Simon Claude
Publié le 29/08/2020
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Simon Claude
Ecrivain français
* 10.10.1913, Tananarive, Madagascar
Si ses oeuvres se rattachent au nouveau roman, c'est par leur approche
singulière de la réalité.
Il serait erroné en effet de croire que Claude Simon
dénonce le réalisme : il en modifie simplement la perspective, sans en remettre
en cause la nécessité pour le travail de l'écrivain.
L'éclatement de la
narration, sa dilution dans des digressions sur les éléments, qu'ils soient
psychologiques, physiologiques ou naturels, témoignent en fait d'une autre
conception du réel.
Rompant avec la linéarité des récits comme des sensations,
déjouant l'illusion d'un moi unitaire qui organiserait paisiblement le monde
autour de lui, l'écrivain s'attache au contraire à saisir la singularité d'un
sentiment ou d'une sensation autant que la singularité d'un destin.
C'est ainsi
que les romans ("Le Tricheur", 1946 ; "La Corde raide", 1947 ; "Le Sacre du
printemps", 1954 ; "L'Herbe", 1958), comme les essais ("Orion aveugle", 1970),
cherchent à retenir ces moments indéfiniment discontinus, fragmentés,
hétérogènes, qui forment une existence.
C'est dire que Simon, approfondissant
encore son univers romanesque, ancre son oeuvre dans l'exploration patiente du
paradoxe du temps : ce qui ne cesse de se mouvoir et de passer, et ce que nous
retenons pourtant dans une succession de présent.
Cette capacité de "saisir le
temps", Simon va la trouver dans la mémoire (et c'est en ce sens que son oeuvre
s'avère étonnamment proche de celle de Proust).
"Le Vent" (1957), "La Route des
Flandres" (1960), "Histoire" (1967), "La Bataille de Pharsale" (1969), "Les
Corps conducteurs" (1970), "Triptyque" (1973), "Leçon de choses" (1975) et
surtout "Les Géorgiques" (1981) et "le Jardin des Plantes" (1997) montent ainsi
des puzzles historiques, des superpositions d'histoires à l'aide des plus
minutieuses et poétiques descriptions qui soient.
C'est avec les mots, leurs
contours, leurs associations, leurs musiques que sensations, sentiments,
événements trouvent leur place : l'écriture se fait mémoire.
Telle est sans
doute l'ambition qui vaut à Claude Simon de recevoir le prix Nobel en 1985..
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