SAMAIN Albert
Publié le 18/05/2020
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SAMA IN Albert (1858 -1900).
La fo r tune littéra ire d'A lbert Sa main a sou ffert d 'u ne renommée posth um e
d ' ab ord trop éclata nte : aprè s l es succès , les gros t irages
e t l es ad ulat io n s, l'ou bli , que ne mé rite pas , certes, ce dé li cat poè te, d is p a ru av ant d'a voir p u don ner sa mesure.
Emp loy é de bu reau , conf iné dan s un e existe nce mo deste, il collabo re à d e peti tes feu ill es sy mbo li st es, c t, en 1890 ,
i l est, avec J ul es R ena rd, un d es fo nd ate urs d u Mer c ure de France, où i l pu blie la plupart des p ièces q ui, r éunie s
d ans Au jardin de l'Infan te ( 189 3), lui ass u re nt la noto riété et pe uve nt constit uer po ur n o us le parad ig m e de la poésie sy m bolis te issue d e Ba ud ela ire et de Ve rlain e.
Une âme mélancoli que s'y évoque en de vag u es pays a ges, légè re m ent ex. oti q ues, te ls ceux.
où vit l'infan te d'Espagne dans les mystérie uses retra ites d'un p alais
s u ranné : ly ris m e c onfi de ntiel, tout en demi -teintes, en fo r mes indécises e t l angou reuses , au service d'une sens i
bili té a iguë, d 'une tristess e qui frôle parfois Je mo r bide,
d ' un non ch al oir déca de nt.
Le mèt re, qui allie un e bril lan te pe r fect io n t e chnique à u ne soup lesse fluide et v apo reu se, tra nch e, par sa rig ueu r, s ur les facil ité s v ers
J i bristes des s y m bolis tes mi neu rs.
A ux fla ncs du va se (1 898) ma rque à la foi s un retour à des thè m es pa rnassiens et une a dh ésion à u n néo class ic i sme h ellénisant qu i se récla me d es Ale x and rins et de Chénier, e t q u'i llu strent, e n cette fin de siècle , Les Chansons de Bilit is (1894) de ~ierre Lo u ys, les Mi mes (1894 ) de M arc el Schwob.
l'Eriphile (1894) de Jean Moré a s et l'A réthuse (1895) d'Hen r i de Régn i e r.
D ans ce tte veine gu ettée par le po nc if, Samai n se disti n gue par l e sens de la vie inti m e et qu otidie nne, de 1 'a tti tu de sign ificative et symb oli que; sa manière im pressio nni ste et vo ilée s'écl aircit, se précise , ma is sans verser d a ns ce tte froideur scu lptu ral e, dans ces p astic h es de 1 'A nt ho
l ogie, qui sont les éc u e il s du ge nre.
Il do nne des « instan ta n és» , des portraits d'enfan ts ou d'adolesc e n ts, des esqu isses de paysag es qui ren d e nt le c har m e f leu ri du m on de a ntique, le bonh eur de la sen suali té inno cente ,
l a naïve simp l ic ité d es be r ge rs et d es faunes da ns une camp agn e a pa isée ou l a grâce des vill és m a rm oréen nes
q u 'an ime une fo ule inso ucia n te.
Cette m a nière peut s'exaspérer, et dé gé nérer en sub ti
l ité précieuse, comme dans l es Contes (1903), où une e rose artiste analyse et exhale les trou ble s p arf ums d'u n Eros proche de Th ana tos; eiie peut se calmer et se pur i fie r : l e drame lyr ique posthume de Polyphème (1904), projec tion mytho l ogique des désirs et de s an goisses du p o ète devant la r éalité et la femme, atte int à une force con ten ue, toute classique.
Le Cha rio t d'or (1901), qui re cu eill e l es de rniers poè m es, té m oig n e d' un e r are maî tr i s e et d'un équ ili b re en tre l es sou ve nirs du Parn asse,
les r aff inement s d u symb olis m e et les asp ir ation s nou velles à un art p lu s vigou re u x qu i sais isse , d ans la na t ure,
« la c h aîne aux ann eaux d'o r d es Effet s et de s Ca uses».
S ans d out e, la d o mjn an te r este é lé gia q u e, dans les tr o is premi è res parties (« l es Roses dan s la cou p e », « Élé gie s», «Inté rieur»); c'es t : «l' infinie do uce u r qu'o nt les ch oses brisées», Versai Lles solitai re à J'au tom ne, les
a n goisses qui sais isse n t 1 'âme au soir, « le divin c répus cule emp li de l ongs parfu ms », les perso nnages fan ta s
q ues e t tristes d es fêtes ga lantes de Wattea u, la m él anco
lie des amou rs fugaces ou cruelles ...
Mais un ton ferme s'affi rme, qu i culmine da ns la de rniè re par tie, la « sym
p honi e héro ï que »; bie n des sonnet s un isse n t l 'achève men t struc tur el et f orme l att e int par H er edi a et des modu latio ns a ux suggest ives incertitude s .
La rig u eur plas tiq ue, l'é tin ce ll em ent miné ral des cou leu rs n'exclu ent rii la m u sic alité, n i les sorti lè g es env o ûta nts du pa ysage intéri eu r, com m e dans l'é vo cation d 'une Sal om é q ui ra p
p e lle celles de Gu stave Mor eau :
Mortelle à voir, avec ses yeux dia m an tins,
A ux p ourp res d'u n co ucha nt cruel , sous les portiques,
H érodiade, au lent vertige des cant iqu es, Ondule, monoton e, en rouli s s er pen tins .
Ainsi Albe rt Sama in, en une décennie de poésie, à travers la ga mme limitée des mo des et des th è m es «fin d e siècle», co nstruit une œu vre précieuse, attacha nte, révéla n t la natu re lyriq u e la plus harmonieuse du symbo
li sm e fini ssan t, do nt i l co mpo se u n grac ie ux florilège.
BIDLIOGRA PI· Uê Édition s.
- Œ uvres co mplètes , Pari s, Mercure de France, 191 1- 1 9 12, 4 vol.; Œuv res, Par is, 19 24 -1925, Genève, S latki ne R epr ints, 1 978; Aux flan cs du vase, Pari s, Merc ure de Fran ce, 1947 .
Crit iqu es .
- G.
Bonneau, la Philosophie du symbolis me er la
poésie d'Albert Samain, Mon tpellier, Montan e, 1924; id.
, Alber t Samain , poète symboliste.
Essai d'esthétique, Paris, H.
d'Arthez, 1927; M . R.
Camille, Samaitl et son temps, Diss.
Abstracts I nte r
national, Ann Arbor (Mich .
) , 1980-1981.
D .
MADELÉNAT.
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