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Sappho

Publié le 09/12/2021

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Notre Sappho. La mal connue ­ non inconnue ­ parce que lesbienne. J'entends le mot à ses deux sens. Dans les deux sens aussi ils l'ont tirée, savants et saphistes. Une belle proie : "huitième Sage" et "dixième Muse", musicienne, danseuse, poète... Poète, Catulle, Ovide, Théocrite la copient ; Belleau, Boileau la mettent en rythme et en vers ; Racine lui prend les cris de Phèdre. Baudelaire et Lamartine la reconnaissent. Ils ne l'arrachent pas au bras séculaire de l'érudition et du moralisme qui dressent entre elle et le public les murs du mot à mot et de la peur des mots. Renée Vivien et les "amies" l'adorent : Notre-Dame de Lesbos toujours vierge ! Sappho brûlée en œuvres par l'Église, étranglée dans les rubans de qualité ­ délicate, ravissante, charmeuse ­ est défigurée, ou transfigurée. Courtisane au nom hué des comiques d'Athènes ? Hypostase d'Aphrodite ? Patronne mystique des pythagoriciens ? Suicidée pour l'amour d'un matelot ou pour celui d'Apollon ? ou simplement, sagement morte entre sa fille et ses amis ?

« Sappho En dehors des révélations de sa poésie, centrée sur ses amitiés et inimitiés avec d'autres femmes, la vie de la plusgrande poétesse de l'Antiquité demeure mystérieuse et la confusion existe entre le “ je ” poétique et le “ je ”autobiographique.

Sappho naquit sur l'île de Lesbos, probablement dans une famille aristocratique.

Il semble qu'elleait eu trois frères, dont l'un fut porteur de vin dans la ville de Mytilène, honneur réservé aux fils de bonne famille.

Unautre de ses frères, Charaxos, était un marchand que Sappho réprimanda dans ses poèmes pour avoir aimé uneprostituée en Égypte.

La poétesse elle-même fut sans doute mariée à un homme riche de l'île d'Andros, Cercolas, quilui donna une fille qu'elle aima beaucoup, Kléis.

Il est difficile d'estimer la production poétique de Sappho, car seuleson Ode à Aphrodite a survécu.

Ses poèmes furent rassemblés en neuf volumes au IIIe siècle av.

JC, mais la plupartont disparu dans les dédales du temps et l'aversion de la Chrétienté pour le paganisme.

On ne sait si son œuvre futdiffusée de son vivant, mais il semble que la poétesse ait joui d'une grande popularité, réunissant autour d'elle uneconfrérie de jeunes filles nobles, qu'elle instruisait aux plaisirs de la vie, au culte d'Aphrodite, à la lecture et à lacomposition de poèmes.

Selon la légende, Sappho se serait suicidée pour l'amour du jeune Phaon en se jetant desrochers de Leucade, mais cette histoire n'a pas de fondement vérifiable. Notre Sappho.

La mal connue non inconnue parce que lesbienne.

J'entends le mot à ses deux sens.

Dans les deuxsens aussi ils l'ont tirée, savants et saphistes.

Une belle proie : "huitième Sage" et "dixième Muse", musicienne,danseuse, poète... Poète, Catulle, Ovide, Théocrite la copient ; Belleau, Boileau la mettent en rythme et en vers ; Racine lui prend lescris de Phèdre.

Baudelaire et Lamartine la reconnaissent.

Ils ne l'arrachent pas au bras séculaire de l'érudition et dumoralisme qui dressent entre elle et le public les murs du mot à mot et de la peur des mots. Renée Vivien et les "amies" l'adorent : Notre-Dame de Lesbos toujours vierge ! Sappho brûlée en oeuvres par l'Église, étranglée dans les rubans de qualité délicate, ravissante, charmeuse estdéfigurée, ou transfigurée.

Courtisane au nom hué des comiques d'Athènes ? Hypostase d'Aphrodite ? Patronnemystique des pythagoriciens ? Suicidée pour l'amour d'un matelot ou pour celui d'Apollon ? ou simplement, sagementmorte entre sa fille et ses amis ? On n'imaginait pas alors que tout pût être vérité.

Chacun a choisi son morceau, son vers, pour en recoudre une vie.On a taillé surtout dans ses amours. Sous les yeux qui se veulent baissés, le fait brûle : pour exprimer l'amour, mâle de Catulle, incestueux de Phèdre,mystique de sainte Thérèse d'Avila : Sappho. Jusqu'en 1900 on ne connut d'elle que quelques poèmes cités en exemples par des auteurs anciens.

D'autresfragments, importants et nombreux, ont été depuis découverts en Égypte : papyrus déchirés et froissés, ilsprotégeaient les momies dans les sarcophages ! Poèmes entiers, vers isolés ont révélé que Sappho avait connutoutes les formes de l'amour.

Mariée quelque temps, elle fut mère.

Elle eut des amants, et sans doute n'étant plusjeune.

L'un d'eux lui arrache ce cri du désespoir de vieillir :Ah ! si mes seins pouvaient encoredonner du lait,et si mon ventre pouvait encorefaire un enfant... Elle a aimé, surtout, des jeunes filles.

Elle a souffert par elles.

Ses vers sont désir et passion.

Pas d'érotisme, pas de"chansons de Bilitis".

Ses poèmes sont pleins de nuit.Pleine,resplendissait la lune.Elles, comme autour d'un autel,se tenaient debout. Et de souffrance.Dans ma douleur qui coule goutte à goutte... Sappho eut toutes les souffrances, inguérissables, celles dont on ne peut pas vouloir guérir : de la femme et dupoète. Femme.

Poète.

Inséparables.

Surtout pas "poétesse", mot rabaissant au métier.

Comment dire ? femme-poète,poète-femme ? Toute pré et postposition est erreur.

Il faudrait un mot-cycle coupé dans la bande : “...ète-femme-poète-fem...”, des mots répétés à être un, ronde enfantine, cercle magique.

A l'origine de la poésie intime : unefemme.

Sappho se choisit. Dans les neuf mille vers qu'elle écrivit, il n'y avait pas qu'elle pourtant.

De nombreuses pièces de circonstance, de. »

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