Séquence 1 : Olympe de Gouges et ses combats pour l’égalité Comparaison des articles de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen et de la Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne Déclaration des droits de l’homme et du citoyen (1789)
Publié le 12/06/2024
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Séquence 1 : Olympe de Gouges et ses combats pour l’égalité
Comparaison des articles de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen
et de la Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne
Déclaration des droits de l’homme et du
citoyen (1789)
Déclaration des droits de la femme et de
la citoyenne (1791)
Commentaires
Art.
1er.
Les hommes naissent et
demeurent libres et égaux en droits.
Les
distinctions sociales ne peuvent être
fondées que sur l’utilité commune.
Art.
1er.
La femme naît libre et demeure
égale à l’homme en droits.
Les distinctions
sociales ne peuvent être fondées que sur
l’utilité commune.
La féminisation, dès le premier article,
est au service du combat pour
l’égalité.
Le passage au singulier crée une
généralisation.
En parlant de « la
femme » et non « des femmes »,
Olympe de Gouges suggère l’égalité
fondamentale, par essence, des
hommes et femmes.
Art.
2.
Le but de toute association politique
est la conservation des droits naturels et
imprescriptibles de l’Homme.
Ces droits
sont la liberté, la propriété, la sûreté, et la
résistance à l’oppression.
Art.
2 Le but de toute association politique
est la conservation des droits naturels et
imprescriptibles de la femme et de
l’homme.
Ces droits sont : la liberté, la
propriété, la sûreté et surtout la résistance
à l’oppression.
La mention de la femme, à côté de
l’homme, insiste sur la revendication
d’égalité.
Faire précéder les hommes
par les femmes permet de ne pas
reléguer ces dernières au second
plan.
Art.
3.
Le principe de toute Souveraineté
réside essentiellement dans la Nation.
Nul
corps, nul individu ne peut exercer
d’autorité qui n’en émane expressément.
Art.
3 Le principe de toute souveraineté
réside essentiellement dans la nation, qui
n’est que la réunion de la femme et de
l’homme ; nul corps, nul individu ne peut
exercer d’autorité qui n’en émane
expressément.
L’ajout est une relative qui définit la
nation en insistant sur l’égalité des
hommes et des femmes.
Art.
4.
La liberté consiste à pouvoir faire
tout ce qui ne nuit pas à autrui : ainsi,
l’exercice des droits naturels de chaque
homme n’a de bornes que celles qui
assurent aux autres Membres de la
Société la jouissance de ces mêmes droits.
Ces bornes ne peuvent être déterminées
que par la Loi.
Art.
4 La liberté et la justice consistent à
rendre tout ce qui appartient à autrui ; ainsi
l’exercice des droits naturels de la femme
n’a de bornes que la tyrannie perpétuelle
que l’homme lui oppose ; ces bornes
doivent être réformées par les lois de la
nature et de la raison.
Dans cet article, les modifications sont
importantes.
La liberté n’est plus la
seule valeur, elle est accompagnée
de la justice.
Cet ajout permet de
dénoncer l’injustice de la condition
des femmes.
D’ailleurs l’idée de
spoliation est ajoutée juste après,
pour accentuer cette injustice.
Dans cet article, la femme n’est donc
plus associée à l’homme mais
présentée comme sa victime, comme
l’indique la métaphore hyperbolique
de la tyrannie.
Le verbe « réformer » réclame un
changement de société, qui ne doit
plus venir de la loi (création imparfaite
des hommes) mais de la nature et de
la raison, valeurs philosophiques.
Il
s’agit de montrer que la cause des
femmes, quoiqu’elle n’ait pas encore
de base légale, est légitime
Art.
5.
La Loi n’a le droit de défendre que
les actions nuisibles à la Société.
Tout ce
qui n’est pas défendu par la Loi ne peut
être empêché, et nul ne peut être contraint
à faire ce qu’elle n’ordonne pas.
Art.
5 Les lois de la nature et de la raison
défendent toutes actions nuisibles à la
société ; tout ce qui n’est pas défendu par
ces lois sages et divines ne peut être
empêché, et nul ne peut être contraint à
faire ce qu’elles n’ordonnent pas.
À nouveau, le légitime est présenté
comme supérieur au légal.
La
légitimité de la demande est renforcée
par les adjectifs mélioratifs.
La
négation restrictive est remplacée par
une hyperbole : le ton est plus
catégorique.
L’implicite est que
l’infériorité sociale des femmes est
nuisible à la société, donc
condamnable.
Art.
6.
La Loi est l’expression de la volonté
générale.
Tous les Citoyens ont droit de
concourir personnellement, ou par leurs
Représentants, à sa formation.
Elle doit
être la même pour tous, soit qu’elle
protège, soit qu’elle punisse.
Tous les
Citoyens étant égaux à ses yeux sont
également admissibles à toutes dignités,
places et emplois publics, selon leur
capacité, et sans autre distinction que celle
de leurs vertus et de leurs talents.
Art.
6 La loi doit être l’expression de la
volonté générale : toutes les citoyennes et
citoyens doivent concourir personnellement
ou par leurs représentants à sa formation ;
elle doit être la même pour tous : toutes les
citoyennes et tous les citoyens, étant
égaux à ses yeux, doivent être également
admissibles à toutes dignités, places et
emplois publics, selon leurs capacités, et
sans autres distinctions que celles de leurs
vertus et de leurs talents.
Le verbe « être », qui désigne un état,
est remplacé à deux reprises par
« doit être », qui exprime une
exigence morale.
Le droit de participer
à la création de la loi est remplacé par
le devoir de le faire : Olympe de
Gouges exprime ainsi l’importance
que revêt la démocratie à ses yeux.
L’union des citoyennes et citoyens est
mentionnée deux fois, ce qui insiste
sur la revendication d’égalité.
Ce
rythme binaire remplace celui qui
exprimait l’égalité des citoyens devant
la loi.
L’accent est ainsi mis sur
l’égalité entre hommes et femmes.
Art.
7.
Nul homme ne peut être accusé,
arrêté ni détenu que dans les cas
déterminés par la Loi, et selon les formes
qu’elle a prescrites.
Ceux qui sollicitent,
expédient, exécutent ou font exécuter des
ordres arbitraires, doivent être punis ; mais
tout citoyen appelé ou saisi en vertu de la
Loi doit obéir à l’instant : il se rend
coupable par la résistance.
Art.
7 Nulle femme n’est exceptée ; elle est
accusée, arrêtée, et détenue dans les cas
déterminés par la loi.
Les femmes
obéissent comme les hommes à cette loi
rigoureuse.
Cet article est très différent de son
modèle.
Il est beaucoup plus
catégorique et paraît plus sévère.
Olympe de Gouges montre ainsi que
les femmes ont autant de droits que
de devoirs, et qu’elles méritent ces
droits puisqu’elles sont prêtes à
accepter les peines les plus
rigoureuses.
Art.
8.
La Loi ne doit établir que des peines
strictement et évidemment nécessaires, et
nul ne peut être puni qu’en vertu d’une Loi
établie et promulguée antérieurement au
délit, et légalement appliquée.
Art.
8 La loi ne doit établir que des peines
strictement et évidemment nécessaires, et
nulle ne peut être punie qu’en vertu d’une
loi établie et promulguée antérieurement
au délit, et légalement appliquée aux
femmes.
Cet article repose uniquement sur une
féminisation de son modèle.
Il
demande l’égalité des femmes et des
hommes face à la loi.
Art.
9.
Tout homme étant présumé
innocent jusqu’à ce qu’il ait été déclaré
coupable, s’il est jugé indispensable de
l’arrêter, toute rigueur qui ne serait pas
nécessaire pour s’assurer de sa personne
doit être sévèrement réprimée par la loi.
Art.
9 Toute femme étant déclarée
coupable, toute rigueur est exercée par la
loi.
Comme l’article 7, celui-ci semble
sévère : toutes les nuances de la
Déclaration des droits de l’homme et
du citoyen, qui visent à interdire les
violences arbitraires, sont ici
remplacées par l’acceptation d’une
grande sévérité.
Les articles 7 et 9
manifestent donc la dignité des
femmes, prêtes à accepter les lourdes
responsabilités accompagnant les
droits qu’elles demandent.
Art.
10.
Nul ne doit être inquiété....
»
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