Sénégal (2003-2004): Divorce entre Abdoulaye Wade et Idrissa Seck
Publié le 23/09/2020
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Sénégal (2003-2004): Divorce entre Abdoulaye Wade et Idrissa Seck
Le bilan de l’alternance, incarnée par l’élection du président Abdoulaye Wade,
le 19 mars 2000, a continué d’alimenter la controverse politique interne.
Des
livres à sensation ont été publiés pour critiquer le mandat du chef de l’État
sénégalais en des termes peu amènes.
Le journaliste Abou Latif Coulibaly a fait
paraître un pamphlet impitoyable, Wade, un opposant au pouvoir, l’alternance
piégée ?, qui lui a valu des menaces de mort.
Un autre livre, Le Sénégal entre
deux naufrages : le Joola et l’alternance, publié en octobre 2003 par Almamy
Mamadou Wane, a incité le président Wade à porter plainte pour «diffamation»,
auprès du tribunal de grande instance de Paris, à la fois contre l’auteur et sa
maison d’édition, L’Harmattan.
Le président a, de son côté, produit un Livre
blanc, rendu public le 19 mars 2004 (quatre ans après son arrivée au pouvoir),
pour battre en brèche toutes les critiques.
L’atmosphère politique sénégalaise a également été marquée par l’affaire Talla
Sylla.
Cet opposant flamboyant au régime Wade a été attaqué à coups de marteau
par des inconnus le 5 octobre 2003, alors qu’il s’apprêtait à sortir un album de
musique intitulé Wade, bouge de là ! Les violences sporadiques à l’endroit de la
société civile et de l’opposition ont conduit à l’organisation d’une «marche
contre la violence politique et l’impunité», le 6 novembre 2003, à Dakar.
Les relations entre A.
Wade et ses alliés politiques ont également été l’objet
de l’attention des observateurs.
Ses rapports avec la gauche sénégalaise, la
Ligue démocratique-Mouvement pour le parti du travail (LD-MPT) d’Abdoulaye
Bathily, et And-Jëf/Parti africain pour la démocratie et le socialisme (AJ-PADS)
de Landing Savané, se sont fortement dégradés, sans qu’aucune des deux parties
ne prenne l’initiative d’une franche rupture.
Il en est allé de même avec
Idrissa Seck, Premier ministre et «numéro deux» du Parti démocratique sénégalais
(PDS, formation du président) qui a essuyé de nombreuses critiques du chef de
l’État, portant sur l’«incapacité» de son administration à «absorber» les aides
extérieures et à mener les réformes de fond indispensables à une bonne
gouvernance – le Sénégal ne parvenait à utiliser que 12 % des fonds de la Banque
mondiale et 30 % des fonds de l’Union européenne.
I.
Seck a finalement été
contraint de démissionner le 21 avril 2004.
Son remplaçant à la Primature, Macky
Sall, issu du PDS, était considéré comme un «disciple du président».
Sur le plan international, A.
Wade a effectué une visite officielle en France le
19 février 2004, afin de dissiper la crainte de Paris que le président
sénégalais ne développe un trop fort tropisme américain (il a soutenu la guerre
en Irak et reçu en grande pompe, à Gorée, le président George W.
Bush et son
épouse, le 8 juillet 2003).
Avec succès, puisque les relations entre Jacques
Chirac et A.
Wade étaient «au beau fixe», après leur entretien.
Sur le plan
économique, le Sénégal, qui a connu une croissance de 6,3 % en 2003, tablait sur
un taux de 6 % en 2004..
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