savoir-vivre.
Publié le 08/12/2021
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savoir-vivre. n.m., ensemble d'usages en vigueur dans un groupe ou une société pour
régler, d'une manière plus ou moins explicite, les relations entre ses membres. Chaque
société édicte et tend à inculquer à ses membres des règles de savoir-vivre, par lesquelles elle
maintient une forme de cohésion sociale. En général, ce sont les manières d'être et de faire
des groupes dominants qui s'imposent ainsi aux autres comme les seules « bonnes
manières ». Mais, dans l'histoire des sociétés développées, le processus de codification
systématique du savoir-vivre est lié, comme l'a montré Norbert Élias, à la naissance de « la
société de cour » (selon le titre d'un de ses ouvrages paru en 1969), qui obligeait les
courtisans à se comporter d'une manière contrôlée (selon ce que l'on appelait
l'« étiquette »). Progressivement, les sociétés occidentales répudièrent des moeurs qui
paraissaient jusqu'alors naturelles et elles devinrent plus policées. Des « traités de savoirvivre » apparurent (le plus célèbre est celui d'Érasme, De la civilisation des moeurs puériles,
en 1529), dans lesquels on explicitait les bonnes façons de manger, de boire, de dormir, de
se comporter avec les autres, en public comme en privé. La « civilisation des moeurs » (selon
le titre d'un autre ouvrage d'Élias, paru en 1938) était en marche. Le savoir-vivre de la cour
ne s'imposa, pour autant, qu'à ceux qui prétendaient y vivre ou s'en recommander et ne se
diffusa que lentement dans l'ensemble du corps social.
Savoir-vivre et distinction sociale.
Par la suite, le développement des sociétés industrielles a permis aux classes moyennes et
aux classes populaires de légitimer leurs propres valeurs sous la forme de savoir-vivre
spécifiques, relativement étrangers les uns aux autres : ainsi, la réserve des classes
moyennes semble trop rigide aux classes populaires, plus portées à la convivialité joviale.
D'où le malaise de tous ceux que la mobilité sociale confronte à des modes de vie dont ils
ne comprennent pas les règles parce qu'ils ne les ont pas intériorisées et dont ils cherchent
vainement l'énoncé : plus personne ne se risque à écrire ce qui va sans dire (sauf lorsque
énoncer un savoir-vivre sert à le dénoncer). Malgré cette hétérogénéité, de nombreuses
règles de savoir-vivre se sont diffusées dans le corps social tout entier. Il s'agit,
notamment, des règles préservant l'intimité corporelle et sociale des personnes, ainsi que
leur hygiène, mais également des règles gouvernant les rapports hiérarchiques, etc.
Chacun peut s'y référer comme à un minimum de civilité, qui reste malgré tout aisément
dénonçable.
Complétez votre recherche en consultant :
Les corrélats
culture [1]
éducation
Elias Norbert
La Rochefoucauld
rites - La ritualisation de la vie quotidienne - La déférence
Scudéry (de) - Scudéry (Madeleine de)
savoir-vivre. n.m., ensemble d'usages en vigueur dans un groupe ou une société pour
régler, d'une manière plus ou moins explicite, les relations entre ses membres. Chaque
société édicte et tend à inculquer à ses membres des règles de savoir-vivre, par lesquelles elle
maintient une forme de cohésion sociale. En général, ce sont les manières d'être et de faire
des groupes dominants qui s'imposent ainsi aux autres comme les seules « bonnes
manières ». Mais, dans l'histoire des sociétés développées, le processus de codification
systématique du savoir-vivre est lié, comme l'a montré Norbert Élias, à la naissance de « la
société de cour » (selon le titre d'un de ses ouvrages paru en 1969), qui obligeait les
courtisans à se comporter d'une manière contrôlée (selon ce que l'on appelait
l'« étiquette »). Progressivement, les sociétés occidentales répudièrent des moeurs qui
paraissaient jusqu'alors naturelles et elles devinrent plus policées. Des « traités de savoirvivre » apparurent (le plus célèbre est celui d'Érasme, De la civilisation des moeurs puériles,
en 1529), dans lesquels on explicitait les bonnes façons de manger, de boire, de dormir, de
se comporter avec les autres, en public comme en privé. La « civilisation des moeurs » (selon
le titre d'un autre ouvrage d'Élias, paru en 1938) était en marche. Le savoir-vivre de la cour
ne s'imposa, pour autant, qu'à ceux qui prétendaient y vivre ou s'en recommander et ne se
diffusa que lentement dans l'ensemble du corps social.
Savoir-vivre et distinction sociale.
Par la suite, le développement des sociétés industrielles a permis aux classes moyennes et
aux classes populaires de légitimer leurs propres valeurs sous la forme de savoir-vivre
spécifiques, relativement étrangers les uns aux autres : ainsi, la réserve des classes
moyennes semble trop rigide aux classes populaires, plus portées à la convivialité joviale.
D'où le malaise de tous ceux que la mobilité sociale confronte à des modes de vie dont ils
ne comprennent pas les règles parce qu'ils ne les ont pas intériorisées et dont ils cherchent
vainement l'énoncé : plus personne ne se risque à écrire ce qui va sans dire (sauf lorsque
énoncer un savoir-vivre sert à le dénoncer). Malgré cette hétérogénéité, de nombreuses
règles de savoir-vivre se sont diffusées dans le corps social tout entier. Il s'agit,
notamment, des règles préservant l'intimité corporelle et sociale des personnes, ainsi que
leur hygiène, mais également des règles gouvernant les rapports hiérarchiques, etc.
Chacun peut s'y référer comme à un minimum de civilité, qui reste malgré tout aisément
dénonçable.
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