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Sarcelles

Publié le 15/05/2020

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« 1 / 2 8 décembre 1965 Série B-8 Fiche No 867 Sarcelles 1.

La cité nouvelle de Sarcelles, le plus considérable des grands ensembles cons­ truits aux environs de Paris, est généralement considéré comme l'exemple pilote des réalisations de l'urbanisme moderne.

Cette expérience de la construction planifiée, en quelques années, sur un site vierge, d'une ville entière, est riche d'enseignements.

2.

A 15 kilomètres au nord de Paris, Sarcelles est une réalisation de la Société centrale immobilière de la Caisse des dépôts et consignations (SCIC).

Les travaux ont commencé le 7 aoOt 1955.

Sarcelles comptait, en 1954, 8397 habitants; on en dénombre maintenant plus de 40 000 dont 30 000 dans le grand ensemble qui s'étend sur 170 hec­ tares.

Près de 9000 logements sur les 10 000 qu'il comprendra sont achevés.

Ce sont des logements en location de trois types: HLM, Logeco, Lopofa.

3.

Ce paysage urbain, totalement nouveau, frappe par sa monotonie bien que l'uni­ formité du quadrillage de bâtiments bas, qui forment des «quartiers» de 1000 à 1200 logements, soit rompu par les tours.

L'espace n'a pas été ménagé: les construc­ tions n'occupent qu'un dixième des terrains; pour 1 m 2 de surface au sol sur laquelle on a construit, les Sarcellois ont 5 m 2 d'espaces verts et 3,5 m2 de voies ou parking.

4.

Pourtant Sarcelles (comme les autres grands ensembles) a été souvent mis en accusation.

On reproche à cet urbanisme son caractère artificiel et inhumain qui réduit le logement à une machine à habiter, empêche les contacts humains que favo­ risent l'animation et l'étroitesse des rues ainsi que la multiplicité des commerces.

Cet état de ch6ses serait à l'origine d'une forme de neurasthénie, aussitôt baptisée « sarcellite »: indifférence à la vie, ennui insurmontable pouvant conduire au suicide, « maladie des grands ensembles" qui atteint certaines femmes isolées et désœuvrées par l'accession au confort.

5.

La population de Sarcelles, jeune et relativement pauvre, saignée par les achats à crédit s'aigrit et sent durement l'insuffisance ou l'inadaptation d'équipements collec­ tifs résidentiels.

Les adolescents se plaignent du manque d'équipement sportif, refusent les solutions que la SCIC leur propose.

Les structures urbaines d'une telle cité ne découlent pas de besoins ou de désirs exprimés par les habitants qui n'ont pas participé à leur élaboration; ceux-ci les trouvent en place, imposées de l'extérieur.

Pour eux, la ville c'est Paris.

6.

Chaque matin, près de 15 000 d'entre eux quittent Sarcelles pour aller travailler à Paris.

Ils ne forment pas une véritable communauté urbaine.

« Ceci résulte, écrit R.

Lebel, de l'afflux en un temps limité et sur un espace restreint d'un nombre consi­ dérable de familles qui, sans aucun lien préexistant, doivent se créer tr()s rapidement un cadre de vie en commun ...

» Il ne faut pas oublier cependant que Sarcelles répon­ dait à une urgence: loger ceux qui n'avaient pas de toit.

C'est le cas de 60 Ofo de ses habitants.

Le temps, d'ailleurs, qui donne aux villes leur «âme ••, fera !:lans doute de Sarcelles une vraie cité si toutefois la médiocrité de certaines constructions lui en laisse le loisir. 2 / 2. »

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