Selon Hölderlin, « Le langage est le bien le plus précieux en même temps que le plus dangereux qui ait été donné à l'Homme ». Qu'en pensez-vous ?
Publié le 16/05/2020
Extrait du document
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Selon Hölderlin, « Le langage est le bien le plus précieux en même temps que le plus dangereux qui
ait été donné à l’Homme ».
Qu’en pensez- vous ?
Ma citation est une citation de Friedrich Hölderlin, qui était un poète, e ssayiste et philosophe
allemand né en 1770.
Poussé très tôt par sa mère qui souhaitait qu’il suive les pas de son père,
pasteur décédé alors qu’il avait deux ans, il e ntre en 1784 au petit séminaire de Denkendorf, où il
apprend le grec, le latin et l'hébreu.
C’est là qu’il commence à s’inté resser aux mythes et aux textes
antiques, ainsi qu’à la poésie de l’idéalisme de Schiller.
Puis, marchant dans les traces de Kant aux
côtés de Hegel et Schelling qu’il rencontre alors qu’il étudie la théologie, il sera l’un des principaux
fondateurs de l’i déalisme allemand, qui visait à établir un système de la morale et de la nature
réconciliées, afin de fonder une nouvelle manière d’envisager la métaphysique.
Profondément croyant, il regardait donc le langage comme un « don » bénéfique de Dieu, qu’il
n’é tait pas possible à l’Homme de refuser et surtout qu i devait être utilisé intelligemment et à bon
escient pour le bien de l’humanité.
Si l’on voulait définir ce don, on pourrait faire simple en le
considérant comme le véhicule des pensées, des émotions.
Cela permettrait d’insister sur fonction
de moyen (en vue d’une fin), d’instrument, d’outil de communication et impliquerait qu’il soit
postérieur aux émotions ou aux pensées qu’il exprime.
Cependant, cela n’entache en rien le
caractère indispensable du lang age : il est, aux dires de nombreux philosophes et surtout
parallèlement à l’usage que l’on en fait quotidiennement, ce qui permet d’organiser les pensées,
d’avoir des idées générales, de procéder à l’abstraction, de classer les choses ou encore de
persua der, d’agir sur les autres.
Po ur toutes ces raisons, on ne peu t qu’être d’accord avec Hölderlin
lorsqu’il voit en lui un bien précieux.
Pourtant, on est aussi en droit de penser que le langage peut
s’avérer être parfois une condition de la pensée, et lui re procher d’être imparfait, de ne pas
permettre à la pensée de pleinement se déployer ou, encore plus grave, de la figer.
Cela reviendrait à
dire que le langage d’une certaine manière, déterminerait la pensée, et qu e celle ne serait que
l’expression des possibilités du langage .
En cela, s’il limitait, formatait la pensée, la culture, ou un
quelconque autre aspect de l’existence humaine, le langage pourrait commencer à prendre la
tournure dangereuse que lui trouvait Hölderlin.
Cependant, parce que la pensée ne peut exister sans
le langage, on ne peut lui reprocher réellement aucun de ces « défauts », et il semblerait que le réel
danger du langage ne soit pas dans sa nature même mais plus dans l’utilisation qu’en font les
hommes.
Je vais donc commencer par analy ser la qualité du langage en tant qu’ instrument de la
pensée, puis sa vocation à être une condition, un fondement de la culture et de la pensée.
Enfin,
j’essaierai laborieusement de montrer que mal utilisé, le langage est bel et bien dangereux.
La philosop hie du langage telle qu’on la connaît aujourd’hui naît au cœur de la philosophie antique,
après la rupture avec la théorie de Democrite qui voyait le langage comme quelque chose de
purement conventionnel.
Mais cette conception ne pouvait être que fausse, puisque le fait qu’une
chose puisse être nommée par plusieurs termes différents et qu’à l’inverse un même terme ait
plusieurs sens montre que le lien entre le langage et les choses repose sur une intuition humaine, et
Platon et Aristote se sont amusés à le démontrer.
2) Le langage, instrument de la pensée
Comme je le disais en introduction, le langage a souvent été considéré comme un pur véhicule de la
pensée, etc : cela est évident dans la philosophie classique, avec par exemple la conception de.
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