Schiller (Karl)

« 1 / 2 28 juin 1967 Série C-35 Fiche N• 1840 Schiller (Karl) 1.

Le professeur Karl Schiller a été choisi par le chancelier d'Allemagne fédérale Kurt Georg Kiesinger comme ministre de l'Economie dans le gouvernement de «grande coalition , (chrétiens-démocrates et socialistes) qui a succédé au gp'uver­ nement Erhard.

En quelques semaines, Karl Schiller a su gagner la confiar;xe des partenaires sociaux.

Si son appartenance socialiste lui confère un préjugé f~vorable de la part des syndicats, les milieux industriels lui savent gré des mesures de' relance de l'économie prises par les pouvoirs publics.

2.

Karl Schiller est né le 24 avril 1911 à Breslau, dans une .famille de la bourgeoisie protestante.

A l'issue d'une scolarité brillante, il étudie l'économie politique et la sociologie à Kiel, à Francfort, à Berlin et à Heidelberg.

Assistant dans cette d~rnière université, il y soutient à 24 ans une thèse de doctorat ès sciences politiques.

Il dirige un groupe de recherche à l'Institut d'économie mondiale de Kiel avant d'être mobilisé en 1941.

Nommé professeur à l'Université de Hambourg en 1947, il assure la direction de l'Institut du commerce extérieur et de l'économie d'outre-mer.

En 1956, il devient le plus jeune recteur d'Allemagne fédérale.

3.

Membre du Parti socialiste (SPD) depuis 1946, Karl Schiller participe à la vie politique de la cité hanséatique, dont il est sénateur, chargé de l'économie et des transports de 1948 à 1953.

En décembre 1961, il est rappelé à Berlin par Willy Brandt.

Comme responsable pour les affaires économiques de la ville, il fait face à la crise consécutive à l'érection du mur de Berlin.

Expert économique du Parti socialiste, élu au comité directeur en 1964, Karl Schiller fait une entrée remarquée au Bundestag à la Hn de 1965 et se révèle un orateur brillant et incisif.

4.

Aux côtés du ministre des Finances Franz Josef Strauss, Karl Schiller s'est donné pour mission de relancer l'économie allemande atteinte par la récession.

Au Congrès de Bad-Godesberg, le réformateur socialiste s'est fait l'avocat d'un «aggiornamento, répudiant les schémas marxistes.

Il veut concilier •• autant de concurrence que pos­ sible avec autant de planification que nécessaire"· De même, il renouvelle le voca­ bulaire officiel de l'« économie sociale de marché"· Promoteur de l'cc action con­ certée », il est l'inventeur de la formule cc symétrie sociale " par laquelle tes avantages accordés à chacun des groupes sociaux se compensent.

Il insiste sur la nécessité d'un dialogue entre les pouvoirs publics, le patronat et les syndicats, qui doivent se soumettre volontairement à une certaine discipline des salaires.

Allègement des conditions de crédit, facilités fiscales en matière d'amortissements, budget spécial d'équipement sont les premières mesures d'une action qui doit trouver un instrument approprié dans la "loi pour l'expansion et la stabilité de l'écc1nomie "• permettant notamment à l'Etat fédéral de donner des directives financières aux Uinder.

5.

Servi par une étonnante jeunesse d'allure, Karl Schiller fait figure d'espoir du Parti socialiste.

Son avenir politique dépend d'une rapide amélioration de la conjonc­ ture et de la résorption du chômage.

Une popularité dépassant les milieux profes­ sionnels permettrait à cet intellectuel raffiné, ami du romancier Günter Grass, de prétendre à la succession de Willy Brandt.

Fiche N• 1840 ~· J 2 / 2. »