Sri Lanka (2003-2004): Victoire de la gauche et des nationalistes
Publié le 24/09/2020
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Sri Lanka (2003-2004): Victoire de la gauche et des nationalistes
Les élections législatives anticipées du 2 avril 2004, suscitées par la
présidente Chandrika Bandaranaïke Kumaratunga, à la tête de l’Alliance populaire
(PA, gauche), ont révélé l’opinion divisée de la population sur les pourparlers
de paix, engagés par son rival de droite et ex-Premier ministre, Ranil
Wickramasinghe, à la tête de l’UNP (Parti national uni), avec les Tigres de
libération de l’Eelam tamoul (LTTE, séparatistes) à partir de septembre 2002.
Estimant avoir été tenue à l’écart des négociations de paix, la présidente
affirmait que les conditions de résolution du conflit, qui dure depuis vingt
ans, envisagées par l’UNP, mettaient en péril l’unité du pays.
Dans le contexte
d’une alliance avec le Front de libération du peuple (JVP, parti révolutionnaire
d’extrême gauche, interdit pendant les années 1980), elle promettait de
reprendre les négociations dans des termes acceptables par tous.
Toutefois, en dépit de la contre-performance de l'UNP, qui n'a obtenu que 82
sièges au Parlement (contre 109 en décembre 2001), cette alliance, l’UPFA
(Alliance pour la liberté du peuple uni), était dans l'incapacité d'asseoir la
majorité.
En ne remportant que 105 des 225 sièges à pourvoir, la présidente
allait devoir exploiter les divisions au sein de l'opposition, parmi laquelle,
pour la première fois, le parti ultranationaliste de l'héritage national
cinghalais (JIU), porté par des moines bouddhistes de tous bords et qui a obtenu
9 sièges.
Dans le nord et l’est du pays, où les tentatives d’intimidation et l’assassinat
de plusieurs candidats ont entaché le processus électoral, les LTTE, qui avaient
temporairement et unilatéralement interrompu les pourparlers de paix au
printemps 2003, ont choisi de faire cavalier seul au travers de l’Alliance
nationale tamoule (TNA), rassemblant 4 partis tamouls.
Dénonçant les conflits au
sein de la cohabitation comme frein aux négociations, la TNA a obtenu 22 sièges
au Parlement contre un pour l’EPDP (Parti démocratique populaire de l'Eelam), le
principal parti d’opposition aux LTTE, allié de l’UPFA.
Des différends ont
cependant vu le jour au sein même des LTTE.
Dans l’est du pays, Vinayagamourthi
Muralitharan, alias colonel Karuna, présent sur de nombreux champs de bataille,
a annoncé sa rupture avec le dirigeant des Tigres, Velupillai Prabhakaran, qu’il
accuse de privilégier les Tamouls du Nord.
L’armée sri-lankaise, qui a nié soutenir le dissident, a convenu du maintien du
cessez-le-feu en vigueur avec les LTTE.
Une invitation à la reprise du dialogue
a été lancée par la présidente Bandaranaïke Kumaratunga.
Les élections d’avril 2004 ont également exprimé une sanction de la politique
économique libérale menée par l’UNP.
En dépit d’une croissance de plus de 5 % en
2003, 25 % de la population continuait de vivre en dessous du seuil de pauvreté.
Outre la question de la résolution du conflit et de la reconstruction, la
capacité du gouvernement à maîtriser les disparités économiques régionales
accrues ainsi que l’inflation (6,3 %) apparaissaient comme des enjeux majeurs
pour la stabilité du pays..
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