Sierra Léone (2005-2006): Scission brutale du parti présidentiel
Publié le 23/09/2020
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Sierra Léone (2005-2006): Scission brutale du parti présidentiel
La situation en Sierra Léone est restée stable durant l’année 2005, en dépit de
l’absence de signe tangible d’amélioration en vue de l’instauration d’une paix
durable.
Sur le plan socioéconomique, une manifestation a été organisée par les syndicats
sierra-léonais en janvier 2005, puis par les étudiants et les professeurs
d’université un mois plus tard.
En avril, le plus gros employeur et contribuable
du pays, la société minière Sierra Rutile, a repris ses activités.
L’exploitation de la bauxite a recommencé et les recettes provenant de
l’exportation de diamants ont atteint un niveau sans précédent.
Par ailleurs, en février 2005, le ministre des Ressources maritimes a été
inculpé de corruption, mais le ministère de la Justice a refusé de poursuivre
les investigations.
L’exercice de la profession de journaliste est demeuré
dangereux.
Plusieurs responsables de journaux ayant publié des articles
critiquant le gouvernement ont été arrêtés, sans fondement judiciaire.
En mai,
le rédacteur en chef de For Di People, Harry Yansaneh, a été passé à tabac – sur
ordre, a-t-on dit, d’un député – avant de décéder d’une défaillance rénale.
Le
30 novembre, son confrère Paul Kamara a été libéré, après avoir passé un an en
prison sur la base d’une fausse accusation de diffamation.
Sur le plan politique, la mission de maintien de la paix des Nations unies a
progressivement réduit ses effectifs au cours de l’année 2005.
Son mandat
s’achevant le 31 décembre, elle a cédé la place à une instance non militaire,
l’UNIOSL (Bureau intégré des Nations unies en Sierra Léone).
Une flambée de
violence a éclaté avant même son départ, suite à la scission du parti au
pouvoir, le SLPP (Parti du peuple sierra-léonais).
En effet, ses principaux
chefs avaient choisi le vice-président Solomon Berewa, malgré sa piètre
popularité, comme candidat à l’élection présidentielle de 2007.
Un autre de ses
membres, Charles Margai, issu d’une famille politique puissante, a su mobiliser
sur le mode populiste le mécontentement de l’opinion à l’égard des élites et a
créé sa propre formation, le Mouvement populaire pour un changement démocratique
(PMDC).
Les partisans de chacun des deux leaders se sont affrontés en novembre
2005 dans la deuxième ville du pays, Bo.
C.
Margai, avocat de profession, a notamment défendu Sam Hinga Norman, ancien
vice-ministre de la Défense qui assurait naguère la tutelle des milices civiles
Kamajor en lutte contre les rebelles lors de la guerre civile.
S.
H.
Norman a
été accusé de crimes de guerre par le Tribunal spécial pour la Sierra Léone,
pour avoir utilisé ces milices à des opérations de nettoyage ethnique, cependant
que nombre de Sierra-Léonais le considéraient comme un héros.
La situation s’est
encore compliquée lorsque le gouvernement a arrêté l’ancien porte-parole du RUF
(Front révolutionnaire unifié, rebelle), Omrie Golley, dont C.
Margai est resté
l’avocat, en l’accusant d'avoir comploté un assassinat contre le vice-président
S.
Berewa..
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