Sri Lanka (1998-1999): Guerre sans merci avec l'insurrection tamoule
Publié le 24/09/2020
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Sri Lanka (1998-1999): Guerre sans merci avec l'insurrection tamoule
Quinze ans après le début de la guerre opposant l'armée gouvernementale (plus de
100 000 hommes) et les troupes indépendantistes des Tigres de libération de
l'Eelam tamoul (LTTE), aucune issue militaire ni politique ne se dessinait.
L'inflexibilité du chef de la guérilla tamoule, Vellupillai Prabhakaran, et
l'opportunisme du leader de l'opposition, Ranil Wickramasinghe, ont vidé de leur
substance les propositions du gouvernement de Mme Chandrika Kumaratunga
(établissement d'un régime quasi fédéral donnant une autonomie poussée aux
régions tamoules du nord et de l'est de l'île) ; les milieux d'affaires et des
personnalités bouddhistes et chrétiennes ont néanmoins tenté d'ouvrir un espace
de négociation.
En raison des pertes élevées et des désertions, Colombo a renoncé à s'emparer de
la route qui lui aurait permis de désenclaver ses troupes occupant la péninsule
septentrionale de Jaffna, où se concentre la majorité de la population tamoule.
Les LTTE ont cherché à empêcher la normalisation de cette région en assassinant
à deux reprises les maires élus de la métropole du Nord, en attaquant des
convois maritimes d'approvisionnement et de transport de civils, et en abattant
un avion d'une compagnie privée.
Dans le Sud, ils ont organisé un attentat
spectaculaire contre le temple de la Dent du Bouddha à Kandy, en janvier 1998.
Leur puissance repose largement sur leur organisation internationale (appuis et
moyens financiers considérables venant de la diaspora), ainsi que sur une
logistique très sophistiquée, qui en fait l'un des systèmes mafieux les plus
efficaces du monde.
La guerre affecte gravement une population civile directement exposée dans le
Nord et l'Est (centaines de milliers de personnes déplacées et dizaines de
milliers de victimes principalement chez les Tamouls).
Dans le Sud, la
population cinghalaise, majoritaire, est lasse d'un conflit qui pèse sur
l'activité économique, fait de nombreuses victimes chez les jeunes recrues, et
engendre une violence sociale et politique endémique.
Ainsi les élections
locales tenues en janvier 1999 et remportées par l'Alliance populaire de Mme
Kumaratunga ont-elles été entachées de nombreux incidents, augurant mal des
prochaines échéances politiques (présidentielles et législatives prévues en
2000).
La croissance économique s'est légèrement ralentie (environ 5 % en 1998), en
raison de l'effondrement monétaire survenu en Asie du Sud-Est à l'été 1997
(destinations touristiques concurrentes) et en Russie (gros acheteur de thé) un
an plus tard.
La Bourse de Colombo a été désertée par les investisseurs
internationaux inquiets de la crise asiatique, de la course aux armements
indo-pakistanaise (printemps 1998), et de la poursuite du conflit avec les
insurgés tamouls, qui ponctionne au moins un quart des ressources de l'État.
Le
gouvernement de Mme Kumaratunga (à la tête de l'Association de l'Asie du Sud
pour la coopération régionale - SAARC - en 1998-1999) conservait toutefois une
image positive dans la région et dans le monde; Lakshman Kadirgamar, ministre
des Affaires étrangères d'origine tamoule, maniait avec doigté les relations
avec l'Inde et le Pakistan et a obtenu de plusieurs gouvernements occidentaux la
dénonciation comme terroristes des activités des LTTE..
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