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Sei-Shônagon

Publié le 09/12/2021

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Sei-Shônagon 965- ? Sei-Shônagon est un des écrivains les plus importants de l'histoire de la littérature japonaise. Cependant personne ne l'a dit au Japon, exception faite des savants et des spécialistes qui étudient la littérature "nationale classique". Les écrivains l'oublient et les critiques littéraires ne parlent jamais d'elle. Pourquoi ? Lorsque, en 1946, un groupe d'écrivains soviétiques visita le Japon, l'un d'eux, Constantin Simonov, parla du Roman de Genji des termes fort élogieux, une romancière très intellectuelle d'extrême-gauche l'interrompit brusquement : "Mais hélas ! c'est une œuvre de la noblesse !" Les Notes de l'Oreiller de Sei-Shônagon sont, aussi, un livre aristocratique et réactionnaire, aurait-elle dit... Au Japon, le mouvement littéraire moderne commença seulement au début de notre siècle, tandis qu'en Europe il remonte au temps de la Renaissance. La mission qu'assumaient nos écrivains était de nier les lettres médiévales, et, en même temps, d'introduire celles de l'Europe moderne. Ils firent un effort ardent et tenace pour européaniser notre littérature. Aussi les écrivains japonais de nos jours ne s'intéressent plus à Sei-Shônagon, ni à Murasaki-Shikibu, comme c'est le cas des Français d'aujourd'hui pour l'Astrée, ou le Grand Gyrus. Les Occidentaux nous conseillent toujours de conserver nos propres traditions, parce que, disent-ils, nous, les Japonais, possédons Murasaki-Shikibu, Hônen, Hokusai, etc... Cependant, depuis la révolution de 1868, nous nous sommes toujours efforcés d'échapper à l'état de stagnation asiatique et de transplanter la civilisation européenne dans notre climat. Si nous échouons dans cette entreprise, nous nous perdrons. Pour les penseurs de l'Ouest, de Schopenhauer jusqu'à Hermann Hesse, l'Asie est peut-être la source la plus ancienne de la sagesse humaine, mais, pour nous autres, Japonais, cette Asie-là ne signifie que misère et désastre. Pour la majeure partie du peuple qui vient de connaître la dignité de l'homme et la liberté de l'esprit, notre littérature du Moyen Âge n'est qu'un amas horrible de souvenirs d'un régime féodal fondé sur une hiérarchie intolérable. D'ailleurs, pendant la seconde guerre mondiale, nos chauvins rendaient un culte fanatique à nos classiques et attaquaient la littérature moderne de l'Occident. On ne pouvait lire Dickens ou Emerson sans courage ni danger.

« Sei-Shônagon965- ? Sei-Shônagon est un des écrivains les plus importants de l'histoire de la littérature japonaise.

Cependant personne ne l'a dit au Japon, exception faite dessavants et des spécialistes qui étudient la littérature "nationale classique".

Les écrivains l'oublient et les critiques littéraires ne parlent jamais d'elle. Pourquoi ? Lorsque, en 1946, un groupe d'écrivains soviétiques visita le Japon, l'un d'eux, Constantin Simonov, parla du Roman de Genji des termes fort élogieux, uneromancière très intellectuelle d'extrême-gauche l'interrompit brusquement : "Mais hélas ! c'est une œuvre de la noblesse !" Les Notes de l'Oreiller de Sei-Shônagon sont, aussi, un livre aristocratique et réactionnaire, aurait-elle dit... Au Japon, le mouvement littéraire moderne commença seulement au début de notre siècle, tandis qu'en Europe il remonte au temps de la Renaissance.

Lamission qu'assumaient nos écrivains était de nier les lettres médiévales, et, en même temps, d'introduire celles de l'Europe moderne. Ils firent un effort ardent et tenace pour européaniser notre littérature.

Aussi les écrivains japonais de nos jours ne s'intéressent plus à Sei-Shônagon, ni àMurasaki-Shikibu, comme c'est le cas des Français d'aujourd'hui pour l'Astrée, ou le Grand Gyrus. Les Occidentaux nous conseillent toujours de conserver nos propres traditions, parce que, disent-ils, nous, les Japonais, possédons Murasaki-Shikibu,Hônen, Hokusai, etc...

Cependant, depuis la révolution de 1868, nous nous sommes toujours efforcés d'échapper à l'état de stagnation asiatique et detransplanter la civilisation européenne dans notre climat.

Si nous échouons dans cette entreprise, nous nous perdrons.

Pour les penseurs de l'Ouest, deSchopenhauer jusqu'à Hermann Hesse, l'Asie est peut-être la source la plus ancienne de la sagesse humaine, mais, pour nous autres, Japonais, cette Asie-là ne signifie que misère et désastre.

Pour la majeure partie du peuple qui vient de connaître la dignité de l'homme et la liberté de l'esprit, notre littérature duMoyen Âge n'est qu'un amas horrible de souvenirs d'un régime féodal fondé sur une hiérarchie intolérable.

D'ailleurs, pendant la seconde guerre mondiale,nos chauvins rendaient un culte fanatique à nos classiques et attaquaient la littérature moderne de l'Occident.

On ne pouvait lire Dickens ou Emerson sanscourage ni danger. Il est donc bien délicat de rendre hommage à Sei-Shônagon dans la situation actuelle.

Nous trouverons, d'abord, quelques reflets de la société féodaleasiatique, dans les mêmes pages où mes lecteurs européens verront des scènes exotiques.

L'époque moderne, au Japon comme dans toutes les régions del'Asie, a été trop dure pour que nous puissions garder notre sens critique indépendant et "non engagé". Pourtant, il est indéniable que les Notes de l'Oreiller contiennent de nombreuses pages belles et profondes qui constituent un des trésors de l'humanité. Le début du XIe siècle fut l'apogée de l'époque Fujiwara, celle de notre civilisation médiévale aristocratique.

A cette époque, c'étaient surtout les dames dela cour qui écrivaient des poèmes, des romans, des essais, des mémoires, des journaux intimes : le siècle des femmes dans l'histoire de la littératurejaponaise.

Les hommes avaient coutume d'écrire en chinois, parce que la civilisation chinoise dominait alors tout l'Extrême-Orient, et que le chinois y jouaitle même rôle que le latin en Europe au moyen âge. Sei-Shônagon et Murasaki-Shikibu furent les deux grandes femmes écrivains de cette époque, et elles étaient des rivales dans la vie réelle comme dans ledomaine des lettres.

La cour de l'empereur Ichijô était dominée par deux maisons puissantes de la famille Fujiwara, dont les chefs, Michitaka et Michinagaétaient frères.

Chacun d'eux avait donné une fille comme épouse à l'empereur.

L'une, Sadako et l'autre Akiko.

Le harem se divisait en deux parties.

Chacunedes deux impératrices avait comme dame d'honneur une femme cultivée : Sadako, Sei-Shônagon ; A kiko, Murasaki-Shikibu. Sei-Shônagon naquit dans une famille de savants de culture chinoise, et, d'ailleurs, la maison Michitaka, au service de laquelle elle se mettait, étaitégalement célèbre pour la même raison.

Sei-Shônagon n'est qu'un nom de cour, et, aujourd'hui, on ne sait ni son vrai nom, ni les dates de sa naissance et desa mort, comme d'ailleurs pour la plupart des femmes de son temps. Elle est, tout d'abord, un moraliste, tandis que sa rivale, Murasaki-Shikibu, est une romancière.

La vie de la cour et le monde des nobles, remplis de ruses,d'intrigues et d'amours éveillèrent et développèrent en elle l'esprit critique, humoristique et satirique.

Elle notait des esquisses sur place, pleines d'esprit,dans le boudoir, dans la rue, dans le temple et sur la rivière, en imitant probablement le Shan Tsa Tsuan, écrit par Li Shang- Yin, homme de lettres de l'èrede T'ang de la Chine.

Les Notes de l'Oreiller sont un recueil des fragments en désordre, d'impressions, de souvenirs, de spectacles, d'opinions sur le goût,ou de simples énumérations de noms de montagnes, de collines, de lacs, de fleurs, d'insectes, de temples, de danses, de femmes, de robes, de poésies, detombeaux, etc. Ses jugements comme moraliste ne sont parfois que ceux d'un courtisan et d'un noble : le respect naïf envers sa maîtresse, l'impératrice, et le méprisnaturel envers ses domestiques.

Malgré tout, ses observations sont toujours exactes et subtiles.

La finesse féminine est incomparable chez elle.

"Ce quiest émouvant : le moineau nourrissant ses petits ; passer devant un bébé en train de jouer ; se coucher toute seule en brûlant de l'encens ; trouver quelquetache sur la surface d'un miroir de C hine ; quand un beau garçon, arrêtant son chariot devant ma porte, envoie son valet pour demander à me voir ; lorsquemes cheveux lavés, la toilette faite, je mets une robe embaumée, et que je me sens agréable, même quand nul ne me regarde ; la nuit où j'attends quelqu'un; le bruit de la pluie et du vent qui me fait frissonner..." Le génie du dessin est une faculté traditionnelle des Japonais.

On reconnaîtrait aussi le même talent dans notre littérature.

L'image claire et délicate dedessinateur est un des éléments essentiels de la beauté dans la prose japonaise.

Nos écrivains, encore aujourd'hui, croient qu'une simple description de lascène quotidienne ou de la nature peut guérir l'âme fatiguée et ennuyée plus qu'aucune expression des idées.

On admire Naoya Shiga, indiscutablement enraison de la prodigieuse exactitude du dessin de sa prose.

Dans chaque page des Notes de l'Oreiller, on retrouve cette même grâce de ligne et de figure.Edmond Jaloux a dit, en parlant d'un roman de Jean Giraudoux : "Pour l'occidental, l'univers moral a été créé avant l'autre ; la nature est un lieu depromenade.

Mais pour un Bashô ou un Onitsura, les sentiments et les spectacles naturels sont les équivalences du même phénomène." Chez Sei-Shônagonautant que chez ses contemporains, le temps qu'il fait et la scène de la nature sont conçus comme reflet des sentiments de l'observateur.

On retrouveraitcette correspondance entre l'âme et la nature chez les symbolistes occidentaux de la fin du dernier siècle. Cependant la base de cet état d'âme est, chez Sei-Shônagon, le sentiment de la fragilité de la vie et de la beauté.

Car l'homme n'est pas pour elle le maîtrede la nature.

Même dans ses pages brillantes, elle suggère un sentiment tragique de la solitude humaine en face de la mort, qui nous émeut profondémentencore aujourd'hui.. »

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