SPONDE Jean de
Publié le 06/11/2020
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À l'encontre de Jean-Baptiste Chas-signet, cet autre poète de style baroque, qui partage avec lui cette étrange attirance pour un thème aussi insoutenable que la mort, Sponde est un raffiné, et même un sensuel. C'est le huguenot, chez lui, qui s'invente ce supplice spirituel, guignant d'un oeil, à l'occasion, vers ce qu'il nomme en tremblant la vie orgueilleuse et se forçant (Chassignet, lui, ne se forçait aucunement, car ne sauraient loucher ceux que Dieu fit borgnes) à garder l'autre du côté des « fins dernières ». Voir, par exemple, le sonnet justement célèbre qui commence et finit par cette même phrase : Mais si faut-il mourir. Dans la Cité de Dieu, cet hésitant compte bien trouver un point stable, enfin, où son coeur divisé pourra s'installer dans la paix
«
SPONDE
Jean de
1557-1595
Poète, né à Mauléon.
Son père, Inigo de Sponde, Espagnol de reli
gion protestante, sera égorgé par les li
gu eurs.
Compagnon d'Henri IV, le
j�une poète, quelque peu débauché, et par suite endetté, abjure en
même temps que le roi, qui lui donne un emploi, tout honorifique, à l:.a
Rochelle.
Mais il n'en profite
guère,
et meurt, assez mal en point, à
moins de trente-huit ans.
Il a juste le temps de composer sur son lit
d'hôpital, en 1594, un dérisoire plaidoyer pro domo: Déclaration des
principaux motifs qui induisent le sieur de Sponde à s'unir à l'Église catho
lique (heureux les rois, qui abjurent sans tant de complexes!).
Intrai
table sur ce chapitre de la fidélité à son idéal, Agrippa d'Aubigné fera
des gorges chaudes de son coreligionnaire et de sa fin prématurée et
pitoyable : « Le pauvre Sponde, ayant sacrifié son âme pour la Messe, a
tellement été pipé qu'il a vu, avant de mourir, ses enfants aux portes, s-à
femme au bordel, et sa personne à l'hôpital.
»
D'une œuvre considérable (pour l'essentiel: des éditions savantes
d'Aristote, d'Homère, d'Hésiode) il ne resterait rien, si ses poèmes, peu
nombreux mais d'une rare densité, n'avaient été retrouvés à Cambridge
en 1939 par un érudit anglais, Alan Boase.
Poésie religieuse, d'une part.
»
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