Soudan (1987-1988)
Publié le 24/09/2020
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Soudan (1987-1988)
La situation soudanaise est restée complexe et tendue, marquée par un équilibre
politique fragile, une guerre civile dans l'impasse et une dégradation
économique importante.
En août 1987, des dissensions sur le partage du pouvoir
et les relations avec l'Égypte ont provoqué une crise politique au sein du
gouvernement de coalition alliant les deux grands partis traditionnels
musulmans, l'Oumma, nationaliste, du Premier ministre Sadek el-Mahdi, et le
Parti démocratique unifié (PDU) favorable à l'Égypte.
La coalition reconduite en
octobre 1987, avec toutefois un Conseil suprême (présidence collégiale) réduit à
trois membres (PDU-Oumma-Partis légalistes du Sud), est à nouveau dissoute en
avril 1988.
Sadek el-Mahdi appelle alors le Front national islamique (FNI), dans
l'opposition jusqu'ici, à participer à la nouvelle formation.
Cinq ministres lui
sont donnés dont celui de la Justice, confié à son chef Hassan el-Tourabi.
Les
partis légalistes du Sud réagissent violemment en entrant dans l'opposition.
En septembre 1987, le FMI a approuvé les mesures économiques prises par le
gouvernement: dévaluation de 44% de la livre soudanaise et hausse des prix de
produits de consommation courante (26% pour l'essence, 66% pour le sucre).
Ces
mesures ont été à la fois mal supportées par la majorité des Soudanais et
dérisoires pour rétablir une économie dont la dette dépasse les 12 milliards de
dollars, alors que le cours du coton (42% des recettes d'exportation) ne cesse
de s'effondrer.
Grèves, manifestations secouent périodiquement le pays.
L'afflux de réfugiés (plus d'un million) est devenu insupportable et le Soudan
s'efforce d'y mettre fin, quitte à organiser avec des gouvernements d'origine,
comme l'Ouganda, le rapatriement de leurs ressortissants.
La guerre civile qui oppose le Nord arabo-musulman au Sud africain, chrétien et
animiste constitue le plus gros obstacle à tout effort de développement.
Les
principales richesses, pétrole, eau et terres fertiles, se trouvent dans la zone
du conflit qui, par ailleurs, réclame environ deux millions de dollars par jour
pour l'entretien d'une armée de 40 000 hommes.
Toute tentative de solution
négociée achoppe sur le problème de la charia (législation islamique).
Le
Mouvement de libération du peuple soudanais (MPLS), qui dirige la rébellion, en
exige l'abolition comme préalable à toute négociation.
Or, l'intégration au
gouvernement du FNI, qui en réclame une application stricte, a durci
l'antagonisme.
Sur le terrain, les combats se sont intensifiés.
Le MPLS, qui affirme contrôler
90% du Sud, a réussi à se rallier les partis légalistes qui, bien que ne
participant pas à la lutte armée, partagent ses idées sur l'avenir du Soudan et
ont signé avec lui un accord en août 1987.
Il bénéficie de l'amitié des pays
africains voisins sensibles à sa cause comme l'Éthiopie, le Kénya, l'Ouganda, le
Nigéria, le Tchad ; tandis que le Nord renforce sa cohésion musulmane et fait
appel à la solidarité des pays arabes: Libye, Irak, Arabie saoudite, Jordanie
lui apportent une aide financière ou militaire et l'Égypte offre sa médiation
avec l'Éthiopie accusée de soutenir les rebelles.
Ce conflit pèse très lourd sur
la vie politique et économique soudanaise ; 600 000 personnes ont fui la zone
des combats pour les pays voisins (300 000 en Éthiopie).
Il désorganise les
villages, fait peser des menaces de famine sur trois millions de Soudanais,
favorise les massacres de civils et la réapparition de l'esclavage révélés par.
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