Soka Gakkai

« 1 / 2 3 février 1965 Série No 29 Fiche N° 341 Soka Gakkai 1.

Au pays des yaoyorozu-no-kami (cc les dieux innombrables» littéralement cc huit millions») les hommes ont toujours admis l'adoration simultanée de divinités fort diffé­ rentes; ils ne séparent pas nettement l'humain du divin, croient que chacun des dieux et bouddhas a une fonction particulière à remplir et qu'ils accordent en ce monde des avantages matériels.

Le shintoïsme d'Etat institué par le gouvernement Meïji en 1868, dans lequel l'empereur était un « dieu vivant», présentait sans dou~e des avantages pour le gouvernement, mais n'apportait guère de remède aux difficultés des individus.

2.

De nombreuses cc religions nouvelles ,.

sont alors apparues dont les promoteurs n'étaient ni des prêtres ni des théologiens.

mais des victimes du système familial féodal.

Elles recrutaient leurs adeptes parmi les individus arrachés à leurs anciennes catégories sociales par les bouleversements économiques, fournissa:ent une philo­ sophie rudimentaire de la vie et se présentaient comme le moyen de voir exaucés tous les vœux et de créer, par la multiplication des fidèles, une société idéale ici-bas.

3.

La défaite de 1945, l'apocalypse atomique et les dures répercussions économiques de la guerre firent éclore une floraison de ces fois naïves et consolantes.

Le Soka Gakkai, la plus importante actuellement des «nouvelles religions» (13 300 000 mem­ bres en novembre 1964), forme moderne de la secte bouddhiste Nichiren, fondée en 1930, commença son extraordinaire ascension vers le début de la guerre de Corée.

4.

Le Soka Gakkai se distingue par les règles qu'il impose à ses membres et l'autorité qu'il exerce sur eux.

Son organisation rappelle celle de l'armée impériale (escouades, compagnies, sections régionales, chapitres régionaux).

Le devoir de propagande des membres est impérieux et sa méthode indiscrète de· prosélytisme, le Shakubuku (cc briser et subjuguer»), inquiétante.

Les nouveaux adeptes n'ont de cesse qu'ils aient converti leur famille.

5.

Comme les autres " religions nouvelles ...

le Soka Gakkai prêche un messianisme terrestre, l'avènement de la cc société néo-socialiste» qui éliminera " les éléments cor­ rompus parmi les hommes politiques japonais ...

Il réunit ceux que l'actuelle stabilité économique du Japon ne peut satisfaire parce qu'ils n'ont nulle part à ses bienfaits.

Il répond à la fois à des aspirations d'universalité (seule vraie religion, qui remplacera toutes les autres, le Soka Gakkai accueille en son sein-6000 étrangers dont 3000 Amé­ ricains) et de nationalisme(« les Japonais veulent redevenir japonais»), aux rancœurs des masses non organisées et au mécontentement des petits commerçants et petits Industriels menacés par la concentration des entreprises.

6.

Le Soka Gakkai a formé la première organisation politico-religieuse de l'histoire du Japon.

Il est déjà le troisième parti du pays (15 membres à la Chambre haute, seconde place à l'Assemblée métropolitaine de Tokyo) et se propose de présenter 30 candidats à la Diète cette année.

Au service de cette action politique, une presse d'un tirage de 5 millions et un revenu annuel net de 45 millions de francs. 2 / 2. »