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SAINT-ÉVREMOND

Publié le 15/05/2020

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« SAINT-ÉVREMOND Charles de Marguetel de Saint-Denis, seigneur de Saint-Évremond, entra par gout dans la carrière militaire.

Il se distingua au siège d'Arras, puis à Rocroy et a Nördlingen; il se signala pendant la Fronde, et se fit surtout apprécier dans les salons par ses qualités de bel esprit, enjoué et plein de verve.

Une Lettre a Monsieur le marquis de Créqui sur le traité des Pyrénées , où il attaquait Mazarin avec une impitoyable raillerie, provoqua sa disgrâce (1661); il partit pour l'Angleterre et, sauf un bref séjour en Hollande, il y resta jusqu'à sa mort; il mena une vie large et brillante à la cour de Londres et fréquenta assidûment le salon d'Hortense Mancini, duchesse de Mazarin.

Il présida à toutes les discussions littéraires et servit de traitd'union entre l'Angleterre et la France Ce mondain, voluptueux et sceptique, a écrit pour son plaisir, dans une langue alerte, un certain nombre d'esquisses ou de petits traités, qui effleurent au gré de sa fantaisie tous les sujets : histoire, morale, littérature. L'HISTORIEN Saint-Évremond se révèle comme un précurseur en matière historique. En dépit d une érudition et d'une méthode peu sûres, ses Réflexions sur les divers génies du peuple romain (1663) sont une ébauche déjà magistrale.

Soixante-dix ans avant les Considérations de Montesquieu, à une époque où l'histoire romaine n'est qu'un prétexte aux développements oratoires, Saint-Évremond analyse les causes des révolutions de Rome, explique son destin par le jeu des passions et des intérêts.

Il libéré ainsi l'histoire de la routine et des opinions toutesfaites. LE MORALISTE Son indépendance dépensée s'exprime surtout en morale et en littérature.

En morale, Saint- Evremond est un disciple fervent du « bon Épicure ».

Le souverain bien consiste pour lui à s'abandonner doucement à la « bonne loi naturelle ».

Sa malice irréligieuse réduit la foi, dans laConversation du maréchal d'Hocquincourt avec le père Canayé, à une croyance sans fondements raisonnables.

Pourtant le libertinage de Saint-Evremond reste encore modéré : lamorale peut très bien se concilier avec le plaisir, mais celui-ci doit être cultivé avec délicatesse et discernement. L'HOMME DE LETTRES En littérature, Saint-Évremond a des vues personnelles et d'un accent déjà moderne. Ses jugements épars dans de courtes dissertations (Dissertation sur l'Alexandre de Racine, 1666; Notes sur la tragédie ancienne et moderne, 1672; Sur les poèmes des Anciens, 1685) révèlent un critique intelligent et libéral.

Il est un des rares écrivains du XVII e siècle à avoir compris que la querelle des Anciens et des Modernes soulevait la question capitale de l'émancipation de la littérature : « Il nous faut comme un nouvel an pour entrer dans le goût et dans le génie du siècle où nous sommes.

» Le mérite essentiel de Saint-Évremond est d'avoir eu l'intuition de la relativité; il pense en particulier qu'il convient d'étudier les écrivains non pas d'une manière abstraite, mais dans leurs rapports avec le milieu social.. »

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