SPÉCIFICITÉ DU DROIT SELON ARISTOTE
Publié le 30/06/2020
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« Loi civile et naturelle Pour Aristote, il n'existe pas d'antagonisme entre la nature et la loi comme le veulent les sophistes: cette distinction permet même de renforcer la valeur de la loi civile. Si celle-ci n'est pas la loi naturelle, elle s'appuie sur elle : le législateur doit en effet nécessairement tenir compte des lois de la nature, de la réalité; par exemple la législation sur l'usage du feu ne saurait ignorer la nature du feu. On peut donc considérer qu'au-delà du droit positif, il existe un droit naturel, objectif, fondé sur la nature des choses, que manifeste le droit positif et qui lui sert de modèle. Mais ce droit naturel est-il la même chose que la justice? Ou faut-il encore distinguer la loi (nomos) de la justice (diké)? Justice générale et lustice particulière En rejetant la conception platonicienne d'un Bien universel et absolu, Aristote refuse l'idée d'une Justice transcendante. Cependant, il existe bien pour lui une justice générale, qui est la loi morale, universellement valable. « Il y a une justice et une injustice dont tous les hommes ont comme une divination et dont le sentiment leur est naturel est commun, même quand il n'existe entre eux aucune communauté ni aucun contrat. » (Rhétorique, 1373b). Cette loi morale, c'est ...»
«
�;PÉCIFICITÉ
DU DROIT
SELON ARISTOTE
( omme son maître Platon, Aristote
(384-322 av.
J.-c.J a exercé une
influence capitale sur la philosophie
occidentale en général et sur celle du droit
en particulier.
On a même pu dire que
c'est Arist
,ote
qui " fut probablement le
fondateur de la philosophie du droit, si
l'on prend ce mot au sens strid "
(M.
Villey, Philosophie du droit).
C'est
en tous cas la dodrine aristotélicienne du
droit qui domina, à travers ses
interprètes scolastiques ( surtout Thomas
d'Aquin), du XIII• au XVII• siècle.
loii civile
et naturelle ce
qui doit régler la conduite des
hommes, de tous les hommes:
c'est un art qui concerne la vertu
subjective des individus.
Le « droit » (to dikaion) ne s'identi
fie pas � l'observance ou au désir
d'observance de ces lois morales,
bien qu'il ne soit pas sans rapport
avec elles.
C'est une justice spéci
fique, une justice particulière.
Le droit ne vise pas en effet � faire
qu'un individu soit juste, � le forcer
� être
vertueux.
Le droit est d'abord
une relation : il n'y a pas de droit
pour un individu isolé ; le droit est
un fait social, il n'existe que dans
la cité : il est « politique ».
Le droit
porte ensuite sur des biens, maté
riels ou immatériels (richesses,
honneurs, pouvoirs, etc., mais
aussi peines).
Il porte sur la répar
tition de ces biens : le droit, c'est
donner à chacun selon sa part: ni
plus, ni moins que sa part.
Le droit
a donc pour objet le juste partage
des biens et des charges dans la
société.
�
Un ;uste milieu
Pour Aristote le juste (to dikaion)
est un « juste milieu » (me son).
Sa
morale est ainsi une morale du
juste milieu, de l'équilibre, dans le
sujet, par quoi se définit la vertu.
Pareillement le droit consiste dans
un juste milieu, mais dans les cho
ses, dans leur égale répartition.
Il
revient au juge d'effectuer cette
répartition.
ÉGALITÉS ARITHMÉTIQUE
ET PROPORTIONNELLE
Aristo� dis�*4'a! une double éga
lité:
1) L'égalité arithmétique qui s'établit
en�O des personnes égales.
2) L'égalité géométrique ou propor
tionnelle, qui ne réside pas direc�
ment entre les biens répartis, mais
entre des rappor�X préé�.+X entre
les personnes et les biens (on donne
plus à celui qui a droi� à plus, par son
mérite, sa position sociale, e� .
Pour
Aristote, il n'existe pas d'anta
gonismei entre la nature et la loi
comme le veulent les sophistes:
cette distinction permet même de
renforcer la valeur de la loi civile.
Si celle-ci n'est pas la loi naturelle,
elle s'appuie sur elle : le législateur
doit en Hffet nécessairement tenir
compte des lois dé la nature, de la
réalité; par exemple la législation
sur l'usage du feu ne saurait igno
rer la nature du feu.
On peut donc
considérer qu'au-del� du droit posi
tif, il existe un droit naturel, objec
tif, fondé sur la nature des choses,
que manifeste le droit positif et qui
lui sert de modèle.
LE DROIT NE VAUT
PAS
POUR TOUS
Mais ce droit naturel est-il la même
chose que la justice? Ou faut-il
encore distinguer la loi (nomos) de
la justice (diké)?
Ju�;tice générale
et ;ustice
pairticulière
En rejetant la conception platoni
cienne d'un Bien universel et
absolu, Aristote refuse l'idée d'une
Justice transcendante.
Cependant,
il existe bien pour lui une justice
générale, qui est la loi morale, uni
versellement valable.
« Il y a une
justice et une injustice dont tous
les hommes ont comme une divina
tion et dont le sentiment leur est
naturel eit commun, même quand il
n'existe entre eux aucune commu
nauté ni aucun contrat.
» (Rhétori
que, 1373b).
Cette loi morale, c'est Selon
Aristote, il ne peut donc y
avoir de droit entendu au sens
strict que dans le cadre d'un État
et entre des citoyens, c'est-�
18F2
entre des individus libres et égaux.
Or Aristote nie que tous les hom
mes soient par nature libres et
égaux.
Une inéga lité
naturelle
Il existe en effet selon Aristote des
inégalités naturelles: certains
hommes ont naturellement une
nature d'homme libre, d'autres une
nature d'esclave ; les femmes sont
naturellement inférieures aux hom
mes, etc.
Ainsi le statut juridique
appliqué � ces différents êtres
humains, qui ne leur reconnaît pas
de droit civil, a-t-il un fondement
naturel.
C'est pourquoi, selon Aristote, il n'y
a pas véritablement d'injustice légale
vis-�
Q8I des inférieurs, tels
que les femmes, les esclaves, les
enfants, puisque l'on ne saurait
commettre d'injustice vis-�Q8I de
soi-même et que les femmes, les
esclaves, les enfants, sont une pro
priété de l'homme libre, une partie
de lui-même.
Pas de dro its
de l'homme
Le droit aristotélicien ne reconnaît
donc pas ce droit subjectif que
sont les droits de l'homme.
L'« homme » de ces derniers est en
effet un homme abstrait, général,
universel; or l'homme d'Aristote
est toujours concret: homme,
femme, enfant, adulte, homme
libre, esclave, et tous n'ont pas de
droits, beaucoup n'ayant que des
devoirs.
Pour Aristote seuls certains hom
mes ont des droits..
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