Sonnets pour Hélène, Te regardant assise Ronsard (commentaire)
Publié le 15/05/2020
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Sonnets pour Hélène, Te regardant assise Ronsar d
Introduction:Ce poème figure dans le recueil des Sonnets pour Hélène, oeuvre de la maturité du poète.
Fille d'honneur de la renneCatherine de Médicis, aussi remarquable par son esprit que par sa beauté, Hélène de Surgères avait perdu son fiancédans la guerre civile et demeurait inconsolable.
La reine invita Ronsard à l'immortaliser.
Peu à peu, malgré leur différenced'âge et la réserve de la jeune fille, il se prit de l'aimer sincèrement, mais son retour.
Ronsard dans le recueil continue àcélébrer la beauté féminine comme dans Les Amours de Cassandre ou Les Amours de Marie, mais la légèreté et l'aimablefamiliarité font place à la mélancolie.C'est bien sous le signe de la mélancolie que Ronsard place sa rencontre avec Hélène, décrite ici.
Le poète est d'abordébloui par le tableau harmonieux des deux femmes (v.1 à 6), puis l'atmosphère s'assombrit lorsqu'il s'attarde sur lasolitude et le dédain d'Hélène (v.7 à 12).
Il exprime enfin son trouble dans le distique final.Le poème met en oeuvre de nombreux contrastes au niveau lexical, rythmique qui correspondent à un changementprogressif de la tonalité.J'ai choisie d'expliquer le texte de façon linéaire.
1er Quatrain:Le 1er quatrain met l'accent sur la ressemblance des deux femmes.
Le poète les associe dans des comparaisons: ellessont toutes 2 lumineuses ("une aurore", "un soleil") et sont le comparé d'une même métaphore filée: "Je pensai voir deuxfleurs...
croissantes en beauté..."De nombreux termes soulignent cette identité des cousines: "même", "pareille", "voisine".Elles sont mises en parallèle dès le vers 1: "Te" (Hélène) ouvre le vers et "cousine" le ferme.Le vers 2 reprend en chiasme ce parallèle: "Belle...
et toi...".Ce premier quatrain est harmonieux grâce aux rythmes et aux sonorités.
Le rythme binaire (v.1, 2, 3) crée unbalancement.
Les sonorités se font écho: "assise" et "cousine" / "même" et "pareil" / "fleur" et "aurore".Les connotations sont positives; les mots clés sont "poétiques": "aurore, soleil, fleurs, beauté, croissantes".
Chacun deces termes comporte une idée d'ouverture, d'épanouissement.
2ième Quatrain:Le second quatrain marque une accélération du rythme.
Le rythme du vers 5 est croissant, il s'envole (5 accents).
Au vers6, "Vite" occupe une place forte et vient confirmer la soudaineté de l'action, ceci étant renforcé par la comparaison àl'éclair.
Les mots brefs "vite", "sur moi", "son oeil" accélèrent encore le rythme.
Cette vivacité caractérise la cousine à quiles vers 5 et 6 son consacrés.Le second quatrain fait une distinction entre les 2 femmes (2 vers pour la cousines / 2 vers pour Hélène).
Des différencesdans l'attitude apparaissent: à l'énergie de la cousine, le poète oppose la nonchalance d'Hélène (de l'éveil au sommeil).Dès que son regard se pose sur Hélène, le rythme ralentit de façon considérable au vers 7: on constate une pause forteaprès "Toi" (virgule).
Le rythme s'amplifie.
Le vocabulaire vient confirmer l'idée de lenteur: "paresseuse", tout comme lessonorités.
Les mêmes sons se prolongent créant une certaine monotonie: "et pleine de sommeil"; "regard", "m'estimas".On voit apparaître un vocabulaire moral: "estimer", "digne" et des connotations négatives qui renvoient à l'absence demouvement et de vie: "paresseuse", "sommeil".Le poète qui s'exprimait en tant que sujet "je" dans la première strophe, passe en position d'objet dans la seconde.
Onpeut remarquer son effacement progressif de "moi" à "me".
Il est nié, ignoré.
Pour Hélène, il n'existe pas.
1er Tercet:Le premier ter cet est tout entier centré sur le personnage d'Hélène, Il va accentuer les notation négatives et développeun thème de la fermeture (opposée à l'ouverture de la 1ère strophe): "visage abaissé; "tout à toi"; "toi même"; "sourcilramassé".Les allitérations en t martèlent la strophe: "Tu t'entretenais seule au visage abaissé / pensive tout à toi...".
Ellessuggèrent aussi le murmure solitaire de le jeune fille.Le rythme est très ralenti: voir l'utilisation de la cadence majeure (amplification progressive): "pensive / tout à toi /n'aimant rien que toi même" (3/3/6).Le poète insiste sur l'attitude médiative et narcissique de la jeune femme (son dédain des autres).
2ième Tercet:Le second tercet se poursuit sur le même rythme lent.
Du point de vue de la phrase il fait encore partie de la strophe 3.
Il ya un enjambement strophique.
les tercets sont liés par la syntaxe, par le rythme, par le sens et par les sonorités(l'assonance en è revient comme une plainte tout au long de cette dernière strophe).On constate une aggravation des connotations négatives qui atteignent non seulement le coté moral ("peur", "craignant")mais le physique ("blême") .
Tout s'oppose à l'ouverture, à l'éclat à la chaleur de la 1ère strophe.
Le sonnet se clôt sur lemalaise et la fuite du poète face au mystère et à l'indifférence d'Hélène.
Conclusion:Le sonnet qui a débuté sur la description d'une scène familière et lumineuse, en utilisant un ton léger, à la limite dubadinage (laquelle est aimée?), se termine dans l'inquiétude et l'austérité, sous le double signe du refus et duretournement sur soi.
La femme est à la fois fascinante et inquiétante.
Elle est ailleurs.
Elle offre presque une image desainte belle et inaccessible.
Ronsard suggère ce coté religieux dans le motif de "l'oeil offensé", comme si la présence d'unhomme était un sacrilège..
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