Rwanda (2004-2005): Une junte moins monolithique
Publié le 23/09/2020
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Rwanda (2004-2005): Une junte moins monolithique
Le régime du général-major Paul Kagamé, véritable maître du pays depuis la fin
de la guerre civile et du génocide en 1994, a continué à s’attaquer aux
dernières franges de liberté encore présentes dans le pays.
En septembre 2004,
son gouvernement approuvait les conclusions d’une commission d’enquête
parlementaire accusant sans preuve des centaines de personnes et stigmatisant
pêle-mêle des organisations de la société civile, des confessions religieuses,
des écoles et des ONG (organisations non gouvernementales) internationales pour
leur soutien supposé à une « idéologie génocidaire ».
En février 2005, P.
Kagamé était ouvertement défié par un rival issu du sérail,
le général-major Kayumba Nyamwasa, ce dernier excluant de rejoindre le poste
d’ambassadeur en Inde auquel il avait été affecté en novembre 2004.
L’opposition
de cette forte personnalité, ancien chef d’État-Major de l’armée, maintes fois
l’objet de tentatives d’écartement, confirmait le caractère de moins en moins
monolithique de la junte.
En mai 2005, K.
Nyamwasa quittait cependant Kigali
pour New Delhi, alors que le colonel Patrick Karégéya, longtemps responsable des
services de renseignements extérieurs, était arrêté.
Sur le plan judiciaire, le début des sessions de jugements des tribunaux gacaca
(tribunaux communautaires villageois) a eu lieu le 10 mars 2005.
La fuite
consécutive de milliers de Hutu dans les pays voisins augurait mal de la
réussite de cette justice populaire, déjà perçue comme partiale en raison du
refus décrété par le pouvoir de prendre en considération les crimes contre
l'humanité qu'il a lui-même commis lors de la guerre civile et ultérieurement.
Au niveau régional, le Rwanda a continué à jouer un rôle déstabilisateur au
Congo (-Kinshasa).
Quelques jours après la signature, le 20 novembre 2004 à
Dar-es-Salaam, d’une déclaration régionale pour la paix et la sécurité dans les
Grands Lacs, l’armée rwandaise et ses alliés rebelles congolais lançaient des
attaques au Nord-Kivu, démontrant ainsi la volonté de Kigali de ne pas renoncer
à sa domination sur cette province de l’est du Congo, dernier bastion
incontestable d’une influence rwandaise dans ce pays.
La fermeté de la réaction
internationale a forcé le Rwanda à modérer ses prétentions.
L’expulsion
réciproque de diplomates entre Kampala et Kigali, le 24 novembre 2004,
témoignait par ailleurs des mauvaises relations entretenues avec l’Ouganda.
Le 31 mars 2005, l’annonce faite à Rome par les Forces démocratiques de
libération du Rwanda (FDLR) de leur engagement à cesser la lutte armée depuis le
Congo pour la transformer en combat politique a été accueillie favorablement par
les chancelleries occidentales.
Mais cette démarche n’a pas mené à une ouverture
de l’espace politique rwandais..
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