Serge Essenine
Publié le 09/12/2021
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Serge Essenine est né à Konstantinopolo, un village du gouvernement de Riazan, sur l'Oka, au sud-est de Moscou. Il était issu d'une famille de paysans pauvres et passa la plus grande partie de sa jeunesse aux travaux de la ferme, ouvert aux fantasmes comme aux réalités les plus directes de la terre inculte ou labourable. Doué dès l'enfance d'une imagination très éveillée, il a puisé dans les forces de la nature et son spectacle quotidien un aliment à ses instincts natifs. Les éléments, l'eau, le vent, ont été si l'on peut dire ses premières nourritures spirituelles. Il m'a raconté la dure éducation qui fut la sienne. A l'âge de 3 ans, on l'avait poussé comme un poulain dans les steppes, et c'est comme un jeune animal qu'il eut à se dépétrer des pièges de la nature. Serge vivait, une partie de l'année, chez un de ses oncles. Un beau matin, l'éleveur planta le jeune garçon sur l'échine d'une jument. Intrépide, Serge donna du talon aux flancs de la bête qui partit en vitesse. La première randonnée du futur poète fut une course au galop. Il parait qu'il s'en tira avec honneur. Je me représente aussi le père d'Essenine apprenant à nager à son jeune fils en le jetant à même une crique du fleuve Oka ! "Tire-toi d'affaire tout seul, garnement !" L'oncle le menait parfois à la chasse ; quand le chien manquait, c'est Serge qui ramassait le gibier ; parfois il fallait traverser un ruisseau ou une rivière. Comme son père lui avait dit, avant de le tremper dans le fleuve : "Tu n'es bon à rien, va prendre une leçon de nage et me reviens nageur !" l'oncle avait dû lui souffler quelque objurgation de ce goût en le mettant en chasse comme un Jeune limier.
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Serge Essenine
Serge Essenine est né à Konstantinopolo, un village du gouvernement de Riazan, sur l'Oka, au sud-est de Moscou.
Ilétait issu d'une famille de paysans pauvres et passa la plus grande partie de sa jeunesse aux travaux de la ferme,ouvert aux fantasmes comme aux réalités les plus directes de la terre inculte ou labourable.
Doué dès l'enfanced'une imagination très éveillée, il a puisé dans les forces de la nature et son spectacle quotidien un aliment à sesinstincts natifs.
Les éléments, l'eau, le vent, ont été si l'on peut dire ses premières nourritures spirituelles.
Il m'a raconté la dure éducation qui fut la sienne.
A l'âge de 3 ans, on l'avait poussé comme un poulain dans lessteppes, et c'est comme un jeune animal qu'il eut à se dépétrer des pièges de la nature.
Serge vivait, une partie del'année, chez un de ses oncles.
Un beau matin, l'éleveur planta le jeune garçon sur l'échine d'une jument.
Intrépide,Serge donna du talon aux flancs de la bête qui partit en vitesse.
La première randonnée du futur poète fut unecourse au galop.
Il parait qu'il s'en tira avec honneur.
Je me représente aussi le père d'Essenine apprenant à nager àson jeune fils en le jetant à même une crique du fleuve Oka ! "Tire-toi d'affaire tout seul, garnement !" L'oncle lemenait parfois à la chasse ; quand le chien manquait, c'est Serge qui ramassait le gibier ; parfois il fallait traverserun ruisseau ou une rivière.
Comme son père lui avait dit, avant de le tremper dans le fleuve : "Tu n'es bon à rien, vaprendre une leçon de nage et me reviens nageur !" l'oncle avait dû lui souffler quelque objurgation de ce goût en lemettant en chasse comme un Jeune limier.
Une deuxième chose à noter, c'est l'amour manifesté par le poète paysan pour les icônes et pour les chansons.
Onne conçoit bien les ouvrages des hommes qu'en montrant dans quel cadre ils ont vécu et à quelles sources ilsdoivent leur matière et leur esprit.
Les icônes, Essenine apprit à les révérer d'abord sous la coupole des églises, et le dessin aussi bien que la couleurde ces images pieuses lui révéla le côté sacré de l'art du poète ; ce sacré "naturel", qui est en même temps lesecret de son style.
Quant aux chansons, il les entendit d'abord dans son village où passaient, les jours de fête, deschanteurs ambulants.
C'est ainsi qu'il prit contact avec la poésie orale.
Ces sortes de trouvères débitaient descouplets de leur cru ou d'anciennes "gestes" remaniées d'âge en âge par l'imagination des chanteurs.
Le gardeur dechevaux, le limier des bois et des rivières, avalait le suc de cette littérature, et tout naturellement commença àrimer ses propres inventions qu'il chanta, gueula, pour lui-même, ensuite pour les bêtes et les éléments, ses amis.
Larenommée du poète campagnard dépassa un jour les frontières de sa province et alla toucher un grave fonctionnairequi prit l'adolescent sous sa protection.
C'est cet homme qui conduisit Essenine jusqu'à la cour du tsar, où il futinvité à lire ses vers.
Après une de ces lectures, l'impératrice manifesta son étonnement : "La Russie est-elle donc sitriste ?" Il y avait, au fond de ces poèmes, une ombre accentuée de nostalgie.
C'est le même fonctionnaire qui mena Serge, à la suite des grands pèlerinages, dans les basiliques où il put admirerles plus anciennes images religieuses.
Il importe d'ajouter que, pendant la Grande Guerre et au cours des débuts tumultueux du léninisme, Serge Esseninemena une vie vagabonde, jusqu'au moment où le phare de la renommée le prit dans son halo lumineux.
Essenine reste tout entier, dans son oeuvre, le chantre rustique des steppes, de leurs populations humaines et deleur faune.
Presque toutes les images sont tirées de la nature la plus primitive.
Cela se remarque surtout dans sespremiers poèmes, Au pays des canailles et la Confession d'un voyou.
Essenine s'y peint tel qu'il fut, sansménagement ni fard.
La Confession d'un voyou, la première suite de poèmes traduite en français et publiée en 1922dans "le Disque Vert" est le témoignage le plus authentique, tantôt violent, tantôt attendri, de l'amour du poètepour les lieux de son enfance.
Une partie de l'oeuvre d'Essenine est donc rétrospective par l'inspiration, si elle est,par l'expression, bien actuelle.
Dans un autre poème, d'une envolée en quelque sorte épique, et intitulé :Pougatcheff, chef des rebelles persécutés par les nobles de Catherine II, Essenine se confesse en un langage fier etémouvant.
Parmi les poètes de la Révolution russe, Essenine reste l'un des plus puissants.
Un authentique magnétiseur desfoules, au même titre que Maïakovsky, mais d'une tout autre inspiration, pleine de substance humaine et de sèverustique.
Contrairement aux autres poètes de l'époque, qui feignent d'ignorer le passé, ou qui y ont renoncé avecplus ou moins de résignation, comme Brussov, Essenine est demeuré ce qu'il avait été dès le jeune âge : le poètepar excellence des steppes, des champs et des isbas, le dernier de ces poètes, comme il dit lui-même : "Malade desouvenirs d'autrefois." Noble aussi jusqu'à l'orgueil :
Russie, ma Russie des bois je suis ton seul chantre, j'ai nourriLa tristesse de mes vers bestiauxAvec de la menthe et du réséda...
Autre part, ne crie-t-il pas, dans son enthousiasme égotiste :
Pauvres, pauvres paysans,.
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