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Stances à marquise

Publié le 09/03/2022

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« Corneille, « Stances à Marquise » : corrigé de l'évaluation Problématique : Comment Corneille détourne -t-il le motif du carpe diem à son profit ? Dans les « Stances à Marquise », Corneille convoque la tradition [topos, ou motif conviennent également] du carpe diem pour mieux la détourner avec humour et cruauté.

Mais ce détournement est en réalité mis au service d'un chantage fait à la jeune femme par lequel le poète la menace et cé lèbre sa propre gloire. I.

1. Corneille convoque le motif du carpe diem pour mieux séduire Marquise.

Comme Ronsard et Malherbe, il personnifie le temps pour souligner sa cruauté et son caractère destructeur : « le temps aux plus belles choses / Se plaît à faire un affront » (v.

5 -6).

Corneille reprend également la métaphore de la rose pour évoquer la jeunesse et la beauté éphémères de la femme : « Et saura faner vos roses » (v.

7).

Le champ lexical du corps vieillissant complète le portrait et fait le para llèle entre le vieillissement du poète et celui, annoncé, de la jeune femme : « si mon visage / a quelques traits un peu vieux » (v.

1 -2), « faner vos roses » / « ridé mon front » (v.

7 -8).

on retrouve le topos du memento mori à travers l'impératif: « souvenez -vous ».

Les conseils donnés à la jeune femme (« Pensez -y », v.

29) ainsi que les nombreuses adresses directes qui lui sont faites (apostrophes, impératifs, déterminants possessifs et pronoms personnels de la deuxième personne du pluriel) font direc tement écho au poème : « Quand vous serez bien vieille » de Ronsard : « Vivez, si m'en croyez, n'attendez à demain / Cueillez dès aujourd'hui les roses de la vie ». I.2. Cependant, Corneille fait preuve d'une certaine originalité dans la réutilisation du topos.

Tout d'abord, il n'hésite pas à peindre son propre vieillissement avec réalisme et autodérision « si mon visage a quelques traits un peu vieux » (v.

1 -2) ; « ridé mon front » (v.

8) ; « quoiqu'un grison fasse effroi » (v.

30).

De plus, les beautés d e Marquise, loin d'être représentées de façon idéalisée, suggèrent les plaisirs charnels avec une certaine grivoiserie.

Le poète emploie la métaphore traditionnelle de la rose pour suggérer le caractère éphémère de la beauté féminine mais en utilisant le t erme au pluriel, précédé par un déterminant possessif qui ne laisse pas d'équivoque : « Et saura faner vos roses » (v.

7).

On peut rapprocher cette expression du vers 17 dans lequel Comeille évoque les charmes de Marquise : « Vous en avez qu'on adore ». 1.3. L'amour est représenté dans le réalisme des plaisirs de la chair.

La femme n'est plus une muse idéalisée.

Enfin, c'est avec une certaine cruauté que Comeille évoque le vieillissement inexorable de la jeune femme : « Vous ne vaudrez guère mieux » (v.

4) ; « saura faner vos roses » (v.

7) ; « Mais ceux que vous méprisez / Pourraient bien durer encore / Quand ceux -là seront usés » (v.

18 -20).

Les termes n’évoquent pas une célébration de la femme aimée, ni un conseil de sagesse épicurienne : ils appellent à une sorte de transaction économique qui s'adresse à la raison de Marquise. Car si Corneille détourne le motif de carpe diem, c'est pour mieux poursuivre son but : proposer à Marquise une sorte de « marché ».

En lui cédant, Marquise pourra bénéficier des pouvoirs du poète.

Le poète détourne donc le motif du carpe diem à son profit. II.

1. Les « Stances à Marquise » ne sont en effet pas une leçon de sagesse épicurienne.

Le poète se livre à un véritable chantage au cours duquel il n'hésite pas à menacer la jeune femme.

Il se présente tout d'abord comme triomphant de l'épreuve des ans.

Comme Ronsard, Corneille affirme avec force que son nom traversera les siècles et que sa parole sera encore entendue : « Pour n'avoir pas trop d'alarmes /. »

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