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sciences et techniques

Publié le 03/12/2024

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« See discussions, stats, and author profiles for this publication at: https://www.researchgate.net/publication/248140006 Sciences et techniques Article in Revue de Synthèse · June 1990 DOI: 10.1007/BF03181035 CITATIONS READS 9 235 10 authors, including: Gilles Palsky Jean-François Baillon Université de Paris 1 Panthéon-Sorbonne Université Bordeaux Montaigne 63 PUBLICATIONS 265 CITATIONS 47 PUBLICATIONS 35 CITATIONS SEE PROFILE All content following this page was uploaded by Gilles Palsky on 16 June 2020. The user has requested enhancement of the downloaded file. SEE PROFILE 190 REVUE DE SYNTHESE : IV: S.

N°S 1-2, JANVIER-JUIN 1990 SCIENCES ET lECHNlQUFS Jean-Yves GOFFI, La Philosophie de fa technique.

Paris, P.D.F., 1988.

11,5 x 17,5, 127 p. Que sais-je? », 2405). «( La reussite d'un « Que sais-je? » portant sur un domaine aussi vaste que celui de la philosophie de la technique merite assez d'etre soulignee, tant il est difficile d'etre aussi precis et erudit que J.-Y.

Goffi l'a ete en cent vingt-sept pages.

Ainsi, les legeres critiques que nous inspire ce texte sont-elles frappees d'entree de jeu d'insignifiance, quand ce n'est pas d'injustice.

Mais la richesse du detail des analyses n'ernpeche pas plusieurs interrogations sur Ie projet general poursuivi par l'auteur, Sous Ie titre de La Philosophie de fa technique, Ie livre offre en realite un classement des grandes philosophies de la technique du passe et du present.

De chacune, l'auteur trace la logique interne avec une precision etonnante ; chacune est subtilement relativisee par une fine critique ou un trait d'ironie.

La pretention de l'ouvrage n'est done pas simplement doxographique. Mais voila bien le point: la galerie des illusions etant passee en revue et ayant permis de degager les categories majeures de la pensee de la technique, Ie lecteur en attend Ie depassement, soit sous la forme d'une ultime figure qui equilibrerait differemment Ie jeu des categories, soit par une interpretation de style psychanalytique qui rendrait compte en particulier de la « technophobie », soit enfin par une comprehension des raisons pour lesquelles une culture, prise a divers moments de son histoire produit - jusque dans la tete des philosophes - des representations fallacieuses de son systeme de techniques liees a une tonalite generalement hostile a son objet.

Les hommes - y compris les philosophes - ne pensent pas leurs techniques comme ils les vivent.

La tache de la philosophie en ce domaine ne peut-elle etre d'etablir les relations qui existent entre la pratique reelle de ces techniques et les representations qui l'expriment et peut-etre la masquent? Sa mise en ceuvre impliquerait alors autant une attention vigilante aux figures par lesquelles la conscience pretend dire la realite merne du phenornene, qu'une vue plus radicalement critique a l'egard des diverses philosophies produites dans Ie domaine. 11 semble que l'auteur De tranche pas entre les points de vue les plus opposes qu'il decrit et qu'illes traite comme des interpretations possibles de la nature des techniques.

S'il affirme « le caractere essentiellement historique des techniques », it n'en exclut pourtant pas la possibilite d'une conception vitaliste, quoiqu'il en denonce ¢ et la les illusions.

On le voit revenir a plusieurs reprises sur une conception darwinienne de l'evolution des techniques, quitte a prendre ses distances a son egard, 11 diagnostique une « technophobie contemporaine» et COMPTES RENDUS 191 semble done accepter son caractere historique, mais it croit aussi a une « techno.. phobie eternelle ».

Cette conception irenique tient sans doute a l'heterogeneite du phenomene etudie ; elle tient aussi - et la cle nous en est donnee dans Ie chapitre de conclusion - aux convictions liberates de l'auteur Quant aux vertus de I'economie de marche qui, par sa regulation impersonnelle des activites humaines, s'opposerait efficacement aux projets technologiques les plus fantasques des particuliers ou de leurs gouvemements.

Les projets culturels livres a la concurrence, soit a la selection reciproque, produisent l'effet d'une nouvelle nature qui evolue sur un rythme propre et selon des lois qui ne sont celles d'aucune conscience particuliere, Saisissant qu'elle n'est pas au principe du mouvement technologique, la conscience n'aurait pas interet a feindre de s'y placer et ne pourrait avoir confiance dans ses capacites a en prendre la direction.

La volonte deliberee d'agir dans Ie domaine pour pretendre y mettre de I'ordre y creerait plus d'inconvenients que d'avantages et provoquerait, dans l'etat actuel de la technologie, les conditions d'un « totalitarisme ».

L'argurnent est bien connu depuis Hume qui venerait les vertus de I'inconscience dans Ie domaine des fondements de la politique et ironisait lui-meme sur les paradoxes de cette etrange position phitosophique. Peut-on Ie reactiver sans precautions dans Ie domaine des techniques au l'inconscience aurait aussi ses vertus? Ne risquons-nous pas de tomber, en preconisant cette abstinence pratique, dans la contradiction qui consiste a vouloir denoncer dans ses racines la « technophobie » en se privant des moyens de Ie faire effectivement? Ceux qui jouerent au jeu de la « bonne inconscience» au xvnr' siecle De laisserent pas d'etre jones a leur tour et crurent parfois deceler Ie meilleur equilibre politique de l'Europe dans les conditions memes de la Revolu.. tion francaise. Certes l'auteur indique lui-meme une limite de son argument et n'entend pas que la construction des centrales nucleaires releve dans Ie meme sens de la selection naturelle que celie des bateaux de peche - chers a Alain qui a pu en trouver l'exemple chez Hume et chez Mandeville.

Mais it est difficile de partager sa foi dans l'autoregulation du marche, comme si ce systeme n'etait jamais en crise et comme si Ie « totalitarisme » ne pouvait etre fabrique par ces crises memes.

On doutera aussi de la definition si peu dialectique du marche comme « la toutepuissance de I'acheteur sur Ie vendeur »; n'est..ce pas, pour le moins, surestimer la sanction que Ie premier exerce sur Ie second? On s'etonnera de voir regler en un toumemain le problerne ethique pose par les techniques; suggere ..t ..on par hi, a la facon de certains textes de Hume, que la selection des valeurs Morales s'effectue, comme pour n'importe quelle autre valeur culturelle, par une sorte de concurrence? Auquel cas it faudrait aussi confier au « fibre jeu » du marche les conditions de leur production.

Que Ie marche soit indiscutablement une dimen.. sian du principe de realite des valeurs techniques n'autorise tout de meme pas a Ie traiter comme l'ultime instance de tous les jugements que l'on peut porter a leur egard, Entin Ie debat sur la politique technologique n'est-il pas abusivement simplifie lorsque se trouve oppose un liberalisme economique, dont la purete serait garantie et reglee par la loi, au « totalitarisme » (qu'on devrait toujours prendre 192 REVUE DE SYNTIfESE : lve S.

N°S 1·2, JANVIER-JUIN 1990 la peine de definir, tant Ie terme est ambigu)? En presentant Yimpersonnalite du premier comme un avantage, l'auteur ne laisse-t-il pas dangereusement penser que la personnalite serait l'apanage du second? Le livre de J..

Y.

Goffi pose en ce sens plus de problernes qu'il n'en resout ; nous trouvons hi son principal mente et la pleine justification de sa place dans cette collection eneyclopedique des Presses universitaires de France. Jean- Pierre CLERO. HERON D'ALEXANDRIE, Les Mecaniques ou l'Elevateur des corps lourds.

Ed.

et trad.

de l'arabe Bernard CARRA DE VAUX, d'apres Ie texte de Qusta ibn Luqa, introd.

Donald R.

HILL, commentaires A.

G.

DRACHMANN.

Paris, Les Belles Lettres, 1988.

16 x 24, 305-115 p., texte en arabe precede de la trad. franeaise, commentaires en anglais, reprod.

en fac-sim.

de l'ed, de 1894 pour le texte arabe et la trad.

de Carra de Vaux (« Sciences et philosophie arabes. Etudes et reprises »), Cet ouvrage est une sorte de manuel theorique et pratique, a l'usage de techniciens travaillant sur des chantiers de construction.

II a ete compose par Heron d'Alexandrie au premier siecle de notre ere, et eet auteur s'y montre explicitement dependant de toute la mecanique grecque qui l'a precede, ce qui en fait pour nous une source tres importante pour la connaissance de cette tradition, dont peu de temoins sont conserves. Le texte des « Mecaniques de Heron» est perdu dans sa langue grecque originale, mais nous est transmis dans une version arabe faite au lxe siecle par Qusta ibn Ltiqa al-Ba'albaki, celebre traducteur de textes scientifiques du grec a l'arabe.

Ce texte arabe avait ete edite, avec traduction francaise, par B.

Carra de Vaux, dans Ie Journal Asiatique en 1893 et 1894.

Le travail d'etablissement du texte arabe a ensuite ete refait, aecompagne d'une traduction allemande, par L.

Nix (Herons von Alexandria Mechanik und Katoptrik, hrsg.

und iibersetzt von L.

Nix und W.

Schmidt, Opera qua supersunt omnia, vol.

2, fasc.

1, Leipzig, 1900).

Mais cette reprise par L.

Nix de l'etablissement du texte, bien que faite sur quatre manuscrits auJieu d'un seul pour Carra de Vaux, n'apporte pas d'elements vraiment nouveaux pour la connaissance du contenu de l'ouvrage comme tel. Le choix de l'editeur de l'ouvrage presente iciest d'avoir reimprime l'edition et la traduction de Carra de Vaux; elles sont precedees d'une preface par D.

Hill, tres bon connaisseur de la.... »

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