Séance 2, lecture analytique n°1 1L La colonie, Marivaux, scène 13.
Publié le 25/03/2024
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Séance 2, lecture analytique n°1 1L La colonie, Marivaux, scène 13.
La Colonie est une pièce de théâtre de Marivaux (biographie à énoncer rapidement), écrite en 1729.
Il y dépeint la condition sociale des femmes au 18 ème siècle, pendant la monarchie absolue.
Il situe sa
pièce dans un lieu et un temps utopiques, parce qu’indéterminés.
Les femmes décident donc de
prendre le pouvoir, afin d’être entendues.
La scène 13 que nous allons étudier se situe à la fin de la
pièce : Mme Sorbin et Arthénice, les deux chefs de file de cette rébellion revendiquent l’égalité des
sexes devant des hommes goguenards.
Comment le dramaturge en proposant une révolte féminine
pose-t-il les termes d’un débat sur le rôle des femmes dans la société ? I.
Une scène de comédie.
II.
Le
rôle des femmes.
III.
Ironie et utopie.
La scène présentée est vivante et bien menée, elle est destinée à exposer aux hommes le projet
des femmes.
C’est une scène de comédie aux dialogues vivants, comiques et rythmés.
Tout d’abord, le dialogue est vif : les personnages ( trois hommes et deux femmes parlent, trois
autres écoutent dont Lina et Persinet et la femme au tambour) s’expriment avec des répliques courtes,
associées à des stichomythies aux lignes 4 et 17 par exemple.
De plus, la parole est assez bien répartie
entre les protagonistes, montrant l’équilibre des forces pour l’instant, hormis la réplique plus longue
d’Arthénice.
Le dialogue donne donc un rythme vif à la scène mais il est aussi possible d’imaginer les
gestes et les déplacements des personnages, avec l’affiche et le tambour.
Enfin, le spectateur entre
rapidement dans le sujet avec la question directe d’Arthénice, et la réponse tout aussi directe
d’Hermocrate.
Enfin, les pronoms « nous » et « vous » au début de la scène dans la bouche
d’Arthénice indique une proximité entre les hommes et les femmes intéressante et plaçant directement
le débat.
Ensuite, la scène est bien menée car le dialogue progresse : grâce à l’utilisation de questions non
rhétoriques : elles demandent des réponses de la part des hommes.
Par exemple à la ligne 12,
Timagène veut être éclairé sur le projet des femmes.
Les hommes de plus sont de plus en plus absents,
notamment des lignes 18à 26 où les femmes expriment leur décision.
On devine que l’étonnement doit
les abattre et laisser parler les femmes est habile pour le dramaturge : cela lui permet d’exposer leur
projet plus largement et de faire progresser le sujet.
Leur détermination est sympathique : elles ont
tout prévu et ont réponse à tout avec « l’ordonnance » placardée à un arbre.
Enfin, la scène présentée est comique et le dramaturge utilise différents comiques : le comique de
situation car les rôles sont inversés, ce sont les femmes qui commandent, le comique de caractère avec
des femmes autoritaires, le comique de mots avec les « bonnets carrés » qui deviennent « octogones »
par exemple, le comique de gestes que l’on peut imaginer (lors des lignes 8 et 9 par exemple).
De plus,
Marivaux fait rire sur la « parole » des femmes en utilisant le cliché de la femme bavarde, repris par
Mme Sorbin, « langue assez bien pendue », cet humour rappelle le comique de Molière, les femmes
sont capables d’auto dérision, elles se moquent d’elles-mêmes en s’accordant une capacité primant sur
les autres.
Le dramaturge choisit de proposer une scène vivante et bien menée, comique au rythme vif.
Le
spectateur s’amuse de la scène qui lui est présentée.
Toutefois, Marivaux met en place une
argumentation sur le rôle des femmes dans la société.
Marivaux dans sa pièce inverse les valeurs et place des femmes revendiquant une autre
condition et un autre statut.
Les personnages féminins argumentent en mettant en relation leur
ancien rôle et le nouveau statut qu’elles souhaitent débuter, un statut qui prendra une place
prépondérante dans la société.
En premier lieu, elles condamnent le rôle ancien qu’elles ont joué.
Il nous est livré par un homme
aux lignes 5 à 7, en effet, « un autre homme » explique à l’aide de l’adverbe « c’est-à-dire » les
obligations de la femme, réduite à un simple état comme le montrent les deux noms « femmes » et
« filles » et à un statut « maris ».
Le futur ici employé est proche de l’impératif et le conditionnel de
politesse « on ne saurait » sonne faux, c’est ce que confirme le présentatif « c’est votre lot ».
A la
ligne 19, Arthénice répond à ces obligations : la femme était craintive comme elle le souligne par
l’adjectif « poltronnes », ce statut est révolu « ne que », la négation restrictive le confirme, et
appartient définitivement au passé, le passé composé « avons été « montre en effet une situation
passée.
Arthénice point du doigt l’éducation et la condamne, rejoignant en cela quelques penseurs du
XVIIIème siècle qui veulent voir le statut de la femme évoluer.
De plus, l’homme s’accorde des
qualités de sérieux « gravité » et d’élégance qui sont relatives au costume et à l’apparence.
Enfin, la
réponse initiale d’Hermocrate « A rien, comme à l’ordinaire » montre à quel point les femmes n’ont
aucun rôle, le pronom indéfini « rien » marque ici la nullité de leur présence dans la société.
Ensuite, les femmes se révoltent et proposent donc un nouveau rôle à jouer.
D’abord, elles veulent
décider comme on le voit par les injonctives « lisez » « battez » « qu’on nous donne ».
De plus, elles
veulent des responsabilités et des fonctions, à l’aide de propositions accumulées, Arthénice énonce le
rôle qu’elles souhaitent jouer, les verbes sont ceux de l’union « mêler » et « associées » liés à deux
hyperboles qui montrent l’étendue de leur pouvoir de décision « de tout « et « à tout ».
La phrase est
aussi l’expression d’une volonté « nous voulons ».
De même, elles veulent avoir un métier, idée tout à
fait révolutionnaire pour l’époque, l’énumération étend la sphère des métiers aux professions nobles à
la ligne 16.
Ces domaines seront repris à la ligne 26 avec l’énumération.
Le but est de montrer leurs
qualités voire leurs défauts similaires à ceux des hommes, le superlatif « plus méchantes que vous »
témoigne de leur volonté d’égaler les hommes et ici de les dépasser.
Enfin, elles s’attribuent un rôle important voire prépondérant dans la société, elles vont s’unir aux
hommes et être en leur compagnie comme nous l’avons vu précédemment.
Elles souhaitent être
présentes dans les domaines globaux de la société comme le confirme le pronom indéfini «....
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