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Siun Tseu

Publié le 16/05/2020

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« Siun Tseu Le Confucianisme doit à Siun tseu les solides fondements philosophiques qui lui permettront bientôt de s'imposercomme doctrine officielle de l'État.

L'importance de ce penseur, qui subit l'influence des diverses tendances de sonépoque, est donc au moins égale, sinon supérieure, à celle de Mencius (Mong tseu, 371-289 av.

JC) dont l'œuvrefut élevée au rang de classique.

Après lui, le Confucianisme ne devait plus connaître de grand théoricien jusqu'aumoment où le Néo-Confucianisme, illustré par Tchou Hi (1130-1200) renouvela la métaphysique classique (le Siun-tseu, ouvrage en 32 chapitres nous est parvenu en assez bon état). La vie de Siun tseu (Siun K'ouang ou Siun K'ing) est mal connue.

Il naquit au début du IIIe siècle av.

JC et dutmourir peu de temps après que Ts'in Chehouang-ti eut réalisé l'unité chinoise.

Il vit donc la fin de l'époque desRoyaumes Combattants.

Or, le royaume de Ts'in, dont il put constater les victoires successives, avait reçu uneforte organisation économique et militaire due au génie des Légistes.

Ceux-ci constituaient un des principauxcourants de pensée de cette période.

Leurs idées représentaient un effort vers plus de réalisme ; ils voulaient que legouvernement, au lieu de s'appuyer sur l'autorité toute morale des sages, se fît désormais obéir grâce à des loispénales à caractère impératif et universel.

Ils pensaient résoudre, par ce moyen énergique, le problème, déjà aigu àcette époque, des subsistances.

Le principal auteur de cette école, Han Fei tseu, constatait déjà que les hommesétaient trop nombreux par rapport aux ressources.

Or Han Fei tseu avait été un élève de Siun tseu.

Celui-ci avaitles mêmes préoccupations, mais il entendait résoudre les problèmes de son temps sans renoncer à la tradition desdisciples de Confucius.

Rejetant le recours aux lois pénales, il cherche d'autres règles objectives et les trouve dansle vieux ritualisme.

Son originalité consiste à fonder celui-ci sur la raison, et non plus sur des croyances religieuses.Confucius, qui vivait à une époque où les anciens idéaux n'étaient pas encore ouvertement remis en question, leuravait infusé l'esprit humaniste qui caractérise sa philosophie.

Celle-ci rejetait toute spéculation métaphysique etmettait l'accent sur le perfectionnement moral.

La pratique des vertus confucéennes visait à ennoblir les âmes et àdévelopper les sentiments de respect réciproque entre les gens de bien.

Mencius, de son côté, avait combattu lesLégistes en proclamant que la nature humaine, essentiellement bonne et noble, doit être cultivée sans recourir auxchâtiments. Siun tseu professait la plus grande admiration pour Confucius.

Il reprochait en revanche à Mencius l'imprécision deses idées et son optimisme quant à la nature humaine.

Il affirmait au contraire : " La nature humaine est mauvaise ;ce qu'elle a de bon est artificiel.

" C'est par artifice, c'est grâce à la civilisation, que l'homme devient sociable et bon: seule l'éducation peut redresser ses mauvais instincts.

Le système de Siun tseu est une éthique et une politiquefondées sur une psychologie. Siun tseu, comme tous les Confucianistes, admettait que la civilisation avait été créée par les anciens souverains dela Chine.

Ceux-ci avaient découvert la vérité grâce à une sagesse qu'il convient de prendre comme modèle. Comment donc la vérité peut-elle être connue ? Pour penser juste, il faut, nous dit Siun tseu, que le cœur (l'esprit)se maintienne vide, unifié, en état de quiétude.

Ce sont là des expressions taoïstes qui décrivent des étatsmystiques, mais pour notre philosophe, elles indiquent les conditions d'une pensée saine.

Il entend par " vide " unétat d'impartialité qui ne permet pas à l'esprit de se laisser obnubiler par les expériences passées, par desimpressions partielles, par l'imagination, les émotions, les préjugés.

L'" Unification de l'esprit " permet à celui-ci den'être pas dispersé par la multiplicité des connaissances : elle est réalisée par une volonté d'attention et deconcentration.

La troisième condition, l'état de quiétude, de sérénité, interdit aux rêves, aux fantasmes, de troublernotre intelligence, et cela en dépit d'une constante activité de notre esprit qui n'est jamais tout à fait en repos.

"L'esprit est comparable à un bassin d'eau.

Quand rien ne l'agite, la vase trouble demeure au fond.

La surface claireet brillante fait apparaître le moindre cil qui s'y mire.

" Mais un petit incident, le bourdonnement d'un insecte peutperturber la sérénité d'un homme et l'empêcher de raisonner juste ; aussi convient-il de connaître et de contrôler lessources d'erreur, et particulièrement les passions et les désirs.

Ces derniers sont inépuisables, ils ne se modèrentpas naturellement ; et c'est pourquoi l'on peut dire que notre nature a un fond mauvais.

L'esprit chercherait en vainà les supprimer, ou même à les diminuer (car leur force et leur nombre dépendent des émotions, non du contrôle dela volonté).

L'organe de l'intelligence, le cœur, est doué d'une faculté de discernement qui est le propre de l'homme; grâce à elle, nous faisons un choix entre les réactions instinctives d'accueil ou de répulsion que nous éprouvons àl'égard des choses extérieures.

Sans ce choix, nous ne pouvons rien connaître.

Les objets ne sont connus que dansla mesure où ils sont évoqués à la conscience.

" Les sens enregistrent, mais n'ont pas de connaissance.

" Pour Siuntseu, la connaissance est une activité volontaire et l'esprit est libre.

Il est principe de connaissance et de volonté(pour les Chinois, la volonté ne se distingue pas du " cœur ", de l'esprit).

Une connaissance correcte des choses estle principe d'une conduite correcte.

Mais, pour Siun tseu, il est nécessaire au commun des hommes de s'appuyer surune norme ; celle-ci est fournie par les enseignements des anciens sages.

Car, si théoriquement n'importe qui peutatteindre à la sagesse parfaite, la plupart des hommes ont une volonté qui les dresse les uns contre les autres.

Lacivilisation seule peut les contraindre à discipliner et à éduquer les appétits, car elle est fondée sur des règlesobjectives, qui sont les Rites et les Noms. Les anciens rois instituèrent les Rites afin d'empêcher que les conflits nés des désirs ne dégénèrent en anarchie etn'entraînent l'épuisement des biens.

" Ils firent en sorte que les désirs ne fussent pas limités par les biens, ni lesbiens épuisés par les désirs, mais que des deux parts, le développement fût symétrique : voilà l'origine des Rites.

"Et Siun tseu continue en montrant comment les produits des diverses activités économiques visent à satisfaire(proprement : à nourrir) les désirs nés des différents organes des sens, puis il conclut : " Ainsi les Rites sont le. »

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