sensations Rimbaud analyse

« Texte 13 : Sensation Sensation Par les soirs bleus d’été, j’irai dans les sentiers, Picoté par les blés, fouler l’herbe menue : Rêveur, j’en sentirai la fraîcheur à mes pieds. Je laisserai le vent baigner ma tête nue. Je ne parlerai pas, je ne penserai rien : Mais l’amour infini me montera dans l’âme, Et j’irai loin, bien loin, comme un bohémien, Par la Nature, – heureux comme avec une femme. Mars 1870 Arthur Rimbaud, Cahier de Douai 1 Texte 14 : Le Mal Le Mal Tandis que les crachats rouges de la mitraille 1 Sifflent tout le jour par l’infini du ciel bleu ; Qu’écarlates ou verts,2 près du Roi qui les raille,3 Croulent les bataillons en masse dans le feu ; Tandis qu’une folie épouvantable broie Et fait de cent milliers d’hommes un tas fumant ; — Pauvres morts ! dans l’été, dans l’herbe, dans ta joie, Nature ! ô toi qui fis ces hommes saintement !… — Il est un Dieu, qui rit aux nappes damassées4 Des autels, à l’encens, aux grands calices5 d’or ; Qui dans le bercement des hosannah6 s’endort, Et se réveille, quand des mères, ramassées Dans l’angoisse, et pleurant sous leur vieux bonnet noir, Lui donnent un gros sou lié dans leur mouchoir ! Rimbaud, Cahier de Douai, 1870 Texte 15 : Ma bohème 1 2 3 4 5 6 Tirs d’armes à feu. Uniformes rouges pour les Français, verts pour les Prussiens Qui s’en moque Etoffe précieuse en soie recouvrant les autels religieux dans les Eglises. Vases sacrés utilisés par les prêtres pour boire le vin lors de la messe. Chants sacrés de gloire à Dieu pour les juifs et les chrétiens. 2 Ma bohème ( Fantaisies)1 Je m’en allais, les poings dans mes poches crevées ; Mon paletot2 aussi devenait idéal3 ; J’allais sous le ciel, Muse ! et j’étais ton féal4 ; Oh ! là ! là ! que d’amours splendides j’ai rêvées ! Mon unique culotte5 avait un large trou. – Petit-Poucet rêveur, j’égrenais dans ma course6 Des rimes.

Mon auberge était à la Grande-Ourse. – Mes étoiles au ciel avaient un doux frou-frou Et je les écoutais, assis au bord des routes, Ces bons soirs de septembre où je sentais des gouttes De rosée à mon front, comme un vin de vigueur ; Où, rimant au milieu des ombres fantastiques, Comme des lyres7, je tirais les élastiques De mes souliers blessés, un pied8 près de mon cœur ! Octobre 1870. 71 Pièce musicale de forme libre. Veste. 3 Jeu de mots : la veste est tellement usée qu’elle en devient irréelle (ironie de la philosophie de Platon) 4 Serviteur, fidèle chevalier à son seigneur (référence à l’allégeance du chevalier) 5 Pantalon 6 Nom d’une constellation 7 Instrument de musique symbolisant la poésie dans l’Antiquité 8 Jeu sur le mot, qui désigne également une unité rythmique d’un vers. 82 3 Texte 16 : Le Crapaud Le Crapaud Un chant dans une nuit sans air... La lune plaque en métal clair Les découpures du vert sombre. ...

Un chant; comme un écho, tout vif Enterré, là, sous le massif... — Ça se tait : Viens, c’est là, dans l’ombre... — Un crapaud! — Pourquoi cette peur, Près de moi, ton soldat fidèle! Vois-le, poète tondu, sans aile, Rossignol de la boue...

— Horreur! — ...

Il chante.

— Horreur!! — Horreur pourquoi? Vois-tu pas son œil de lumière... Non : il s’en va, froid, sous sa pierre. ........................................................................... Bonsoir — ce crapaud-là c’est moi. Tristan Corbière, Les Amours jaunes 1873 4 Analyse linéaire Sensation Introduction : En 1870, Rimbaud a 16 ans.

« L’homme aux semelles de vent » comme le surnommera Paul Verlaine plus tard, fugue à plusieurs reprises une mère autoritaire et une France en guerre.

Durant ses vagabondages, il écrit 22 poèmes.

Il les recopie à Douai sur deux liasses de feuilles d’écolier : une première comportant 15 poèmes, une seconde avec 7 sonnets alors qu’il s’est réfugié chez son professeur de rhétorique : Georges Izambard.

C’est à Paul Demeny, poète et éditeur, qu’il confie ses poèmes qui seront publiés 18 ans plus tard sans que Rimbaud le sache.

Ainsi, dans ce court poème de deux quatrains Rimbaud qui n'a pas encore 16 ans fait l’expérience de ses premiers exercices de poésie.

A cet âge notre jeune poète a encore des sensations que ressentent bien des jeunes : la quête d'un premier amour, le bonheur dans la nature, les promenades romantiques. Le poème, très court, comme une sorte de sonnet en alex inachevé, ne contient que 8 vers, répartis en 2 quatrains en rimes croisées avec une alternance entre les rimes féminines et masculines. Problématique générale : En quoi le fait de se libérer de certaines contraintes ou règles favorise-t-il voire stimule t-il la création poétique ? Problématique : Pour guider notre explication du poème, nous nous demanderons de quelle manière le poète exprime le rêve d’émancipation et de liberté du poète. Pour mener cette analyse linéaire du poème “Sensation” d’Arthur Rimbaud, nous suivrons le mouvement naturel du texte en adoptant un découpage par strophe. La première strophe présente un cadre concret dans lequel évolue le poète.

La seconde strophe décrit les sentiments abstraits qui submergent le poète. Résumé : AR affirme son besoin de liberté comme les verbes d’action au fut qui décrivent une fuite imaginaire.

Le poète rêve de bonheur loin de la ville au contact de la nature qui éveille sa sensualité. Quel temps verbal employé ? fut simple de l’ind Que cela suggère-t-il ? Un acte à venir + certitude quant à l’avenir Comment comprenez-vous la comparaison finale ? Elle montre l’importance de la sensualité, de se laisser aller vers la sensation dans la nature ; retour à une forme d’amour primaire, primitif, non intellectualisé Le titre : Revenons au titre : « Sensation » sans s = pourtant, évoque plus qu’une sensation : vue : « soir bleu », toucher : « picoté, fraîcheur herbe, douceur du vent ».Alors pourquoi ce sing ? AR revendique l’état de plénitude qui unit tout, l’être cô les sensations;il cherche à exprimer un bloc de sensations, la paix que l’âme atteint par les sens unifie presque divinement l’être.

C’est parce qu’une seule (sensation) l’emporte vraiment= le bonheur confirmé par l’adj final « heureux ».

Est-ce l’amour ? Au vers 6 il parle d’ « amour infini » qui lui « montera dans l’âme » ; et si en vérité elle était tout autre?une sensation qui recouvre bonheur et amour à la x.

Et si c’était tt simplement le rêve ? La quête sensorielle est avant tout ici spirituelle : cf le poème de Baudelaire « Parfum exotique » = voyage sensorielle+ extase 5 finale.

« Quand, les deux yeux fermés, en un soir chaud d'automne, Je respire l'odeur de ton sein chaleureux, Je vois se dérouler des rivages heureux Guidé par ton odeur vers de charmants climats, Je vois un port rempli de voiles et de mâts Encor tout fatigués par la vague marine, Pendant que le parfum des verts tamariniers1, Qui circule dans l'air et m'enfle la narine, Se mêle dans mon âme au chant des mariniers. 1er mouvement : Une communion avec la nature Le v1 : s’inscrit ds la poésie du mouvement propre à AR : le verbe aller apparaît 2x en 8 vers seulement.Dans le v1 il marque le départ « j’irai ».

De plus, la nature est importante dès le début du poème.

On constate la présence de son champ lexical.... »