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« Si Dieu nous a faits à son image, nous le lui avons bien rendu. » Voltaire, Le Sottisier. Commentez cette citation.

Publié le 16/05/2020

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Ci-dessous un extrait traitant le sujet : « Si Dieu nous a faits à son image, nous le lui avons bien rendu. » Voltaire, Le Sottisier. Commentez cette citation. Ce document contient 1459 mots soit 3 pages. Pour le télécharger en entier, envoyez-nous un de vos documents grâce à notre système gratuit d’échange de ressources numériques. Cette aide totalement rédigée en format pdf sera utile aux lycéens ou étudiants ayant un devoir à réaliser ou une leçon à approfondir en Citation.

« « Si Dieu nous a faits à son image, nous le lui avons bien rendu.

» Voltaire, Le Sottisier.

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Loin de constituer un système, la philosophie de Voltaire est faite de quelques idées simples, facilement traduisibles en règles de vie etd'organisation sociale.

On pourrait la résumer à trois temps : compréhension, critique, action, et la qualifier de strictement pragmatique.Sa religion, dont René Pomeau eut l'immense mérite de rappeler l'existence, est par définition utilitaire et pratique.

Dieu est nécessairepour rendre compte de l'ordre de l'univers et maintenir comme un gendarme le respect des biens et des rangs.

L'homme possède doncune âme.

Inutile de se demander son lieu ou sa forme, car il faut éviter tout ce qui peu conduire au fanatisme, à l'enthousiasme militant.Pas d'église ni de prêtres.

Pas de Révélation non plus.

Une religion sans autre église que celle des cœurs.

Voilà bien l'essentiel de lamétaphysique voltairienne, selon le Traité de métaphysique (1734-1737). S'il existe une anthropologie de Voltaire (article « Homme » des Questions sur l'Encyclopédie), elle ne se perd pas en conjecturescomplexes.

L'homme est d'abord un corps fragile, ce qui l'oblige à se lier par intérêt à ses semblables et à s'adapter à sonenvironnement.

« De la raison, des mains industrieuses, une tête capable de généraliser des idées, une langue assez souple pour lesexprimer : ce sont là de grands bienfaits accordés par l'Être suprême à l'homme, à l'exclusion des autres animaux.

» La définition estsimple.

L'histoire, la géographie imposent l'idée d'un relativisme des mœurs et des croyances, sans que Voltaire finisse par nier toutehiérarchie.

Le Mondain (1736) fait l'apologie du luxe et refuse tout primitivisme.

Si la Chine par son empereur, père de son peuple, et ses mandarins, est pour lui un modèle, c'est encore l'Europe et la civilisation raffinée du siècle de Louis XIV qu'il préfère.

Tout n'y est pourtantpas parfait : la justice est arbitraire, la guerre toujours présente, le fanatisme actif, la barbarie au cœur de l'homme.

L'être humain porteen lui, sous des dehors aimables et mondains, un « arlequin anthropophage », toujours prêt à recommencer sa danse de mort.

Lesconvulsionnaires jansénistes, que son propre frère Armand Arouet approuve, sont là pour rappeler les dangers du fanatisme.

L'homme estparfois le plus grand ennemi de l'homme.

Voltaire est obsédé par les régressions possibles, la crédulité toujours vivace, la montée del'intolérance, le rôle pervers des églises, les excès auxquels portent les religions révélées, la barbarie à nos portes.

Il appelle à lavigilance.

Les massacres à venir l'angoissent autant que ceux du passé.

.

Voltaire explique clairement dès les Lettres philosophiques, qu'on ne peut définir l'âme ou Dieu.

Il voit même dans l'excèsmétaphysique une espèce de péché d'orgueil de l'homme.

Il faut reconnaître des limites à la connaissance.

Mais ces domaines del'inconnaissable une fois établis, il n'y a pas de savoirs interdits.

Le désir de comprendre et d'expliquer est conçu comme des devoirs.Curiosité et doute vont de pair.

Le questionnement incessant du monde, l'extension infinie des savoirs pourraient définir à eux seuls ladynamique des Lumières.

Il s’agit ici d’une critique de l’anthropomorphisme, quel sens cela a-t-il dans un contexte religieux ? En bref, s'il y a manifestation divine, elle n'est jamais directe et imagée, mais s'effectue par la parole ou l'écriture, et si une formehumaine apparaît revêtue de la majesté divine, il s'agit d'un envoyé, d'un médiateur, non de la divinité en personne (le seul textebiblique qui fasse exception à cette règle est sans doute le récit de la vision mystique d'Ézéchiel, I, 26).

Ce chiasme, joint au fait que lathéophanie n'est qu'un accompagnement mineur de la Révélation au regard de la donation de la Loi et de l'établissement de l'Alliance,nous invite à rechercher ailleurs les traces de l'anthropomorphisme : ailleurs, c'est-à-dire dans le langage en ses deux aspects, langagepar lequel Dieu s'adresse aux hommes et langage par lequel les hommes nomment Dieu et s'adressent à lui.

La tradition exégétique s'est appliquée à relever et classer les anthropomorphismes de la Bible : le doigt de Dieu, la main de Dieu, lacolère, la sagesse, la jalousie, la pitié, le repentir de Dieu, ses desseins et ses projets jalonnent le récit ; toutes ces expressions desinterventions divines dans l'histoire des hommes nous renvoient au même thème.

Ces anthropomorphismes sont justifiés en bloc par unprincipe général, la nécessité où se trouve celui qui parle d'utiliser un langage compréhensible par ceux à qui il s'adresse.

« La Torah aparlé le langage des hommes », ce principe herméneutique remonte au IIe siècle.

Mentionnons, pour le pittoresque, et aussi parce que leur nom fut longtemps seul à désigner ce qui nous occupe, comme en témoigneVoltaire, la secte des anthropomorphites ; son chef fut un certain Audius qui vivait au IVe siècle en Syrie : leur hérésie consistait à prendreà la lettre tout ce qui est dit de Dieu dans les Écritures, par réaction contre les interprétations allégorisantes de l'époque.

En particulier, ilsattribuaient à Dieu un corps, des mains, des yeux, des oreilles, etc.

Leur doctrine, connue par les réfutations qu'en donnèrent Cyrilled'Alexandrie (Adversus anthropomorphitas), saint Jérôme (Epist.

VI ad Pammachium), Nicéphore (Ecclesiasticae historiae, I, XI, 14),connut une brève reviviscence en Italie du Nord au Xe siècle.

Elle fut officiellement supprimée par Rathenius, évêque de Vérone, tandisque Calvin lui consacre un chapitre de ses Institutions chrétiennes (I, XIII, 1).

Infiniment plus riche et controversée est la question du langage par lequel les hommes nomment Dieu et s'adressent à lui.

Les motsétant finis, imparfaits, accordés aux choses du monde, d'usage humain, comment par leur moyen invoquer Dieu ou le désigner ? Il s'agitde préserver l'unité dans la pluralité, l'infini dans le fini, la perfection dans l'imperfection.

Le problème est présent dès la Genèse (XXXII,Jacob désire que Dieu lui révèle son nom), l'Exode, etc., sous la forme d'une quête qui ne peut recevoir son objet que de Dieu, qui seulconnaît son nom et peut le révéler.

La perspective des théologiens, quelque peu différente, se présente comme un travail d'approche parun langage purement humain qui s'abolit et renaît pour s'abolir.

Le premier chapitre des Noms divins de Denys désigne le nom recherché,« le nom étonnant, le nom au-delà de tout nom, l'anonyme...

» Saint Augustin reconnaît que « rien de ce que nous pouvons dire de Dieune saurait convenir à l'excellence de sa nature », d'où l'usage particulier des négations qui, au lieu d'exclure toute notion positive de lanature divine, ne servent qu'à écarter de Dieu les imperfections propres à notre mode d'entendement.

Selon cette théologie « négative » - pour la désigner, elle aussi, par son nom propre -, tous les noms prédicables de Dieu à partir de l'être créé, voire le nom même de l'Être,devront s'effacer devant l'altérité radicale de la cause de tout ce qui est ; sur la voie interminable de l'assimilation, Dieu apparaît commetoujours autre, transcendant à toute similitude ; il faut « haïr la ressemblance » pour monter vers la dissemblance de la cause première.Ainsi s'effectue la recherche de l'ineffable : lorsque l'on pense à Dieu, ce qui peut encore être désigné par un nom n'est pas Dieu.

Albert leGrand écrit (Tract., III, XVI) : « Dieu est à la fois innommable et omninommable.

Il est innommable et l'Innommable est le plus beau detous ses noms, car cela le place d'emblée au-dessus de tout ce qu'on pourrait essayer d'en dire.

Tout nom qui voudrait l'exprimerdemeure noyé dans l'infini de l'admiration.

» Dieu est au-dessus de l'être, conclut saint Thomas après la progression laborieuse de la« voie d'exclusion » : « Lorsque nous avançons vers Dieu per viam remotionis, nous nions d'abord de Lui les choses corporelles, et ensuiteles choses intellectuelles elles-mêmes, pour autant qu'elles sont dans les créatures, comme la bonté et la sagesse.

Alors il ne reste plusdans notre intellect que ceci : Il est, et rien de plus.

Mais pour finir, ce même être, pour autant qu'il se trouve dans les créatures, nous lenions de Lui, et alors Il demeure dans une sorte de nuit d'ignorance, et c'est cette ignorance, autant qu'il appartient à cette vie, qui nousunit à Dieu de la façon la plus parfaite, ainsi que le dit Denys ; tel est le Nuage dont il est dit dans l'Écriture que Dieu y habite.

» Si de tels textes, dans leur fascinante ferveur, nous semblent jeter un défi radical à l'anthropomorphisme, n'oublions pas qu'ils sefondent sur une conception définie du rapport du signifiant au signifié, de l'âme au langage, de la créature à Dieu.

Il est une autretradition qui peut nous apparaître comme justification, à un certain degré, de l'anthropomorphisme, à partir de la Genèse (I, 26) : « Et Dieu fit l'homme à son image.

». »

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