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Spinoza (1632-1677): LA SERVITUDE PASSIONNELLE

Publié le 18/06/2020

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« A. Mécanisme des passions C'est en effet l'imagination qui préside au développement des passions. Elle procède par rapprochements, associations, ressemblances vagues, causalités illusoires, - loin de tout rapport conforme à l'ordre réel des choses. Subir des passions, c'est avoir l'âme passive, c'est-à-dire ignorante des causes. ? Voyons à l'œuvre la logique passionnelle. Si j'ai vécu mon plus grand chagrin au printemps, cette saison sera cause de tristesse, sans raison qui tienne au printemps lui-même. De même, si je subis un outrage d'un homme membre d'une communauté quelconque, je garderai une méfiance irrationnelle envers tous les membres de cette communauté, par simple généralisation. Si une chose qui m'agace a une ressemblance avec une autre que j'aime, je la haïrai et l'aimerai en même temps : c'est le flottement de l'âme, ou ambivalence. ...»

« 111 ,~ .. ~ - ~ J Spinoza _(1632:1677) _ LA SERVITUDE PASSIONNELLE L es ho mm es c h e rc h e n t le bonheur, e t pre sque tous so nt ma l­ he ure ux.

E m po r t é s par leurs pa s si on s tristes, ils se haïssent e t se divisent.

Fac e à la fo l ie des h om m es , Spinoza ne blâme ni ne raille, il ch er che à co mpr end re .

L es passio ns d oi v e n t êt re é tud iée s fr oid eme nt « c om me s 'i l é t a i t q u es t i on d e lignes, d e s ur f ac e s e t d e solides ». Les f on d em e nt s de l'affectivité A.

Le con atus 111 Chaque chose, partie de la puissance divine, s'efforce de persévé­ rer dans son être.

Cet effort (conatus) pour s'affirmer, se développer, n'exprime pas un manque, mais une puissance positive. ■ Rapporté à l'âme seule, il s'appelle volonté; rapporté à l'âme et au corps, appétit.

On peut dire que l'appétit est l'essence de l'homme ; tout en lui découle de cette tendance fondamentale, qui, lorsqu'elle est consciente, s'appelle désir. B .

Acti on e t p a s si o n ■ Nous agissons vraiment, nous sommes «a ctif s», lorsque nous sommes par nous-mêmes la cause de nos actes et de nos sentiments. ■ Nous sommes au contraire « passifs » quand nos actes, nos senti­ ments ne s'expliquent pas par nous, mais par des causes extérieures. ■ Or, comme toute partie de la nature, nous subissons nécessairement l'action de causes extérieures.

Nous sommes donc nécessairement en proie aux passions : elles sont les affections du corps et les sentiments de l'âme, dont nous ne sommes pas la cause, et qui nous poussent à certains actes. C.

Joie e t t1istesse, les d e u x passio ns f on da m en ta l es ■ Mais il y a passion et passion.

Toute passion n'est pas mauvaise: si les choses extérieures ont un effet positif sur moi, augmentent ma per­ fection, ma puissance, j'éprouve une joie.

Si elles restreignent ma puis­ sance, ma capacité de penser et d'agir, j'éprouve une tristesse.

Toute joie, signe d'un perfectionnement, est bonne, toute tristesse, signe d'un amoindrissement, est mauvaise.

Le sage s'efforce donc de favo­ riser les passions joyeuses et de chasser les passions tristes. ■ Toute passion dans l'âme est passion dans le corps, et toute action dans l'un est aussi action dans l'autre.

Il est donc absurde de penser que l'âme pourrait se perfectionner au détriment du corps. D.

Amo ur et h ai n e ■ Chacun est naturellement poussé à rechercher la cause de sa joie, à s'unir à elle, et à éloigner, à détruire celle de sa tristesse.

De là naissent 114 = S éq u c .

;c e 16 • Spinoza. »

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