Si vous étiez né Indien
Publié le 06/07/2020
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« Si vous étiez né Indien... Imaginez un petit peu, ça ne coûte rien... Votre mère vous aurait mis au monde dans un coin de la cabane, allongée sur un tas de guenilles. Le cordon ombilical, on vous l'aurait coupé avec un tesson de bouteille ou un couteau rouillé. On vous aurait appelé Raj. A sept ans, votre mère vous ficelle un vieux torchon autour des hanches : finis les jeux insouciants dans la poussière et le soleil. Vous êtes un petit homme, on vous envoie aider votre père aux champs et garder les chèvres. Il n'y a pas d'école pour les petits paysans indiens : nous ne savez ni lire ni écrire... et encore heureux que vous soyez en vie : la moitié de vos petits copains d'enfance sont déjà dans l'autre monde. Il vous reste à peu près une vingtaine d'années devant vous et il s'agit de vous dépêcher si vous voulez en profiter un peu. . A quinze ans, on vous marie avec une fille de treize, et vous voilà bientôt père de famille; vous l'aimez bien votre petit Profulla, vous en êtes fier, mais tant de maladies et de maléfices rôdent. Un jour, il reste allongé dans un coin de la hutte, et vous êtes là à vous morfondre, impuissant, ne sachant que faire. Pas de docteur ni de médicaments. Malgré l'aide des voisines, malgré les prières, les herbes et les tisanes, votre gosse, il crève là, sous vos yeux, d'on ne sait quoi. Et vous continuez à exister. Vêtu d'un simple pagne, miné de paludisme, toujours à la merci des bêtes fauves, abruti de chaleur et de faim, vous grattez quand même votre lopin de terre, bienheureux encore si vous en avez un. Et si la mousson a tardé, votre unique repas disparaît. Dans votre tanière en torchis, vous avez faim, vos gosses ont faim, votre femme à faim, toute leur vie ils auront faim et vous les voyez se décharner sous vos yeux, vous voyez mourir à petit feu les deux enfants qui restent . des cinq ou six que votre femme a mis au monde. Mais ce n'est pas fini : l'usurier, le propriétaire veulent encore vous soutirer de l'argent, reprendre votre terre. Votre foi inébranlable, votre courage tranquille vous aident à surmonter toutes ces épreuves. Vous arrivez à vingt-sept ans. Vingt-sept ans! Et c'est fini. Épuisé par la dysenterie et mille autres maux, vous cessez de souffrir. G. Douart : Opération Amitié Librairie Plon éd. ...»
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Si vous étiez né Indien ...
Imaginez un petit peu, ça ne coûte rien ...
Votre mère vous aurait
mis au monde dans un coin de la cabane, allongée sur un tas de guenilles.
Le cordon ombilical, on vous l'aurait coupé avec un tesson de bouteille
ou un couteau rouillé.
On vous aurait appelé Raj.
A sept ans, votre mère
vous ficelle un vieux torchon autour des hanches : finis les jeux insouciants
dans la poussière et le soleil.
Vous êtes un petit homme, on vous envoie
aider votre père aux champs et garder les chèvres.
Il n'y a pas d'école
pour les petits paysans indiens : nous ne savez ni lire ni écrire ...
et encore .
heureux que
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sont déjà dans l'autre monde.
Il vous reste à peu près une vingtaine d'an
nées devant vous et il s'agit de vous dépêcher si vous voulez en
profiter
un peu.
A quinze ans, on vous marie avec une fille de treize, et vous voilà
bientôt père de famille; vous l'aimez bien votre petit Profulla, vous en
êtes fier, mais tant de maladies et de maléfices rôdent.
Un jour, il reste
allongé dans un coin de la hutte, et vous êtes là à vous.morfondre, impuis
sant, ne sachant que faire.
Pas de docteur ni de médicaments.
Malgré
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il crève là, sous vos yeux, d'on ne sait quoi.
· Et vous continuez à exister.
Vêtu d'un simple pagne, miné de palu
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à la merci des bêtes fauves, abruti de chaleur et de faim,
vous grattez quand même votre lopin de terre, bienheure:!JX encore si
vous en avez un.
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tardé, votre unique repas disparaît�
Dans votre tanière en torchis, vous avez faim, vos gosses ont faim, votre
femme à faim, toute leur vie ils auront faim et vous les voyez se décharner
sous vos yeux, vous voyez mourir à petit feu les deux enfants qui restent
.
des cinq ou six que votre femme a mis au monde.
Mais ce n'est pas fini : l'usurier, le propriétaire veulent encore vous
soutirer de l'argent, reprendre votre terre.
Votre foi inébranlable, votre
courage tranquille vous aident à surmonter toutes ces épreuves.
Vous arrivez
à vingt-sept ans.
Vingt-sept ans! Et c'est fini.
Épuisé
par la dysenterie et mille autres maux, vous cessez de souffrir.
G.
Douart : Opération Amitié
Librairie Plon éd..
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