lui accorde que c’est le temps dans lequel je suis toujours, alors il se confond avec l’éternité (cad l’absence de temps).

Est-il alors la simple limite entre le passé et l’avenir, cad la limite entre deux néants ? On voit donc que le temps objectif, cad qui existerait hors de ma conscience, est problématique. C’est ainsi qu’Augustin replace le temps dans la conscience : il n’y a de temps que pour une conscience qui le compte et le vit.

Ainsi, dit-il, il y a bien trois temps mais pour s’exprimer correctement : « le présent du passé », « le présent du présent » et le « présent de l’avenir ».

C’est dire que le temps est une dimension de la conscience, une dilatation de la conscience qui lorsqu’elle retient le passé, fait effort vers lui est « mémoire », qui lorsqu’elle tend vers l’avenir, est « anticipation » ou « attente » et lorsqu’elle se concentre sur le présent est « intuition immédiate » ou perception.

Le temps est donc inséparable de la conscience qu’on en a.

Ainsi, le temps a une dimension subjective indéniable et est toujours vécu.

Par exemple, l’heure de cours qui non objectivement mais socialement ou conventionnellement dure 55 minutes n’est jamais saisissable objectivement : une heure de cours dure toujours plus ou moins longuement en fonction de ce qu’on y fait, de notre état d’esprit.

Ainsi, elle peut durer 15 minutes comme 4 heures. Alors certes, on pourra objecter que le temps est calculé sur un phénomène matériel qui est la rotation de la terre sur elle-même, qui donne le tempo et fait nos heures.

Mais comme l’a montré Einstein dans la théorie de la relativité, un tel calcul du temps, une telle fixation du temps est relatif à la position de l’observateur.

Même si la différence est minime, elle suffit à prouver que le temps est relatif à la position de l’observateur et ne s’écoule pas comme un absolu. On peut alors parler à bon droit de « mon passé ».

Car le passé est toujours ce.... »

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