Sri Lanka (1991-1992)
Publié le 24/09/2020
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Sri Lanka (1991-1992)
Dans le conflit déclenché depuis plus d'une décennie par les séparatistes
tamouls, l'année 1991-1992 a été marquée par une modification des rapports de
forces en faveur du gouvernement sri-lankais, sans pour autant que soit écartée
l'éventualité d'une division du pays.
Après la reprise des combats en 1990, les LTTE (Tigres de libération de l'Eelam
tamoul), basés dans la péninsule de Jaffna, se trouvaient en position de force,
ayant éliminé les groupes rivaux et affermi leur contrôle des régions de jungle
au nord et à l'est du pays.
Tandis que les LTTE multipliaient les actions
terroristes contre la minorité musulmane qui se refusait à joindre leur cause,
les forces paramilitaires sri-lankaises répétaient les représailles dans l'est
du pays contre les civils tamouls.
Forts de leurs succès apparents, les LTTE commirent une série d'attentats
spectaculaires: assassinat en mars 1991 du ministre de la Défense, Ranjan
Wijeratne, à Colombo, assassinat non revendiqué du Premier ministre Rajiv Gandhi
en Inde du Sud, en mai, et attaque à la bombe en juin contre le quartier général
de l'armée à Colombo.
L'attentat contre Rajiv Gandhi suscita en Inde une
profonde émotion, se traduisant par un succès électoral du Parti du Congrès et
de ses alliés, et se retourna contre ses auteurs présumés, leur faisant perdre
une base arrière vitale: depuis plusieurs années, les dirigeants de Madras
(capitale de l'État du Tamil Nadu) et la masse de la population tamoule indienne
étaient excédés par le climat de violence que les LTTE y faisaient régner.
En août 1991, la bataille lancée contre l'armée régulière pour annihiler le camp
d'Elephant Pass, contrôlant l'accès de la péninsule de Jaffna, tourna au
détriment des LTTE.
Les forces de Colombo reprirent l'offensive à partir de
septembre, s'emparant de quelques bases et des îles entourant Jaffna.
Début
1992, de part et d'autre, des ouvertures étaient faites en vue de négociations,
mais les tenants d'une ligne dure les firent avorter.
Dans le Sud à majorité cingalaise, la menace du JVP (Janata Vimukthi Peramuna,
Front de libération du peuple) avait été réduite à néant par une répression
sanglante (sans doute plusieurs dizaines de milliers de victimes).
Mais en dépit
du succès de l'UNP (Parti national uni, au pouvoir) aux élections locales de mai
1991 (majorité dans 80% des conseils régionaux et municipaux), une fronde se
développa contre le président Ranasinghe Premadasa, accusé de corruption,
d'autoritarisme et de trahison par deux de ses rivaux au sein de l'UNP.
La
procédure d'impeachment (destitution) qu'ils avaient lancée échoua, et ses
auteurs contraints à la démission fondèrent un nouveau parti, le DUNF (Front
démocratique national uni), qui se rapprocha de l'opposition affaiblie par la
mauvaise santé de son leader vieillissant, Mme Sirimavo Bandaranaïke.
La situation économique du pays s'est améliorée en 1991: croissance de 4,8%,
inflation de 9%, balance des paiements redevenue positive grâce à la reprise du
tourisme, aux investissements en provenance d'Asie orientale et à une bonne
conjoncture pour le thé.
Mais la dépendance vis-à-vis des crédits de la Banque
mondiale est restée entière: les pressions qu'elle exerce en faveur de la
reprivatisation des entreprises d'État, des plantations et des banques
commerciales, et de la réduction des dépenses sociales, est susceptible.
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