SHUTTER ISLAND ANALYSE FILMIQUE
Publié le 24/03/2022
Extrait du document
«
Regarder Shutter Island pour la première fois, me fait penser à Kafka lorsqu’il écrit “Prague ne
nous lâchera pas [..] Cette petite mère a des griffes” Shutter Island ne nous lâchera pas, cette
petite île a des griffes!
Il s’agit d’un thriller psychologique américain de Martin Scorsese,sorti en 2010.
C’est
l'adaptation d’un roman qui porte le même nom de Dennis Lehane.
C’est le film de doute par
excellence, c’est le film des fous.
Mais “ Ce n’est pas le doute, c’est la certitude qui rend fou”,
ainsi déclare Nietzsche.
Notre protagoniste sera-t-il fou?
L’incipit expose une scène de vomissement.
Certes, inaugurer une histoire par vomir, ne sera
absolument pas arbitraire.
Expulser toute sorte d’objet du corps est toujours violent, comme
l’avortement: vider le coeur avant le corps.
Le vomissement du protagoniste serait-il un
mécanisme de défense, une libération de soi par soi-même, de soi-même? Dès le
commencement, nous savons que dans ce chef d'œuvre “Rien ne se perd, tout se récupère".
Dans la scène suivante, on voit un bateau traversant la mer.
Sommes-nous en voyage sur un
“bateau ivre”? expression empruntée à Baudelaire.
On remonte à 1954, où se déroulent les
événements.
Un marshal Teddy Daniels, accompagné de son coéquipier Chuck Aul e ,
débarquent sur une île à Boston, une île à la fois petite, immense et mystérieuse.
Ensemble,
ces deux hommes vont enquêter sur la disparition d’une patiente de l'hôpital psychiatrique.
Cette dernière est nommée Rachel Solando qui a noyé ses trois enfants.
Serait-elle la seule
Médée 1
moderne dans cette histoire? Y a -t-il une aure femme sangalante et sangu in aire?...
La nuit, le protagoniste Leonardo Dicaprio qui joue le rôle de Teddy Daniels, rêve: “un rêve
étrange et pénétrant".
Il aperçoit sa femme morte, Dol o res Chanal..
Ces scènes sont très
cinématographiques et très artistiques.
On peut même détecter l’incarnation du tableau “The
Kiss” de Klimt dans l’union de Teddy et Dol o res.L’Art imite toujours l’Art, la Vie imite l’Art!
Violemment, l’intrigue s’amorce et les hallucinations commencent.
Nous perdons le fil d’Ariane
et nous nous perdons dans ce labyrinthe plein de secrets.
Tout comme le héros, le spectateur
devient impuissant à distinguer l’imaginaire de la réalité.
Un tiraillement délicieux nous obsède:
se secouer sur un rythme fantasmagorique est un rituel de la danse des fous.
C’est la vente de
la peau à la vérité.
Sur le chemin vers elle, le protagoniste tombe dans les Limbes.
Deux terres
brûlées l'avortent: l’une est un prison et l’autre est un présent.
Cet homme fuit le traumatisme
qu’il a vécu et nie même sa folie.
En un grand crescendo, nous découvrons que Teddy Daniels
n’est qu’un Andrew Lae d d i s, Rachel Solando n’est qu’un Dolores Chanal, une autre Médée tuée
par son mari.
Même le policier Chuck Aul e n’est autre que le docteur Sheehan, qui suit ce
“malade [de l’] imaginaire 2
.
Pour fuir sa culpabilité, le héros marche vers le Calvaire.
Il soulage
ses maux par les mots en créant des anagrammes.
L’imaginaire est le seul remède pour un
être épuisé et consumé par le feu.
Le poids de sa mémoire est lourd.
Il pèse sur les épaules de
ce soldat comme la pierre de Sisyphe 3
..
Une souffrance absurde!
1 Médée : est une figure primordiale dans la mythologie grecque.
C’est un personnage complexe.
Elle a tu é ses
enfants pour d étruire leur père.
2 Le malade imaginaire : R é f ére nce au titre d’une pièce de Molière.
3 Sisyphe : une figure mytholog i q ue , qui est condamn é e par les Dieux de l’enfer de faire rouler une immense pierre
jusqu’au sommet de la montagne et qui finit eternellement par retomber..
»
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