Sierra Léone (1998-1999) : Les enjeux de la guerre
Publié le 23/09/2020
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Sierra Léone (1998-1999) : Les enjeux de la guerre
La restauration, le 15 mars 1998, de Ahmad Tejan Kabbah, président élu en 1996
puis renversé par un coup de force militaire en 1997, n'a rien résolu.
Bien au
contraire.
L'intervention des 15 000 hommes de l'Ecomog, la force
d'interposition de la Communauté économique des États d'Afrique de l'Ouest
(CEDEAO), a rompu un relatif équilibre.
Le régime militaire et la rébellion du
Front révolutionnaire unifié (RUF) avaient en effet pactisé pour se livrer à
leur principale activité, le pillage du pays.
Avec la défaite des premiers, la
guerre a été intensifiée par les seconds.
Foday Sankoh, leader de la rébellion,
a été arrêté en 1997 au Nigéria, puis extradé et condamné à mort, le 23 octobre
1998, en Sierra Léone.
Pour empêcher son exécution, le RUF a amplifié ses
exactions, menées depuis 1991 à l'encontre de la population civile.
Afin de libérer leur leader, les rebelles sont entrés dans Freetown, la
capitale, le 6 janvier 1999.
Repoussés par l'Ecomog, ils ont incendié et mutilé
avant de battre en retraite.
La CEDEAO a alors tenté de promouvoir une solution
négociée, mais A.
T.
Kabbah a refusé d'accéder à la demande de F.
Sankoh, ce
dernier ayant fait de sa libération un préalable à tout accord de cessez-le-feu.
Le chef de l'État a par ailleurs fait état, le 5 février, de documents prouvant
l'implication aux côtés du RUF de plusieurs pays membres de la CEDEAO (Libéria,
Burkina et Côte-d'Ivoire).
L'enjeu de cette guerre, tout autant que détenir le pouvoir, est de faire main
basse sur les richesses du pays (diamants).
Le conflit se perpétuerait grâce à
un système de troc.
Des diamants seraient échangés, au Libéria voisin,
notamment, contre du riz et des armes.
L'épuisement des mines à ciel ouvert
aurait pu signifier la fin de la guerre.
Mais les autorités ont délivré, le 15
mars 1999, une licence à la compagnie britannique Branch Energy, pour une
exploitation souterraine à Kono et Tongofield, deux des sites diamantifères les
plus riches du monde, situés en plein fiefs rebelles.
Un premier contrat de
prospection, signé en 1995, avait permis à Branch Energy d'engager les
mercenaires sud-africains d'Executive Outcomes, pour assurer la sécurité de ses
opérations et aider le gouvernement d'alors à lutter contre le RUF.
L'avenir est apparu en partie suspendu à la politique extérieure du nouveau chef
de l'État nigérian, Olusegun Obasanjo.
Élu le 27 février 1999, cet ancien
général a fait du retrait de l'Ecomog, force composée à 90 % de soldats
nigérians, l'un des thèmes de sa campagne électorale.
Il a cependant assuré, le
15 mars 1999, que cette force ne s'en irait qu'avec le retour de la paix.
La
nouvelle armée régulière sierra-léonaise, réformée et entraînée par l'Ecomog,
compte un peu moins de 3 000 hommes, alors que la rébellion, qui en revendique
30 000, disposerait réellement de 8 000 combattants..
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