Sarah Bernhardt
Publié le 09/12/2021
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Il n'est pas de nom plus attaché au drame théâtral et à la tragédie classique que celui de Rosine Bernhardt, dite Sarah. Après s'être fait connaître à la Comédie-Française, elle excella au Boulevard, puis fonda son propre théâtre. En 1899, elle prit la direction de l'actuel Théâtre de la Ville et lui donna ses lettres de noblesse en montant l'Aiglon, d'Edmond Rostand, Tosca et La Dame aux camélias de Sardou. Ses interprétations de l'Aiglon, de la Dame aux camélias et de Phèdre sont restées légendaires. On peut la retrouver dans plusieurs documents cinématographiques, notamment La Tosca (1906), Adrienne Lecouvreur (1913) et La Voyante (1923). Tout juste emménagée dans le théâtre dangereusement vaste, qui porte encore son nom, et qu'en l'honneur des représentations imminentes de l' " Aiglon " elle décorait de blanc et tapissait de jaune, par son génie, ses fastes, son talent, son courage, ses erreurs, ses triomphes, ses choix, ses généreuses préférences, ses périples autour de la terre, son mépris de l'obstacle, son défi jeté à la nature, la gloire de son nom imposé jusque dans les paillotes, la cour d'amis, de parasites, de familiers aptes à toutes les besognes, et, se bousculant vers elle, les hommages venus des cinq parties du monde, Mme Sarah Bernhardt, de son Olympe bouton d'or, dominait la scène française.
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Sarah Bernhardt
Il n'est pas de nom plus attaché au drame théâtral et à la tragédie classique que celui de Rosine Bernhardt, diteSarah.
Après s'être fait connaître à la Comédie-Française, elle excella au Boulevard, puis fonda son propre théâtre.En 1899, elle prit la direction de l'actuel Théâtre de la Ville et lui donna ses lettres de noblesse en montant l'Aiglon,d'Edmond Rostand, Tosca et La Dame aux camélias de Sardou.
Ses interprétations de l'Aiglon, de la Dame auxcamélias et de Phèdre sont restées légendaires.
On peut la retrouver dans plusieurs documents cinématographiques,notamment La Tosca (1906), Adrienne Lecouvreur (1913) et La Voyante (1923).
Tout juste emménagée dans le théâtre dangereusement vaste, qui porte encore son nom, et qu'en l'honneur desreprésentations imminentes de l' " Aiglon " elle décorait de blanc et tapissait de jaune, par son génie, ses fastes, sontalent, son courage, ses erreurs, ses triomphes, ses choix, ses généreuses préférences, ses périples autour de laterre, son mépris de l'obstacle, son défi jeté à la nature, la gloire de son nom imposé jusque dans les paillotes, lacour d'amis, de parasites, de familiers aptes à toutes les besognes, et, se bousculant vers elle, les hommages venusdes cinq parties du monde, Mme Sarah Bernhardt, de son Olympe bouton d'or, dominait la scène française.
Elle frôlait alors la soixantaine, mais les beautés qu'elle avait reçues à la naissance n'étaient point de celles que l'âgealtère gravement.
D'abord, vit-on jamais des yeux plus admirables que les siens ? Je ne puis le croire.
Non point immenses, bien aucontraire, ni frangés de cils épais, mais au milieu de leur fente oblique, l'iris bleu sombre, large et tacheté de pointsd'or, montrait l'éclat insolite et profond qu'on ne voit qu'aux dures pierres précieuses.
Un nez aquilin descendait pur et vigoureux sur la grande bouche.
Les dents étaient fortes, régulières Un menton bienformé donnait son équilibre au visage étroit et long ; la chevelure blonde, épaisse, animale, ombrait un petit front debélier têtu
De taille moyenne, se riant de la mode, tandis que nos élégantes étouffaient dans les corsets et les baleinages, elleescamotait son alourdissement sous des robes souples et droites.
Elle avait la main petite, hélas ! déjà renflée auxjointures, le pied vif, la jambe parfaite dans le maillot noir d'Hamlet ou la culotte blanche du Duc de Reichstadt.
Sonabord était d'une grâce et d'une douceur que permet seule une effrayante indifférence alliée au goût de séduire.
Elle nourrissait en effet l'une et l'autre de ces dispositions.
Néanmoins, il arrivait que soudain le visiteur, le familier,ou l'ami, lui causât de l'irritation.
Alors l'œil bleu dardait une courte flamme et la férocité naturelle de cette panthèreapprivoisée se libérait en insolences dont la première, rituelle, consistait à écorcher de façon burlesque et insistantele nom de la victime interloquée.
Je crains que cette description exacte ne serve à peu de chose, puisqu'elle ne livre aucunement le secret de lafascination que, même éteints les feux de la rampe, chacun subissait en approchant cette Majesté.
Pourtant, riende chaud ni de charnel ne lui assurait ses captures.
Son prestige naissait d'une singularité éclatante : celle desœuvres d'art sans pareilles, des îles où croissent les fleurs étranges.
Finalement, ses pouvoirs, ne les devait-elle pas simplement à la force de son caractère et de son génie ?
A ceux non pas qu'elle aimait (hormis son fils, qui donc s'empara jamais de son cœur et de ses pensées ?), maisdont les talents ou le dévouement lui donnaient du plaisir, sa gentillesse prodiguait des égards et des générositésextrêmes.
Royale dans ses attitudes, l'on ne recevait d'elle aucune lettre décorée d'un timbre, mais des enveloppesremises par courrier en main propre.
Et cela non seulement de Paris, mais de Londres, de Vienne ou de Berlin.
Tendrement lié à sa mère, ne laissant jamais passer un soir ou un matin sans la serrer dans ses bras, Mauricel'admirait, mais comprenait-il le chef-d'œuvre mortel que signifiait le passage sur la terre de cette demi-déesse ?
Attachements éperdus, tendresses à jamais données, admirations fanatiques ne surprenaient guère la créaturegéniale qui les inspirait.
Sans doute les voyait-elle à peine, consacrée, telles les nonnes, au culte divin, à ce carréde planches où l'on dresse d'heure en heure de nouveaux palais et d'autres paysages.
Là se déroulait sa vie véritable, et non point entre nos murs et sous nos plafonds monotones.
Que penserions-nous d'elle aujourd'hui ? m'est-il souvent demandé, par irréflexion je pense, comme si la démesure nes'imposait pas à quelque moment qu'elle apparaisse.
Les dons qui nourrissaient son art possédaient un charme surprenant.
Sa voix frappait par une tonalité singulièrement haute.
Particularité qui semblait toute extérieure alors qu'ellepossédait une vertu unique : celle de vider l'existence de son poids quotidien de l'exhausser jusqu'à la poésie.
Mais,sur le plan hautain où cette souveraine installait le drame, la justesse de l'accent n'était jamais sacrifiée.
Alors que.
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