Sri Lanka (1999-2000): Remontée en puissance des LTTE
Publié le 24/09/2020
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Sri Lanka (1999-2000): Remontée en puissance des LTTE
Exploitant la période d'incertitude politique liée aux échéances électorales
(l'élection présidentielle ayant été avancée), et forte de moyens financiers et
militaires accrus, l'organisation séparatiste tamoule des LTTE (Tigres de
libération de l'Eelam tamoul) a fait pencher en sa faveur le rapport de forces,
en attaquant sur deux fronts.
Dans le sud de l'île, à majorité cinghalaise, elle
a repris ses attentats meurtriers, visant le leader tamoul modéré le plus
influent, Neelan Thiruchelvam (assassiné en juillet 1999), puis la présidente,
Mme Chandrika Kumaratunga, sérieusement blessée lors d'un meeting électoral à
Colombo en décembre 1999.
Dans le Nord, à majorité tamoule, les LTTE ont
entrepris une offensive militaire face à une armée mal commandée et démoralisée,
amorçant la reprise de contrôle de la péninsule de Jaffna en mai 2000.
En
revanche, Mme Kumaratunga a conservé une légitimité démocratique incontestable,
ayant été réélue présidente avec plus de 51 % des voix le 21 décembre 1999 et
ayant obtenu le concours de son principal rival, Ranil Wickramasinghe, leader du
Parti national uni, pour engager un processus de négociation et de réforme
constitutionnelle concernant le statut des régions tamoules.
Mais, après les
revers militaires subis, les élections parlementaires devant se tenir avant août
2000 risquaient de ne pas favoriser l'Alliance populaire, son parti.
En effet,
la jeunesse cinghalaise restait attirée par la phraséologie révolutionnaire du
Janata Vimukthi Peramuna (Front de libération du peuple, nationaliste), puissant
dans l'extrême sud de l'île.
Surtout, les perspectives de négociations entre le
gouvernement et les séparatistes, qu'une tentative de médiation norvégienne
laissait escompter au début de l'année 2000, demeuraient incertaines.
En position de faiblesse militaire, le gouvernement a cherché des appuis auprès
de l'Inde, qui ne s'est pas engagée concrètement (des partis influents et des
hommes politiques tamouls ont pris position en faveur des LTTE), et auprès
d'Israël, qui fournit depuis longtemps du matériel militaire au pays, et avec
qui les relations diplomatiques ont été renouées en mai 2000.
Les États-Unis, le
Canada et l'Australie, plus que l'Europe, ont de leur côté durci leur position à
l'égard des réseaux de la diaspora tamoule sri-lankaise, qui financent
l'organisation séparatiste illégale, devenue à l'issue de plus de vingt ans
d'existence une puissante entreprise internationale au plan financier (taxation
de la diaspora, investissements offshore) et commercial (cargos transportant
armes, bois tropicaux, voire drogue, entre l'Asie du Sud-Est, le Moyen-Orient,
l'Europe orientale et l'Afrique du Sud).
L'économie du pays, qui avait échappé à la crise financière est-asiatique, a
continué de souffrir des effets du conflit (taux de croissance de 4,0 % en 1999,
au lieu de 4,7 %).
La Bourse de Colombo est apparue au plus bas, les profits des
deux principaux secteurs à l'exportation, la confection et le thé, étant en
baisse.
En revanche, la croissance paradoxale du tourisme (+ 20 %) et celle des
envois de fonds par les Sri-Lankais émigrés ont permis de maintenir une réserve
de devises supérieure à cinq mois d'importations..
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