Simon Claude
Publié le 18/05/2020
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Simon Claude
Ecrivain français
* 10.10.1913, Tananarive, Madagascar
Si ses oeuvres se rattachent au nouveau roman, c'est par leur
approche singulière de la réalité.
Il serait erroné en effet
de croire que Claude Simon dénonce le réalisme : il en modifie
simplement la perspective, sans en remettre en cause la
nécessité pour le travail de l'écrivain.
L'éclatement de la
narration, sa dilution dans des digressions sur les éléments,
qu'ils soient psychologiques, physiologiques ou naturels,
témoignent en fait d'une autre conception du réel.
Rompant
avec la linéarité des récits comme des sensations, déjouant
l'illusion d'un moi unitaire qui organiserait paisiblement le
monde autour de lui, l'écrivain s'attache au contraire à
saisir la singularité d'un sentiment ou d'une sensation autant
que la singularité d'un destin.
C'est ainsi que les romans
("Le Tricheur", 1946 ; "La Corde raide", 1947 ; "Le Sacre du
printemps", 1954 ; "L'Herbe", 1958), comme les essais ("Orion
aveugle", 1970), cherchent à retenir ces moments indéfiniment
discontinus, fragmentés, hétérogènes, qui forment une
existence.
C'est dire que Simon, approfondissant encore son
univers romanesque, ancre son oeuvre dans l'exploration
patiente du paradoxe du temps : ce qui ne cesse de se mouvoir
et de passer, et ce que nous retenons pourtant dans une
succession de présent.
Cette capacité de "saisir le temps",
Simon va la trouver dans la mémoire (et c'est en ce sens que
son oeuvre s'avère étonnamment proche de celle de Proust).
"Le
Vent" (1957), "La Route des Flandres" (1960), "Histoire"
(1967), "La Bataille de Pharsale" (1969), "Les Corps
conducteurs" (1970), "Triptyque" (1973), "Leçon de choses"
(1975) et surtout "Les Géorgiques" (1981) et "le Jardin des
Plantes" (1997) montent ainsi des puzzles historiques, des
superpositions d'histoires à l'aide des plus minutieuses et
poétiques descriptions qui soient.
C'est avec les mots, leurs
contours, leurs associations, leurs musiques que sensations,
sentiments, événements trouvent leur place : l'écriture se
fait mémoire.
Telle est sans doute l'ambition qui vaut à
Claude Simon de recevoir le prix Nobel en 1985.
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