SARTRE: Questions de méthode (Résumé & Analyse)
Publié le 15/05/2020
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Jean-Paul SARTRE 1905-1980 Questions de méthode 1960
La philosophie de Sartre est intimement liée à la vie de l'auteur et surtout à la partie littéraire de son oeuvre.
Sartre,en effet, fut une sorte de modèle auquel, au moins, deux générations s'identifièrent.
L'influence intellectuelle deSartre et sa célébrité internationale tiennent justement à la diversité culturelle de son oeuvre : roman, théâtre,biographie, auto-biographie, critique littéraire, essai politique, reportage, cinéma, journalisme, radio, militantismepolitique.
Sartre surgit dans une époque où la communication de masse s'impose.
Son vécu personnel, sa relationavec Simone de Beauvoir, jouèrent autant que son oeuvre pour le faire connaître.Son oeuvre philosophique compte trois traités : L'Imaginaire (1940), L'Être et le Néant (1943) et Critique de la raisondialectique (2 vol., 1960, 1985), sur la cinquantaine de livres que compte son oeuvre.
Le fondement de laphilosophie de Sartre est l'existence.
Il se questionne sur ce qui fait la personne.
D'un côté, il y a desdéterminations sociales, institutionnelles : on est le produit d'un contexte de vie (une famille, inscrite elle-mêmedans une classe sociale, un temps, un système de production, une culture).
D'un autre côté, il y a le mouvement dela personne pour se construire : « L'important n'est pas ce qu'on a fait de nous, mais ce que nous faisons nous-mêmes de ce qu'on a fait de nous » (Saint Genet, 1952).
Sartre se posera cette question toute sa vie, et sonFlaubert est un effort pour montrer comment cet écrivain, fils d'une famille de petite bourgeoisie normande, estdevenu un écrivain réussissant à exprimer une époque.Dans Les Mots (1954-1963), il fait l'autobiographie de son enfance.
Il y parle de sa « névrose de littérature : herbefolle », Sartre, en tant qu'enfant, a cherché dans la culture le moyen de s'auto-engendrer, de se produire, dedevenir le fils de ses oeuvres en se transformant en livre.
Sous l'influence de son grand-père, la littérature prend laplace du père absent.
Sartre dit, dans Les Mots, qu'il est maintenant guéri de cette névrose mais qu'elle constitueun fond de son caractère, car « on ne se guérit pas de soi ».Sartre, dans un mouvement de saisie pré-réflexive de son être-au-monde, découvre la « contingence », notion qu'ilélaborera plus tard lorsqu'il aura découvert Husserl.
La contingence, c'est le sentiment d«< être de trop dans lemonde ».
Le cogito cartésien, pour reprendre une formule de Michel Contat, son biographe, se formulerait pourSartre : « Je suis de trop, donc j'existe.
» Ce « de trop » se vit comme sentiment de l'existence, comme nausée.La contingence est ce dont j'hérite.
En même temps, simultanément, mon existence ne se soutient que dumouvement par lequel je persiste dans mon être en me projetant vers un avenir qui n'est pas décidé d'avance, maisau contraire que j'éprouve comme à réaliser librement.Dès que j'accepte de vivre, je suis responsable de mon existence.
Cette acceptation de vivre est spontanée.
Elleprécède tout vouloir-vivre.
Seul le suicide est volontaire.
C'est la situation dans laquelle la volonté se supprime elle-même.
Pour Sartre, l'homme est condamné à être libre.
La situationdans laquelle cette liberté surgit est donnée et non choisie : je ne choisis pas mon corps, pas plus que ma placehistorique, géographique, sociale, etc., mais je suis responsable du sens que je construis à cet ensemble de faits.C'est la lecture de Bergson, en 1923, lorsqu'il préparait l'École normale supérieure, qui a donné à Sartre l'idée defaire de la philosophie et d'articuler ces notions de contingence, de liberté, de responsabilité, de spontanéité.
Il liraSchopenhauer et Nietzsche à l'École normale, en 1924.
Il étudiera Descartes et Spinoza et le rationalisme idéaliste,philosophie officielle qui ignore Hegel et Marx.Longtemps, durant les années trente, alors que tous les intellectuels de son âge s'engagent, Sartre resteraapolitique et non-engagé.
Entre 1931 et 1939, il est professeur de philosophie aux lycées du Havre, de Laon et deParis, excepté en 1933-34, où il passe un an à Berlin.
II est aveugle à la montée du nazisme et étudie Husserl.
Dansun essai sur « La transcendance de l'ego » (1934), il expulse l'ego de la conscience.
Le moi y apparaît comme unquasi-objet intentionné par la conscience réflexive.
Le moi est « dehors », comme tous les objets du monde.
Sitoute conscience est conscience de quelque chose, il ne peut y avoir d'intériorité, d'« arrière-mondes », depsychologie (« Une idée fondamentale de la phénoménologie de Husserl : l'intentionnalité », 1939).La lecture d'Être et Temps de Heidegger va enclencher une évolution importante pour Sartre.
Pour prendre encompte, mais en même temps se démarquer du pessimisme de Heidegger, il va écrire L'Être et le Néant.
Dans cettepériode de la guerre, Sartre s'implique davantage dans l'époque.
Il découvre l'histoire.
D'une pensée de la morale, ilva passer à la pensée d'une morale de la praxis.
L'idée de responsabilité liée à la prise de conscience de la libertéamène au choix politique dans un monde déchiré par les conflits sociaux violents.
Il s'engage dans la résistance aucôté des communistes.
Il va alors confronter sa pensée au marxisme et le marxisme à sa pensée.
Dans la mesure oùle communisme a pour objectif l'émancipation des hommes par l'instauration d'une société sans classes et sansfrontières, il coïncide avec les exigences de la liberté.
En même temps, le communisme est chosifié, institué.
AvecStaline, il est devenu un État despotique.
Sartre, attaqué en tant qu'ennemi de classe par les communistes, vatenter de penser le marxisme comme une philosophie et une science (Matérialisme et révolution, 1946).Après avoir espéré la constitution d'une force politique entre les deux blocs, Sartre choisit d'être compagnon deroute des communistes jusqu'en 1968.
Mais il est de plus en plus critique et soutient les oppositionnels (ceux quel'on nommerait aujourd'hui les rénovateurs) communistes.
C'est pour une revue polonaise qu'il écrit en 1957Questions de méthode, qu'il reprendra comme première partie de Critique de la raison dialectique.
Dans un premiertemps, nous avions envisagé de présenter la Critique de la raison dialectique.
Mais Questions de méthode noussemble, en soi, un texte suffisamment riche pour exposer la démarche et surtout la méthode que Sartre élabore, àpartir de la lecture d'un article de Henri Lefebvre, et qu'il appliquera à sa recherche ultérieure (Flaubert).
Résumé.
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