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Sri Lanka (1989-1990)

Publié le 24/09/2020

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« Sri Lanka (1989-1990) De 1988 à 1990, la situation politique n'a cessé de se dégrader dans l'ensemble de l'île, au point que Sri Lanka est devenu l'un des pays du monde où la guerre civile est la plus meurtrière - davantage qu'au Liban -, les évaluations se situant entre 12 000 et 40 000 victimes pour les deux années 1988-1989.

Cette situation dramatique s'explique par la superposition d'une série de conflits. La lutte entre les militants tamouls du LTTE (les Tigres de l'Eclam Tamoul) et l'armée indienne, relayée par des groupes tamouls qu'elle a armés (l'Armée nationale tamoule), s'est poursuivie jusqu'à la fin de 1989.

Mais le conflit le plus meurtrier a opposé le gouvernement de Ranasinghe Premadasa issu des élections présidentielles de décembre 1988, marquées par la violence et les fraudes, et des législatives de février 1989, au JVP (Janata Vimukthi Peramuna, Front de libération du peuple).

Cette organisation extrémiste cinghalaise, en dénonçant l'accord indo-sri-lankais de 1987 (aux termes duquel les troupes indiennes étaient intervenues dans l'île) comme un abandon de souveraineté, et en accusant de corruption et de trahison l'ensemble de la classe dirigeante, a obtenu l'appui d'une fraction importante de la jeunesse cinghalaise.

Le JVP a lancé une campagne de terreur et d'intimidation contre les membres du parti au pouvoir, les militants de l'opposition démocratique qui avaient approuvé l'accord de 1987, puis contre les policiers, les militaires et leurs familles. En désorganisant les échanges, les services de santé et l'enseignement par des grèves répétées, le JVP a créé un intense sentiment d'insécurité que le gouvernement, après une période de désarroi, a retourné à son profit. A partir du milieu de 1989, ce sont les milices armées par le gouvernement qui ont pratiqué une répression brutale et sans discrimination contre les villages soupçonnés d'abriter des sympathisants du JVP, surtout dans l'extrême sud du pays ; l'armée et la police sont protégées par l'immunité que leur confèrent les lois d'exception mises en place pour lutter contre la rébellion tamoule.

La multiplication des armes a entraîné une généralisation de la violence qui déborde le cadre politique: les règlements de compte crapuleux sont devenus monnaie courante. Cependant, le gouvernement Premadasa a apparemment redressé sa situation politique.

Il a d'abord obtenu, à la faveur de l'échec électoral de Rajiv Gandhi, le retrait des troupes indiennes de l'île, effectif au 31 mars 1990, ce qui a ôté à la propagande du JVP et à celle du LTTE leur principal argument.

Il a ensuite négocié avec le LTTE, entre juin 1989 et février 1990, un cessez-le-feu assorti de l'engagement du LTTE d'entrer dans le processus électoral, qui s'est traduit par la prise de contrôle des régions du Nord et de l'Est par les "Tigres" au fur et à mesure de leur évacuation par les Indiens. Enfin, il a éliminé la totalité des dirigeants du JVP, y compris son chef, Rohana Wijeweera, en novembre 1989. Mais les séquelles de la violence, combinées au délabrement de l'économie résultant de près d'une décennie de guerre et d'incurie, risquent d'être fatales à ce qui reste d'État de droit, en accentuant l'évolution politique vers une forme de dictature, à moins qu'elles n'aboutissent à un émiettement de l'autorité selon un processus de type libanais.. »

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