structuralisme (sciences humaines) - philosophie.
Publié le 06/12/2021
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structuralisme (sciences humaines) - philosophie.
1
PRÉSENTATION
structuralisme (sciences humaines), courant de pensée issu de la linguistique, qui marqua la psychanalyse, la philosophie et l'anthropologie françaises des années 1960-1970, et se caractérisait par l'affirmation du primat de la structure sur
l'événement ou le phénomène.
Le mouvement apparut dans les années 1950 à la suite de la thèse fondatrice de Lévi-Strauss, les Structures élémentaires de la parenté, (1949) et connut son apogée dans les années 1960, pour décliner à la fin des années 1970. Ce courant, dont
l'unité est toujours restée problématique, est principalement marqué par les noms de Lévi-Strauss, d'Althusser, de Lacan, de Foucault et de Derrida.
2
LE STRUCTURALISME COMME THÉORIE
Malgré l'extrême diversité des pensées auxquelles renvoient ces noms, on peut tenter de définir ce qui fait leur commune appartenance au structuralisme : l'affirmation du primat de la structure sur l'événement ou le phénomène. Les processus
sociaux se déploient dans le cadre de structures fondamentales qui restent le plus souvent inconscientes. Il existe un décalage entre ce que les hommes vivent et ce qu'ils ont conscience de vivre, et c'est ce décalage, qui rend les discours, que les
hommes tiennent sur leur conduite, impropres à rendre compte de façon adéquate des processus sociaux effectifs. De même que c'est la langue qui produit du sens par son jeu de différences, de même c'est l'organisation sociale qui génère certaines
pratiques et certaines croyances propres aux individus qui en dépendent.
3
LE STRUCTURALISME COMME MÉTHODE
Le structuralisme a pour champ d'application tout ce qui « offre un caractère de système « (Lévi-Strauss), c'est-à-dire tout ce dont aucun élément ne peut être modifié ou supprimé sans que cela entraîne une modification de l'ensemble. La démarche
structuraliste consiste à expliquer un phénomène à partir de la place qu'il occupe au sein du système dans lequel il est inséré, suivant des lois d'association et de dissociation supposées immuables. Le structuralisme privilégie donc par principe
l'approche « synchronique « -- c'est la coexistence des éléments au sein d'un même ensemble à un même moment du temps qui fournit l'intelligibilité -- au détriment de l'approche « diachronique « -- la recherche de la genèse ou de l'histoire de
chaque élément pris isolément.
4
L'APPORT DE LA LINGUISTIQUE
Au point de départ du structuralisme se situe la volonté de prendre en compte les apports d'une science nouvelle, la linguistique. Dans son Cours de linguistique générale (publication posthume en 1916), Ferdinand de Saussure avait révolutionné
l'approche du langage en montrant que toute langue constitue un système au sein duquel les signes se combinent et évoluent d'une façon qui s'impose aux locuteurs et selon des lois qui leur échappent.
En développant la phonologie, Nicholas Troubetskoï a appliqué le programme de Saussure à l'étude des sons en montrant suivant quelles lois ils se combinent dans les différentes langues. « Pour la première fois, écrit Lévi-Strauss, une science sociale
[ parvenait ] à formuler des relations nécessaires «, en l'occurrence entre les sons de la langue ; à rendre compte de la diversité des phénomènes en la ramenant à des lois générales d'association et de dissociation échappant à la conscience des
locuteurs.
5
L'EXTENSION À L'ANTHROPOLOGIE ET AUX SCIENCES HUMAINES EN GÉNÉRAL
Prenant acte des succès enregistrés par cette révolution de méthode opérée en linguistique, et qui semblait avoir donné, pour la première fois, à une science sociale une précision et une rigueur équivalentes à celles des sciences de la nature, LéviStrauss entreprit d'étendre cette même révolution à l'anthropologie puis aux sciences humaines en général. Se penchant sur les relations de parenté au sein des sociétés dites « primitives «, il entreprit de montrer que celles-ci sont régies par des lois
d'association et de dissociation comparables à celles régissant les rapports entre les sons au sein d'une langue. Partant de l'universalité de l'interdiction de l'inceste, modulée de façon extrêmement variée dans les différents groupes humains, LéviStrauss analyse ces derniers comme autant de variations au sein d'une combinatoire.
6
LA NOTION DE « COUPURE ÉPISTÉMOLOGIQUE «
Au seuil de l'entreprise structuraliste se situe le souci d'une « rupture épistémologique « (selon l'expression de Gaston Bachelard), soit la volonté de se démarquer par rapport aux discours antérieurs portant sur le même objet. Précisément dans la
mesure où les processus sociaux sont régis par des lois qui demeurent inconscientes, une « coupure « est nécessaire pour marquer le passage des discours idéologiques qui ne font que refléter les structures sociales dans lesquelles ils sont insérés, à
un discours scientifique ou théorique qui s'attache à les mettre au jour comme à la base des pratiques sociales.
7
UN STRUCTURALISME PHILOSOPHIQUE ?
L'existence, et même la possibilité d'un structuralisme philosophique, ne vont donc pas sans poser un certain nombre de problèmes, dans la mesure où d'une part certains structuralistes, travaillant à l'intérieur d'une science (Lévi-Strauss en
anthropologie, Lacan en psychanalyse) refusent la qualification de « philosophes « et voient même dans l'adoption de la démarche structuraliste la rupture décisive à l'égard de la tradition philosophique, -- cette démarche suffisant à arracher
définitivement son objet à la philosophie qui avait pu précédemment le considérer comme une partie de son domaine --, et où, d'autre part, les philosophes qualifiés de « structuralistes « (Foucault, Derrida), considérant que cette démarche même
appelait à son tour une réflexion philosophique quant à ses présupposés et ses enjeux, n'ont, quant à eux, jamais accepté pour leur part sans multiplier les réserves cette qualification de « structuralistes «.
Il existe, en tout état de cause, non pas un mais des structuralismes qui, s'ils ont en commun une méthode, sont animés, comme l'a remarqué Jean Piaget (le structuralisme) d'intentions critiques bien différentes, voire contradictoires en fonction des
champs d'investigation divers auxquels cette méthode est appliquée.
Louis Althusser (dans Pour Marx et Lire le Capital, 1965) entreprend de soustraire Marx à une interprétation humaniste et historiciste en mettant l'accent sur les structures économiques et sociales dégagées par le Capital. Il développe une théorie de la
praxis, de la pratique collective, comme processus de transformation sans sujet.
Jacques Lacan, dans ses Écrits (1966) proclame que « l'inconscient est structuré comme un langage «, critique l'egopsychologie américaine qui vise à l'autonomie du sujet et souligne que « la découverte de Freud, c'est que l'Homme n'est pas tout à
fait dans l'Homme : Freud n'est pas un humaniste «.
Michel Foucault, dans les Mots et les choses (1966) voit lui aussi dans la mort de l'Homme et l'effacement du sujet le point d'aboutissement ultime des sciences humaines.
Jacques Derrida, dans De la grammatologie et l'Écriture et la différence (1967), en adressant à Saussure et à sa postérité structuraliste le reproche de « phonocentrisme «, c'est-à-dire de privilégier dans la langue sa forme verbale et « sonore « en
secondarisant sa forme écrite, en faisant de l'écriture « le signe d'un signe «, un signe au deuxième degré, inaugure ce que les américains appellent le poststructuralisme.
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structuralisme (sciences humaines) - philosophie.
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PRÉSENTATION
structuralisme (sciences humaines), courant de pensée issu de la linguistique, qui marqua la psychanalyse, la philosophie et l'anthropologie françaises des années 1960-1970, et se caractérisait par l'affirmation du primat de la structure sur
l'événement ou le phénomène.
Le mouvement apparut dans les années 1950 à la suite de la thèse fondatrice de Lévi-Strauss, les Structures élémentaires de la parenté, (1949) et connut son apogée dans les années 1960, pour décliner à la fin des années 1970. Ce courant, dont
l'unité est toujours restée problématique, est principalement marqué par les noms de Lévi-Strauss, d'Althusser, de Lacan, de Foucault et de Derrida.
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LE STRUCTURALISME COMME THÉORIE
Malgré l'extrême diversité des pensées auxquelles renvoient ces noms, on peut tenter de définir ce qui fait leur commune appartenance au structuralisme : l'affirmation du primat de la structure sur l'événement ou le phénomène. Les processus
sociaux se déploient dans le cadre de structures fondamentales qui restent le plus souvent inconscientes. Il existe un décalage entre ce que les hommes vivent et ce qu'ils ont conscience de vivre, et c'est ce décalage, qui rend les discours, que les
hommes tiennent sur leur conduite, impropres à rendre compte de façon adéquate des processus sociaux effectifs. De même que c'est la langue qui produit du sens par son jeu de différences, de même c'est l'organisation sociale qui génère certaines
pratiques et certaines croyances propres aux individus qui en dépendent.
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LE STRUCTURALISME COMME MÉTHODE
Le structuralisme a pour champ d'application tout ce qui « offre un caractère de système « (Lévi-Strauss), c'est-à-dire tout ce dont aucun élément ne peut être modifié ou supprimé sans que cela entraîne une modification de l'ensemble. La démarche
structuraliste consiste à expliquer un phénomène à partir de la place qu'il occupe au sein du système dans lequel il est inséré, suivant des lois d'association et de dissociation supposées immuables. Le structuralisme privilégie donc par principe
l'approche « synchronique « -- c'est la coexistence des éléments au sein d'un même ensemble à un même moment du temps qui fournit l'intelligibilité -- au détriment de l'approche « diachronique « -- la recherche de la genèse ou de l'histoire de
chaque élément pris isolément.
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L'APPORT DE LA LINGUISTIQUE
Au point de départ du structuralisme se situe la volonté de prendre en compte les apports d'une science nouvelle, la linguistique. Dans son Cours de linguistique générale (publication posthume en 1916), Ferdinand de Saussure avait révolutionné
l'approche du langage en montrant que toute langue constitue un système au sein duquel les signes se combinent et évoluent d'une façon qui s'impose aux locuteurs et selon des lois qui leur échappent.
En développant la phonologie, Nicholas Troubetskoï a appliqué le programme de Saussure à l'étude des sons en montrant suivant quelles lois ils se combinent dans les différentes langues. « Pour la première fois, écrit Lévi-Strauss, une science sociale
[ parvenait ] à formuler des relations nécessaires «, en l'occurrence entre les sons de la langue ; à rendre compte de la diversité des phénomènes en la ramenant à des lois générales d'association et de dissociation échappant à la conscience des
locuteurs.
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L'EXTENSION À L'ANTHROPOLOGIE ET AUX SCIENCES HUMAINES EN GÉNÉRAL
Prenant acte des succès enregistrés par cette révolution de méthode opérée en linguistique, et qui semblait avoir donné, pour la première fois, à une science sociale une précision et une rigueur équivalentes à celles des sciences de la nature, LéviStrauss entreprit d'étendre cette même révolution à l'anthropologie puis aux sciences humaines en général. Se penchant sur les relations de parenté au sein des sociétés dites « primitives «, il entreprit de montrer que celles-ci sont régies par des lois
d'association et de dissociation comparables à celles régissant les rapports entre les sons au sein d'une langue. Partant de l'universalité de l'interdiction de l'inceste, modulée de façon extrêmement variée dans les différents groupes humains, LéviStrauss analyse ces derniers comme autant de variations au sein d'une combinatoire.
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LA NOTION DE « COUPURE ÉPISTÉMOLOGIQUE «
Au seuil de l'entreprise structuraliste se situe le souci d'une « rupture épistémologique « (selon l'expression de Gaston Bachelard), soit la volonté de se démarquer par rapport aux discours antérieurs portant sur le même objet. Précisément dans la
mesure où les processus sociaux sont régis par des lois qui demeurent inconscientes, une « coupure « est nécessaire pour marquer le passage des discours idéologiques qui ne font que refléter les structures sociales dans lesquelles ils sont insérés, à
un discours scientifique ou théorique qui s'attache à les mettre au jour comme à la base des pratiques sociales.
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UN STRUCTURALISME PHILOSOPHIQUE ?
L'existence, et même la possibilité d'un structuralisme philosophique, ne vont donc pas sans poser un certain nombre de problèmes, dans la mesure où d'une part certains structuralistes, travaillant à l'intérieur d'une science (Lévi-Strauss en
anthropologie, Lacan en psychanalyse) refusent la qualification de « philosophes « et voient même dans l'adoption de la démarche structuraliste la rupture décisive à l'égard de la tradition philosophique, -- cette démarche suffisant à arracher
définitivement son objet à la philosophie qui avait pu précédemment le considérer comme une partie de son domaine --, et où, d'autre part, les philosophes qualifiés de « structuralistes « (Foucault, Derrida), considérant que cette démarche même
appelait à son tour une réflexion philosophique quant à ses présupposés et ses enjeux, n'ont, quant à eux, jamais accepté pour leur part sans multiplier les réserves cette qualification de « structuralistes «.
Il existe, en tout état de cause, non pas un mais des structuralismes qui, s'ils ont en commun une méthode, sont animés, comme l'a remarqué Jean Piaget (le structuralisme) d'intentions critiques bien différentes, voire contradictoires en fonction des
champs d'investigation divers auxquels cette méthode est appliquée.
Louis Althusser (dans Pour Marx et Lire le Capital, 1965) entreprend de soustraire Marx à une interprétation humaniste et historiciste en mettant l'accent sur les structures économiques et sociales dégagées par le Capital. Il développe une théorie de la
praxis, de la pratique collective, comme processus de transformation sans sujet.
Jacques Lacan, dans ses Écrits (1966) proclame que « l'inconscient est structuré comme un langage «, critique l'egopsychologie américaine qui vise à l'autonomie du sujet et souligne que « la découverte de Freud, c'est que l'Homme n'est pas tout à
fait dans l'Homme : Freud n'est pas un humaniste «.
Michel Foucault, dans les Mots et les choses (1966) voit lui aussi dans la mort de l'Homme et l'effacement du sujet le point d'aboutissement ultime des sciences humaines.
Jacques Derrida, dans De la grammatologie et l'Écriture et la différence (1967), en adressant à Saussure et à sa postérité structuraliste le reproche de « phonocentrisme «, c'est-à-dire de privilégier dans la langue sa forme verbale et « sonore « en
secondarisant sa forme écrite, en faisant de l'écriture « le signe d'un signe «, un signe au deuxième degré, inaugure ce que les américains appellent le poststructuralisme.
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