Rwanda (2003-2004): Plébiscite du pouvoir en place
Publié le 23/09/2020
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Rwanda (2003-2004): Plébiscite du pouvoir en place
Après l’adoption par référendum d’une nouvelle Constitution le 26 mai 2003,
l’élection présidentielle du 25 août 2003 a vu la consécration par le suffrage
universel (plus de 95 % de voix) du chef de l’État sortant, le général-major
Paul Kagamé, l’homme qui a «mis fin au génocide» des Rwandais tutsi de 1994.
Lors des élections législatives du 30 septembre suivant, trois quarts des
suffrages sont allés aux candidats du Front patriotique rwandais (FPR), le parti
du président Kagamé, le reste des voix se répartissant entre deux autres partis
alliés du FPR.
La suspension du Mouvement démocratique républicain (le plus ancien et important
parti du pays), l’encadrement constant des populations, la condamnation, le 7
juin 2004, à quinze ans de prison de l’ex-président Pasteur Bizimungu faisant
suite à deux ans d’emprisonnement, déjà, pour avoir tenté de créer une formation
politique, confirmaient l’instauration d’un système de parti unique de facto.
Le
processus de concentration du pouvoir s’est prolongé en mai 2004 avec le
renouvellement impromptu de plusieurs dizaines de maires de communes, la
restriction des possibilités de déplacements entre districts, la neutralisation
des derniers militants indépendants du mouvement des droits de l’homme ; il
s’est également traduit par la fuite à l’étranger d’opposants, de militaires, de
journalistes...
La commémoration, en avril 2004, du dixième anniversaire du génocide a donné
lieu à d’imposantes cérémonies.
Elles ont néanmoins été troublées par la relance
de vives accusations envers la France après la publication d’informations
mettant en cause la responsabilité du FPR dans l’organisation de l’attentat du 6
avril 1994 qui coûta la vie aux présidents rwandais et burundais et marqua le
début du génocide.
Les enjeux judiciaires étaient importants notamment vis-à-vis
du Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR), dont la procureure Carla
del Ponte n’a pas été reconduite.
Son successeur, Hassan Aboubacar Jallow, qui a
hérité du délicat dossier des poursuites pour crimes de guerre et crimes contre
l’humanité commis en 1994 par l’ex-rébellion de l’Armée patriotique rwandaise,
alors en guerre contre le gouvernement en place.
Poursuites considérées comme
inacceptables par son chef d’alors, l’actuel président Kagamé.
À l’échelle
nationale, quelque 70 000 prisonniers attendaient encore d’être jugés pour des
faits de génocide et la «justice participative» des «tribunaux populaires»
(gacaca) n’était toujours pas opérationnelle.
Sur le plan économique, le Rwanda a bénéficié d’importantes contributions
financières étrangères, notamment de la part du Royaume-Uni, des Pays-Bas et de
la Belgique, qui financent l’essentiel de son budget.
Mais si l’économie a
renoué avec la croissance, les inégalités se creusent au détriment de l’immense
majorité des huit millions de Rwandais, qui vit dans les zones rurales.
Au niveau régional, le Rwanda maintenait son attitude de puissance
interventionniste.
L’envoi d’une force internationale sous mandat du Conseil de
sécurité de l’ONU, en juin-juillet 2003, avait permis de desserrer l’étau des
milices prorwandaises en Ituri, dans le nord-est du Congo (-Kinshasa), et de
préparer le déploiement de 10 000 militaires de la Monuc (Mission des Nations
unies en République démocratique du Congo), mais le Rwanda et ses alliés.
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