Soudan (2001-2002): Bonnes volontés ambivalentes
Publié le 24/09/2020
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Soudan (2001-2002): Bonnes volontés ambivalentes
La nomination du sénateur John Danforth, le 6 septembre 2001, comme représentant
spécial américain pour le Soudan n'augurait pas de profonds changements dans la
crise soudanaise, mais les conséquences des attentats du 11 septembre 2001 aux
États-Unis allaient démontrer le contraire.
Le gouvernement soudanais n'a pas reproduit les mêmes erreurs qu'en août 1990,
où ses porte-parole avaient acquiescé à l'occupation du Koweït par l'Irak ou, en
juin 1995, lorsque certains avaient déploré l'échec de l'attentat contre le
président égyptien Hosni Moubarak à Addis-Abéba.
Cette condamnation du
terrorisme et, rapidement, celle du chef de réseau clandestin Oussama ben Laden
étaient pourtant problématiques à plusieurs égards.
Le richissime saoudien avait
séjourné de 1991 à 1996 à Khartoum, y avait construit une part de son
organisation, tout en consolidant un régime alors notoirement isolé
internationalement.
Surtout, il était douteux que les relations entre O.
ben
Laden et Khartoum se fussent achevées alors.
Néanmoins, cette prise de position a rapidement valu au Soudan (fin septembre)
la levée des sanctions onusiennes décidées après le refus de Khartoum de livrer
les auteurs de l'attentat de juin 1995 à Addis-Abéba.
Certes, les sanctions
unilatérales américaines demeuraient en vigueur, mais Washington se félicitait
d'une coopération dans le renseignement pour le moins inattendue, débutée dès
l'été 2000 mais qui portait soudainement ses fruits.
La question de la guerre au
Sud-Soudan (commencée en 1983) demeurait toutefois incontournable pour la
diplomatie américaine.
La visite du sénateur J.
Danforth au Soudan, en novembre 2001, a débouché sur
l'établissement de quatre conditions destinées à vérifier la bonne volonté des
protagonistes soudanais : la fin des bombardements contre des cibles civiles, le
cessez-le-feu dans les monts Noubas (dans la partie méridionale du Nord-Soudan),
la mise en place d'une commission d'enquête sur la pratique de l'esclavage
(affectant surtout les populations situées à la frontière entre Nord- et
Sud-Soudan) et la mise en place de zones de tranquillité pour effectuer des
vaccinations.
Le 19 janvier 2002, la mesure la plus spectaculaire, le
cessez-le-feu, était entérinée au terme de négociations menées à Bürgenstock
(Suisse), ainsi que les deux dernières conditions.
Malheureusement, l'arrêt des
bombardements n'était pas à l'ordre du jour comme l'a démontré l'accident de Bie
(Nil-Supérieur), où, le 20 février, un hélicoptère a mitraillé des civils
attendant une distribution alimentaire, faisant 24 morts et remettant en cause
la poursuite de l'effort américain.
Un cessez-le-feu général semblait peu probable, faute de négociations sur une
solution globale, un choix que J.
Danforth n'avait pas fait au printemps 2002,
préférant encore s'appuyer sur les médiations en cours.
D'autre part, chaque
protagoniste pouvait utiliser cet accord de paix limité pour redistribuer ses
troupes et mener des opérations militaires dans d'autres régions.
Ainsi, au
printemps, le gouvernement lançait une offensive d'ampleur dans le nord du Bahr
al-Ghazal, alors que les forces sudistes concentraient leurs efforts sur les
zones pétrolifères dans l'ouest de l'État du Nil-Supérieur..
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