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SAINT-SIMON

Publié le 18/05/2020

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« SAINT-SIMON 1615-1755 CE qui rend d'ordinaire les « Mémoires » si ennuyeux, c'est que leurs auteurs attendent un âge avancé pour les écrire.

Après avoir passé leur vie à faire la guerre, l'amour ou de la politique, quand il ne leur reste plus assez de force ou d'esprit pour briller dans ces occupations, ils rédigent leur apologie et donnent un tour historique à leurs petites haines.

Saint-Simon, lui, a sacrifié sa vie à ses Mémoires.

Il les a commencés à dix-neuf ans et n'a, pour ainsi dire, travaillé qu'à cela tous les jours de son existence, qui fut longue.

C'est sans doute qu'il était avant tout un écrivain; sa nature exigeait qu'il produisît une œuvre littéraire.

Cette œuvre a pris la forme de mémoires, plutôt que de poèmes ou de tragédies, car c'était le seul genre qu'un duc et pair, à cette époque, pût cultiver sans déchoir.

Encore Saint-Simon le cultivait-il en secret.

Son manuscrit reposait « sous les plus sûres serrures ».

Le terme« Mémoires »,appliqué à l'œuvre de Saint-Simon, est presque un terme impropre.

C'est encore moins un journal, bien que l'auteur souvent ait pris ses repères sur le plat et confor­ miste Journal de Dangeau et suive un ordre chronologique quasi quotidien.

Il y a dans le journal quelque chose de haché, de décousu, une vue des événements au jour le jour, bref un manque de recul et de méditation dont on ne saurait accuser Saint-Simon, à qui il arrive d'exposer la poli­ tique d' Alberoni en huit cents pages bien serrées, ou les intrigues de la Princesse des Ursins en trois cents.

Il ne faut pas s'y tromper : ces mémoires-là sont une espèce de roman, énorme, concerté, composé, plein de décors et de péripéties, avec des héros et des personnages de second plan, des passions, des entreprises, de la psychologie (et quelle!), une philosophie et un style.

On peut parler de «l'univers de Saint-Simon », comme on parle de l'univers de Balzac ou de Dickens.

C'est un univers artistique, c'est-à-dire plein de cette vérité profonde qui se fait si rarement jour lorsqu'on étudie l'histoire, mais que l'on rencontre immanquablement chez les grands romanciers.

Saint-Simon, en effet, analyse les hommes vivants de la même façon qu'un Dostoïewski ou un Proust développent leurs personnages : même audace, même absence de préjugés, même amour du vrai.

Il décrit son duc de Noailles comme Proust son duc de Guermantes.

Un tel don d'observation ressemble si fort au don créateur qu'on se demande si la seule différence entre Saint­ Simon et un romancier ne réside pas dans le fait qu'il présente ses personnages sous leur nom véritable.

C'est un romancier qui ne« transpose »pas.

Les Mémoires, qui tiennent tout un rayon de bibliothèque, nous offrent l'exemple le plus singulier et le plus convaincant d'une vocation littéraire invincible.

Comme tout artiste, Saint­ Simon avait son hypertrophie, son côté monstrueux.

C'était cette faculté prodigieuse de compréhen­ sion des êtres.

Une sagacité comparable, un coup d'œil aussi aigu ne se trouvent que chez les plus grands psychologues : Stendhal, Balzac, Proust.

On s'étonne parfois que Stendhal ne se soit pas. »

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