spinoza
Publié le 22/05/2020
Extrait du document
«
« La fin de l'État n'est pas de faire passer les hommes de la condition d'êtres raisonnables à celle
de bêtes brutes ou d'automates, mais au contraire il est institué pour que leur âme et leur corps
s'acquittent en sûreté de toutes leurs fonctions, pour qu'eux‐mêmes usent d'une Raison libre, pour
qu'ils ne luttent point de haine, de colère ou de ruse, pour qu'ils « supportent sans malveillance les
uns les autres. La fin de l'État est donc en réalité la liberté. Nous avons vu aussi que, pour former l'État,
une seule chose est nécessaire : que tout le pouvoir de décréter appartienne soit à tous collectivement, soit à
quelques‐uns, soit à un seul.
Puisque, en effet le libre jugement des hommes est
extrêmement divers, que chacun peut être seul à tout savoir et qu'il est impossible que tous opinent
pareillement et parlent d'une seule bouche, ils ne pourraient vivre en paix si l'individu n'avait renoncé à son
droit d'agir suivant le seul décret de sa pensée.
C'est donc seulement au droit d'agir par son propre décret qu'il
a renoncé, non au droit de raisonner et de juger ; par suite nul à la vérité ne peut, sans danger pour le
droit du souverain, agir contre son décret, mais il peut avec une entière liberté opiner et juger et
en conséquence aussi parler, pour qu'il n'aille pas au‐delà de la
simple parole ou de l'enseignement, et qu'il défende son opinion par la raison seule, non par la ruse, la colère
ou la haine. ».
»
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