Scipion l'Africain (Publius Cornelius Scipio Africanus)235-183 av.
Publié le 23/05/2020
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Scipion l'Africain (Publius Cornelius Scipio Africanus)
235-183 av.
J.-C.
Avant César, le modèle des conquérants romains.
Simple édile, donc administrateur civil,
à vingt-deux ans, mais appartenant à l'illustre gens Cornelia, il doit à la mort subite en
Espagne de son père et de son oncle, au cours de la deuxième guerre punique, d'être
nommé proconsul (-211) : et c'est aussitôt la révélation d'un génie guerrier hors de pair
qu'on prétendra protégé par la faveur des dieux — Scipion, au temple du Capitole aurait
eu des entretiens avec Jupiter lui-même...
En fait, le jeune proconsul est simplement un
capitaine qui sait admirablement profiter des circonstances : la prise de Carthagène, pièce
essentielle dans le jeu carthaginois en Espagne, est rendue possible par un vent violent qui
permet à l'armée de Scipion de passer à gué la lagune qui protège la ville.
A Carthagène, il
fait aussitôt libérer les otages retenus par les Carthaginois et s'attire ainsi la faveur des
chefs ibères qui vont se rallier à la cause de Rome.
et c'est le début d'une vaste opération
de libération du Midi de la péninsule, au cours de laquelle il défait Hasdruhal et Magon,
les deux frères d'Hannibal (victoires de Baecula et d'llipa, prise de Gadès).
Rome boude
pourtant le jeune chef victorieux, qui y rentre en -208 : on se méfie, surtout au Sénat de son
besoin d'action, qui pourrait faire bon marché de la légalité (Q.
Fabius Cunctator est son
adversaire), ainsi que de l'intérêt qu'il porte à la culture hellénique et de ses fastes de
conquérant (Caton est son autre censeur).
L'idée de Scipion est d'aller attaquer Carthage
chez elle : on le freine, et si, en -205, on le nomme consul en vue d'opérations en Sicile, on
se garde bien de lui confier une armée.
Qu'à cela ne tienne ! Scipion, arrivé dans l'île,
recrute une armée de volontaires, débarque sur les côtes africaines, et ce sera, en -202, la
victoire de Zama.
A son retour, on ne peut lui refuser le triomphe ; il est désigné comme
princeps senatus ou premier des sénateurs, mais, en -199, on le cantonne dans la charge de
censeur ; et quand, peu après, il sera question d'une campagne en Asie, contre Antiochus
III, ce n'est pas à lui que reviendra le consulat, mais à son frère Lucius, lequel, il est vrai,
pourra s'adjoindre son a˛né com m e le gatus ou lieutenant...
Et ce sera, pour Scipion, un
nouveau succès, mais au bénéfice de son frère, à telle enseigne qu'après la victoire de
Magnésie du Sipyle (-190), on accordera le triomphe à Lucius, qui devient Asiaticus
malgré la modestie de ses talents.
Pour Scipion lui-même, l'opposition ne désarme pas : on
l'accuse après coup d'avoir accepté de l'argent d'Antiochus, pourtant bel et bien battu, et
d'avoir conservé une grande partie du butin de guerre.
Y avait-il du vrai dans cette
accusation lancée contre les deux frères par Caton, l'ennemi trop vertueux de tous ceux
que touchait l'hellénisme ? Lucins sera condamné et Scipion, atteint par le procès, se
retirera, ulcéré, dans sa villa de Liternum, refusant de se laisser enterrer à Rome, “ ingrate
patrie ”..
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