Senectus ipsa est morbus
Publié le 08/01/2022
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«
Senectus ipsa est morbus
La vieillesse est en soi une maladie
Cet énoncé gnomique est attesté par Térence (Phormio, 515) et ce pas
sage passera
à la postérité: cf.
notamment les scholies à Perse (2, 4),
mais aussi Juvénal (10,219) et saint Jérôme (Tractatus in Psalmos, 89).
Cette sentence devint l'un des lemmes utilisés
par Erasme dans ses
Adagio (2, 6, 37) et fut répertoriée pa1111i les sentences médiévales
(Walther 12822b; 28006).
Citons aussi l'une de ses variantes, toujours
chez Sénèque
(Ep., 108, 28 : Senectus enim insanabilis morbus est, >), variante elle aussi répertoriée
parmi les sentences médiévales (Walther 28005).
Selon Donat, Térence
reprenait en fait
un proverbe grec To yijpcis ÈOTlV aÙTo, > déjà cité par le poète comique
Apollodore de Caryste
(fr.
24 K.-A.), dont on pouvait lire un équivalent
chez Aristote
(De generatione animalium, 5, 748b 32-34).
La compa
raison entre la vieillesse et la maladie est du reste fréquente: cf.
notam
ment Philon (De Cherubim, 68 ; De posteritate Caini, 71 ; 112 ;
Abraham, 182), Clément d'Alexandrie (Stromata, 4, 6, 38) même si
Galien se montre plus nuancé
(De marcore, 7, 680 K.) et se contente
d'indiquer qu'il en
va autrement pour certains hommes dont la
vieillesse équivaut à une santé relative.
D'autres auteurs traitent
du
même sujet, notamment Cicéron (cf.
De senectule, 11, 35, cité dans les
Sententiae philosophicae co/lectae ex Arislotele atque Cicerone du
Pseudo-Bède [Pl 90, 1075c]), qui avertit son lecteur qu'il lui faudra
combattre la vieillesse comme
une maladie, pugnandum tamquam
contra morbum, sic contra senectutem et Grégoire le Grand (Homiliae
in Evangelia., PL 16, 1080c), qui décrit de façon détaillée les inévi
tables maux de la vieillesse inexorablement attirée par la mort au fur et
à mesure que le corps se détériore (ce qui devrait inciter l'homme à
mépriser la matière, condamnée à disparaître).
Le dialecte sarde a
conservé
un équivalent exact de l'adage latin (Sa matepsi bezzesa est
maladia), mais toutes les langues européennes possèdent des expres
sions similaires : cf.
en
français la vieillesse est elle-même une mala
die
(cf.
Arthaber 1393; Lacerda-Abreu 366; Mota 227).
La maxime de
Térence
fut reprise non seulement par les auteurs latins de l'époque
moderne (cf.
notamment Erasme
[De senectute, 8); les Memoriae
Philosophorom
de H.
Witte [Frankfurt am Main, 1677-1679, 326)),
mais aussi par les grands auteurs de notre époque : cf.
par exemple le
Periquillo Sarniento de José Joaquin Femandez de Lizardi (4, 15);
I
'Héritière fortunée de Carlo Goldoni (2, 7) ; les Fiancés d' Alessandro
Manzoni (38, 27) ;
le Faust de Goethe (2, 2, scène de la chambre
gothique) où le bachelier fait de la vieillesse ein /caltes Fieber, une
fièvre froide, et
la petite Fadette (32) de George Sand, qui atli1111e que
l'âge est la pire des maladies..
»
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